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Silences meurtriers - Survivre - Tous coupables ? - Marc-André Charguéraud
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


Combat - Résistance (France)
-

L'un des premiers mouvements de résistance en Zone Sud. Fondé par Henri Frenay. Le mouvement "Combat" est issu de la fusion du MLM (Mouvement de Libération Nationale)d'Henry Frenay et Bertie Albrecht avec le Mouvement des Démocrates Chrétiens "Libertés".


Nuit de Cristal - Allemagne nazie
-

Dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, le point culminant d'une première vague de persécutions des Juifs fut atteint avec le grand pogrom organisé sur tout le territoire du Reich allemand, au lendemain de la tentative d'assassinat de l'ambassadeur allemand à Paris par un jeune juif souhaitant attirer l'attention sur le sort des réfugiés.
"Cristal"? Par référence aux milliers de vitres brisées des établissements tenus par les Juifs.

-

La "Nuit de Cristal" est organisée par les autorités allemandes (Goebbels, Heydrich); 7.500 magasins sont pillés et saccagés; 267 synagogues sont saccagées et incendiées; il y a quelques viols; on estime le nombre des meurtres à un peu plus de 90; il y a 30.000 arrestations et internements (à Dachau, Buchenwald, Sachsenhausen).Les sommes versés par les compagnies d'assurance pour réparer les dommages causés sont confisquées ( 5 millions de mark rien que pour les vitres et vitrines...); la communauté est taxées d'une amende collective d'un milliard de mark.
La "Nuit de Cristal" est bel et bien un pogrom et un pogrom d'état.

-

Je suis d'autant plus d'accord avec cette formulation que, dans mon souvenir, on dit aussi "Staatspogrom", c'est-à-dire précisément "pogrom d'état", pour désigner ce qui est appelé par ailleurs la "Kristallnacht" ou "Reichskristallnacht".
En tout cas, le terme "Novemberpogrom" est couramment employé dans les milieux juifs (et pas uniquement eux).


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")

Dans ce texte :

«Chrétiens allemands», une catastrophe protestante. 1933-1944 de Francis Deleu le jeudi 07 avril 2011 à 18h25

L’article que Marc André Charguéraud nous propose ce mois-ci est extrait d’un livre dont le premier tome paraîtra au premier semestre 2012 sous le titre : La Shoah revisitée - 50 idées reçues et événements méconnus.

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«Chrétiens allemands», une catastrophe protestante. 1933-1944.

Un militantisme méconnu de l’antisémitisme protestant.
On aurait dû les appeler « chrétiens nazis ». Les deux termes semblent antinomiques. C’est pourquoi, en 1933, Karl Barth, le célèbre théologien suisse, disqualifie sans appel ces protestants : « A côté des écritures sacrées qui sont la seule révélation de Dieu, ils réclament une seconde révélation, celle du peuple allemand et de sa politique actuelle. Nous devons donc admettre qu’ils croient à « un autre Dieu ».[1]

Barth a raison, les professions de foi des « Chrétiens allemands » dépassent l’entendement. Ce sont des renégats dans toute la force du terme. Dans un guide publié en 1932, ils proclament que « la distinction entre les peuples et les races (...) est un ordre voulu par le Dieu du monde ». De ce fait, « le mariage entre les Allemands et les Juifs doit être interdit ».[2] En 1933, leurs déclarations les égarent. Ils appellent les protestants à « participer à la grande heure qui vient de sonner (celle des nazis) et y reconnaître une mission de Dieu confiée à son Eglise ».[3]

A leurs yeux, « l’Eglise doit s’intégrer dans le Troisième Reich, être mise au rythme de la révolution nationale, être façonnée par les idées du nazisme ».[4] L’hérésie patente bascule dans le ridicule et l’absurde lorsque les « Chrétiens allemands » en appellent à Hitler pour interpréter les Ecritures et proclament que Dieu a marqué l’Allemagne de son sceau.[5] Une attitude d’autant plus scandaleuse que les « Chrétiens allemands » ont adopté ces concepts païens nazis de leur propre initiative, sans avoir fait l’objet de pressions.

Après tant de blasphèmes et de ruptures théologiques, comment est-il concevable qu’en juillet 1933, lors de l’élection des dirigeants protestants, deux tiers des votes des paroissiens se soient portés sur des représentants des « Chrétiens allemands ? »[6] Ces fidèles sont, sous la conduite de leurs pasteurs, descendus aux enfers. Ils sont marqués au fer, même si au sein de cette nébuleuse se croisent des participants plus ou moins radicaux.

Parmi les meneurs les plus engagés se trouvent les initiateurs, deux pasteurs de Thuringe, Siegfried Leffler et Julius Leutheuser. Parmi les modérés on compte Wilhelm Niemöller, un sympathisant qui déclare à ses paroissiens : « En ce qui concerne ma position envers les Chrétiens allemands, j’en suis un membre et je le resterai ». Mais à la fin de l’été 1933, Wilhelm Niemöller coupe les ponts et rejoint son frère Martin à l’Eglise confessante qui, sous l’impulsion de ce dernier, s’élève avec succès contre cette théologie dévoyée.[7]

Un feu de paille ?[8] Un scandale éclate lors du rassemblement des « Chrétiens allemands » au Palais des sports de Berlin le 13 novembre 1933. Un orateur, le Dr. Krause, n’hésite pas à demander en termes vifs que le protestantisme allemand déjudaïse l’Eglise ainsi que la Bible. Cela revient à abandonner l’Ancien Testament et à expurger le Nouveau de ses composantes juives.[9] Les démissions se multiplient. Malgré ces importants revers, à la fin des années trente les « Chrétiens allemands » comptent encore 600 000 fidèles.[10] Plus grave, ils conservent une position dominante au sein des Facultés de théologie. En 1937, 12 recteurs sur 15 sont affiliés aux «Chrétiens allemands», 14 sont professeurs sur 73 et 51 professeurs associés sur 102.[11]

La situation est d’autant plus critique que les « Chrétiens allemands » n’ont rien abandonné des principes païens nazis. Les déclarations aberrantes et inconditionnelles de leurs plus hautes autorités continuent. Un article paraît le 15 novembre 1936 dans Kommende Kirche, une publication dont le responsable est Heinz Weidemann, l’évêque de Brême. « Dieu a envoyé Hitler au secours du peuple allemand (...) Adolf Hitler est le porte-parole de Dieu. Aider Hitler dans sa tâche, c’est servir Dieu, saboter son travail, c’est servir le diable ».[12]

En avril 1938, Leffler affirme dans une allocution au Palais des Sports de Berlin : « Etre chrétien ne signifie pour nous rien de plus que de posséder la force de soutenir le programme national-socialiste ».[13] De son côté, fin novembre 1938, l’évêque de Thuringe Martin Sass écrit après la Nuit de cristal que « l’incendie des synagogues est le moment du couronnement du combat divinement béni du Führer pour l’émancipation définitive du peuple allemand ».[14]

Six mois plus tard, le 4 avril 1939, les « Chrétiens allemands » fondent l’Institut pour la Recherche et l’Elimination de l’Influence Juive dans la Vie des Eglises Allemandes. Un intitulé en forme de programme que l’Institut résume de la manière suivante : « L’influence corruptrice juive a aussi été active dans le christianisme au cours de l’histoire. Le devoir obligatoire et sans échappatoires de l’Eglise et du Christianisme est de se débarrasser du Judaïsme. C’est une obligation pour le futur de la chrétienté ».[15]

Jusqu’à la fin les « Chrétiens allemands » se déchaînent. Dans une lettre d’information datée du 29 avril 1944, ils insistent : « Il n’y a pas d’autre solution au problème juif que la suivante : (...) la bataille (...) jusqu’à ce que le monde soit totalement entre mains juives ou complètement purgé du judaïsme (...) nous pouvons fièrement proclamer devant le monde entier, le monde d’aujourd’hui et de demain, que nous avons saisi l’opportunité avec la ferme intention de résoudre la question juive une fois pour toutes ».[16]

Le monde nazi s’écroule, mais la détermination, l’aveuglement devrait-on dire, des « Chrétiens allemands » reste intact. Cette page atroce du protestantisme allemand est trop souvent ignorée du grand public. On dénonce le vote massif des protestants qui a permis l’accession au pouvoir de Hitler mais on ne parle pas assez de leur soutien à l’élimination des Juifs et l’on évoque rarement le déviationnisme théologique insensé et la haine viscérale du judaïsme qui ont définitivement disqualifié de trop nombreux pasteurs et dirigeants de l’Eglise protestante allemande.

[1] BERGEN Doris, Twisted Cross : The German Christian Movement in the Third Reich, Chapel Hill N.C. 1996, p. 20. Peuple allemand dans le sens du Volkstum germanique.
[2] IBID. p. 23.

[3] REYMOND Bernard, Une Eglise à croix gammée : Protestantisme allemand au début du régime nazi, 1932- 1935, L’Age d'Homme, Lausanne 1980, p. 117.

[4] CONWAY J. S. La persécution nazie des Eglises 1933-1945, Editions France Empire, Paris 1969, p. 95.

[5] LITTELL Franklin H. The German Church Struggle and the Holocaust, Wayne University Press, Detroit 1974, p. 137.

[6] BERGEN, op. cit. p. 5.
[7] IBID. p. 13.

[8] REYMOND, op. cit. p. 122. HOCKENOS Mattew, A Church Divided. Protestants Confronts the Nazi Past, Indiana University Press 2005, p. 4. 41 millions d’Allemands étaient enregistrés comme protestants.
[9] IBID. p. 121.

[10] HOCKENOS, op. cit. p. 6.

[11] BERGEN, op. cit. p. 177.

[12] GUTTERIDGE Richard, Open thy Mouth for the Dumb : The German Evangelical Church and the Jews 1879-1950, New-York, Harper Row, 1976, p. 164.
[13] IBID. p. 191.
[14] IBID. p. 190.
[15] BERGEN, op. cit. p. 142.
[16] IBID. p. 26.


Copyright Marc-André Charguéraud. Genève. 2010

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