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Vichy dans la Solution finale - Laurent Joly
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


Brinon (Fernand de) - France
-

(1885-1947) Fernand de Brinon était désigné, le 3 novembre 1940, comme chargé de mission à Paris avec rang d'ambassadeur et recevait, le 18 décembre, le titre de délégué général du gouvernement français pour les territoires occupés. Avant guerre, il avait été rédacteur aux "Débats" jusqu'en 1930, puis directeur du quotidien financier "L'Information" jusqu'à sa démission en novembre 1938. Premier journaliste français à interviewer le chancelier Hitler ("Le Matin" du 22 novembre 1933), il a été membre du comité directeur de France-Allemagne fondé en 1935 par Otto Abetz. Membre du comité d'honneur du groupe Collaboration, il fait aussi partie du comité de fondation de la LVF, dont il deviendra le président en 1943. En septembre 1944, à Sigmaringen, Brinon sera président de la Commission gouvernementale formée avec Luchaire, Darnand, Déat et Bridoux. Il sera condamné à mort et exécuté en avril 1947.


caisse - Indochine
-

unité de poids utilisée pour les ventes d'opium brut sur le marché indien le poids moyen d'une caisse s'etablit autour de 60-72 kg, mais certaines sources attribuent à la caisse un poids de 40 kg.


Collaboration - Vichy
-

Mémento des principaux mouvements politiques collaborationnistes sous Vichy.

- PPF : Parti Populaire Français (Jacques Doriot) - organe de presse: "Le Cri du Peuple de Paris"

- MSR : Mouvement Social Révolutionnaire (Eugène Deloncle)

- CSAR : Comité Secret d'Action Révolutionnaire - appelé par dérision "La Cagoule". - organe de presse: "La Vie nationale".

- RNP : Rassemblement National Populaire (Marcel Déat) - organe de presse: "L'Oeuvre".

- La Parti franciste (Marcel Bucard) - organe de presse: "Le Francisme".

- PFNC : Parti Français National Collectiviste (Pierre Clementi) - organe de presse: "Le Pays Libre".

- La Ligue française (Pierre Constantini) - organe de presse: "L'Appel".

- Le Front franc (Jean Boissel) - organe de presse: "Le Réveil du Peuple".

- Le Feu (Maurice Delaunnay) - organe de presse: "La Tempête".

- Le Groupe Collaboration (Alphonse de Châteaubriant) - organe de presse: "La Gerbe".


Doriot (Jacques) - Vichy
-

(1898-1945). Député communiste en 1922, Secrétaire général de la Fédération françaises des Jeunesses Communistes en 1923, maire de St-Denis en 1930, Jacques Doriot est exclu du Parti Communiste en 1934 pour avoir pratiqué une politique unitaire avec les socialistes.
En 1936, il fonde le PPF (Parti Populaire Français) d'inspiration nationaliste, fasciste et anticommuniste. Pendant la guerre, Doriot et son parti préconise une politique de collaboration avec l'Allemagne. En septembre 1941, il s'engage dans la LVF (Légion des Volontaires Français) et combat sur le front de l'Est sous l'uniforme allemand. Le 22 février 1945, il est tué dans sa voiture, mitraillée sur une route allemande par un avion.


Ordre Nouveau - Belgique
-

Dans les années 35-45, particulièrement en Belgique, tendances politiques qui s'opposent au régime parlementaire et qui marquent ses sympathies pour les régimes fascistes sinon autoriraires. Synonyme en France de "Révolution nationale" sous Vichy.


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


Troupes d'occupation - TO - Divers

Zone - Résistance (France)
-

En zone Nord occupée, les régions étaient désignées par les lettres:
P : région de Paris.
A : région d'Amiens.
B : région de Bordeaux.
C : région de Châlons-sur-Marne.
D : région de Dijon.
M : Région de Le Mans.

En zone Sud, les régions étaient désignées par la lettre R suivie de 1 à 6.
(voir "R")


Zone Libre - ZL - France
-

Libre jusqu'en 1942 et l'invasion et l'occupation par les troupes allemandes de tout le territoire français. Elle devient alors Zone Sud (ZS).


Zone Sud - ZS - France
-

Désigne la Zone Libre (ZL) ou Zone Non Occupée (ZNO) avant l'invasion et l'occupation par les troupes allemandes, en 1942, du Sud de la France.


BBC - British Broadcasting Corporation - Grande-Bretagne
-

Radio Londres


SS - Schutzstaffel - Allemagne nazie
-

"Echelon de protection" ou "Section de protection".
Créée en 1923, la SS est d'abord la garde prétorienne de Hitler. Sous l'impulsion de Heinrich Himmler qui en prend la tête le 6 juin 1929, elle devient la police du Reich. A partir de 1937, la SS est chargée de la gestion du système concentrationnaire.
Himmler portera le titre de "Reichsfürher-SS".

A partir de 1935, la SS se subdivise en différentes branches notamment:
- SS Verfügungstruppe (troupes mises à disposition), organisées militairement et qui deviennent, au début de la guerre, les Waffen SS.
- SS Totenkopf (tête de mort) chargées de la garde des camps de concentration.

Dans ce texte :

et encore : de Laurent Laloup le jeudi 24 décembre 2009 à 09h01

A lire ici ou à télécharger là :


Radio Londres



LES TEXTES DE RADIO LONDRES (1942-1944)
:

Radio Londres BBC, 1942-1944
31 Août 1942
20 heures 30 - 21 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Roger Chevrier


Les Juifs persécutés


Speaker 1 : Actuellement, Messieurs les nazis ne sont point satisfaits ; ils
trouvent que l'aryanisation des affaires juives ne va pas assez vite. Alors ils
font écrira à leurs valets du journal Le Matin un article qui est un petit
modèle de saleté. Jugez vous-mêmes.
Speaker 2 : " Nombre d'immeubles ayant appartenu à des juifs sont à vendre. Et,
pourtant, le public français témoigne d'une certaine réserve. Il semble qu'il
craigne d'être un jour dépossédé. Comme s'il n'y avait pas, pour le rassurer,
dans l'histoire de France, au moins un précédent : les biens nationaux n'ont
jamais été restitués, que nous sachions, à leurs détenteurs initiaux, même pas
au retour de la monarchie.
" La vérité est que le grand public ignore tout de la loi du 21 juillet 1941,
qui régit la vente d'immeubles juifs. Cette loi est en vigueur dans les deux
zones, non-occupée et occupée. "
Si le public français témoigne d'une cerne réserve, c'est qu'il répugne à se
prêter à cette opération de vol organisé. Et toute l'attitude actuelle des
Français de zone occupée le prouve. Tantôt nous apprenons par les journaux qu'un
abbé de la banlieue a délivré des actes de baptême à des israélites pour les
soustraire aux persécutions nazies, tantôt qu'un inspecteur de police a été
arrêté pour avoir aidé plusieurs dizaines de juifs à passer la zone de
démarcation, tantôt que les étudiants à Paris, pour manifester leur solidarité à
leurs camarades israélites portent des croix bleu ciel sur la poitrine avec le
mot chrétien.
Speaker 1 : De Lourdes
Speaker 2 : Un des dimanches du mois d'août, devant 30 000 personnes, un
prédicateur a terminé son sermon par ces mots : "Priez pour la France, priez
pour nos prisonniers, priez pour nos frères juifs qui sont les plus malheureux.
"
Speaker 1 : Et cela est d'ailleurs tout à fait normal, surtout au moment où les
nazis se livrent à la plus horrible des persécutions, celle dirigée contre les
enfants.
Speaker 2 : 4 000 enfants israélites en France occupée ont été, de la façon la
plus inhumaine, séparés de leurs mères et parqués dans des camps de
concentration à Pithiviers, à Beaune-la-Rolande, et à Drancy (1). Dans chacun de
ces camps, ordre fut donné, dès l'arrivée de ces petits malheureux, de leur
enlever tout ce qui pouvait établir leur identité et faciliter éventuellement
des recherches à leur sujet. Après un bref séjour dans ces camps, ces milliers
d'enfants furent entassés dans des trains et envoyés en Allemagne.
Speaker 1 : Voilà où nous en sommes. Pendant ce temps-là, Monsieur le Maréchal
Pétain et M. Pierre Laval adressent des télégrammes de félicitations au
commandant des troupes d'occupation pour avoir " nettoyé " le sol français.
(1) En zone non-occupée, l'administration veille au principe de "
non-séparation des familles ". Elle incite les parents dont les enfants
seraient en Suisse à les faire revenir pour qu'ils partent ensemble vers ce
qui est présenté comme " une grande colonie juive " en Europe centrale.

***************


Radio Londres BBC, 1942-1944
9 septembre 1942
12 heures - 12 heures 15
QUART D'HEURE DE MIDI
Jean Marin

Les Français contre les persécutions raciales


La terreur grandissante exercée par les autorités de Vichy, qui décidément se.
plient à toutes les exigences allemandes, et prennent même des initiatives
criminelles pour les devancer, soulève l'indignation et la résistance du peuple
français.
Nous vous avons parlé, il y a quelques jours, de la lettre pastorale de
l'archevêque de Toulouse, et de la protestation faite par l'épiscopat de la zone
occupée contre les persécutions des israélites.
Aujourd'hui, le service de presse de la France Combattante annonce que le
général de Saint Vincent, gouverneur militaire de Lyon, vient d'être relevé de
ses fonctions par Laval. Cette révocation serait due au refus opposé par le
général de Saint Vincent à l'ordre de Laval exigeant qu'il mît ses troupes à la
disposition des autorités pour participer à l'arrestation en masse des
israélites en zone non-occupée.
En outre, on apprend que Laval a ordonné l'arrestation de plusieurs prêtres
catholiques qui, en zone non-occupée, avaient donné asile à des enfants juifs
pour les remettre à l'abri d'odieuses persécutions.
Quant au cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, il a, lui aussi, refusé avec la
dernière énergie de remettre aux mains des autorités des enfants israélites
destinés à l'internement ou à la déportation en Allemagne. Par cette résistance
unanime, le peuple français montre qu'il se refuse de toutes ses forces à
accepter le principe et la pratique de persécutions monstrueuses, contraires à
la tradition et à l'idéal de la France.
Après Mgr Saliège - voir au 31 août 1942 -, d'autres prélats s'alarment des
persécutions. Evêque de Montauban, Mgr Théas a fait entendre une protestation
indignée devant les mesures antisémites, " un mépris de la dignité humaine, une
violation des droits les plus sacrés de la personne et de la famille ". L'équipe
française de la B.B.C. réagit avec force tandis que plus de 1 0 000 juifs de
zone "libre" ont déjà été livrés et, qu'au 3 septembre, 9 000 sont partis vers
les camps de déportés de c l'Est ".
L'inquiétude de Vichy devant les protestations a provoqué, de sa part, une note
d'orientation aux journaux. Elle invite à penser surtout aux prisonniers, "
authentiques fils de France ", et dénonce la " propagande sournoise ",
l'agitation " entretenue dans la coulisse par les adversaires de la Révolution
nationale ".


********************

Radio Londres BBC, 1942-1944
13 octobre 1943
21 heures 30 - 22 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Roger Chevrier


Speaker A : Nous vous avons souvent parlé des persécutions que les Allemands
infligent aux juifs dans toute l'Europe.
Ces persécutions n'ont point cessé. Elles ont même, hélas, augmenté soudain, il
a trois mois, et dans certains camps, comme à Drancy, les conditions sont
devenues plus inhumaines encore, si c'est possible.
Speaker B : Depuis la création du camp de Drancy, le commandement était confié à
un commissaire de police français et l'administration intérieure du camp était
assurée par des inspecteurs de police français, la surveillance étant confiée à
des gendarmes.
Speaker A : Or, au début du mois de juin, un Allemand, officier de S.S., le
Hauptsturmführer Brunner, a commencé à s'intéresser aux juifs et plus
particulièrement au camp de Drancy.
Lors de ses visites, Brunner a divisé les internés en diverses catégories, en
vue d'organiser systématiquement la déportation.
Speaker B : Ce premier triage des internés a eu pour conséquence, le 23 juin 1
943, le départ de 1 002 d'entre eux vers l'Est européen. Puis les événements se
précipitent.
En effet, le vendredi 2 juillet, Brunner prend effectivement et officiellement
possession du camp de Drancy. Son premier acte est d'éliminer le commissaire et
les inspecteurs de police, ainsi que les fonctionnaires de la Préfecture de la
Seine. Il ne conserve que les gendarmes pour la surveillance extérieure du camp.
Puis il organise méthodiquement la chasse aux juifs non encore internés et leur
déportation en Pologne et en Ukraine.
Speaker A : Dès le 5 juillet, Brunner se rend à l'hôpital Rothschild ; il
renvoie immédiatement les inspecteurs et les agents de la Préfecture de police
qui y assuraient la surveillance des malades détachés des camps et considérés
comme internés. Les médecins de l'hôpital Rothschild, dont plusieurs ne sont pas
juifs, ainsi que le directeur de l'hôpital, sont considérés comme otages et
doivent s'attendre à des représailles si un malade interné parvient à s'évader.
Brunner ordonne que tous les internés étrangers de l'hôpital Rothschild soient
amenés le jour même à Drancy, ainsi que 70 % des malades français, quel que soit
leur état. On transfère le jour même à Drancy ces malades, parmi lesquels de
grands tuberculeux, des cancéreux, des paralysés, de récents opérés dont les
plaies ne sont pas encore fermées, ainsi que des accouchées avec leurs bébés ;
puis Brunner charge des médecins de procéder à une enquête sur tous les malades
juifs en traitement dans les divers hôpitaux parisiens de l'Assistance publique.
Les mêmes médecins sont chargés de faire une enquête dans les asiles et doivent
faire un rapport sur chaque aliéné juif en indiquant, le cas échéant, si c'est
un violent et combien d'hommes sont nécessaires pour le maintenir et l'emmener
au camp.
Speaker B : En même temps, Brunner interdit l'évacuation des malades de Drancy
pour quelque motif que ce soit ; les opérations chirurgicales doivent avoir lieu
à Drancy, ainsi que les accouchements. Les maladies contagieuses, quelles
qu'elles soient, y sont soignées.
Etant donné que l'infirmerie de Drancy, installée dans des conditions très
sommaires, ne permet pas d'isolement sérieux, on est en droit de craindre des
épidémies, surtout que le nouveau régime met les internés en état de moindre
résistance en raison de la sous-alimentation.
Speaker A : Le 9 juillet, 300 internés, époux de femmes non juives, qui étaient
considérés comme non déportables, et dont un grand nombre étaient en instance de
libération, sont déportés vers l'ouest, dans la région de Bordeaux, pour y
travailler dans l'organisation Todt.
Speaker B : Le samedi 10 juillet, Brunner et son adjoint Bruckner se rendent au
camp d'internement de Beaune-la-Rolande. A la suite de cette visite, Brunner
ordonne le transfert à Drancy de tous les internés de Beaune, y compris ceux qui
se trouvent à l'infirmerie ou i l'hôpital. Ces internés arrivent à Drancy le 12
juillet.
Speaker A : Le 14 juillet, Brunner fait procéder à une enquête sur les
vieillards provisoirement détachés du camp de Drancy et hébergés à l'hospice
Rothschild où ils sont considérés comme internés. Il demande également une liste
nominative de tous les vieillards et enfants hébergés dans les différents
établissements de l'organisation officielle juive, et de tous les malades,
internés ou non, qui se trouvent encore à l'hôpital Rothschild.
Speaker B : Durant ce temps, Brunner met au point l'organisation définitive du
camp et répartit les internés en 7 catégories :
1) Déportables vers l'est - la grande masse des internés.
Déportables vers l'ouest dans l'organisation Todt - cette catégorie comprend
les époux de femmes non juives.
Employés du camp - médecins, infirmières, cuisiniers.
4) Internés en instance de libération (non juifs internés par erreur).
5) Familles des prisonniers.
6) Internés attendant leur famille.
7) Juifs considérés comme non déportables en raison de leurs nationalités
(Américains, Anglais, neutres, Italiens, Hongrois, Bulgares, Roumains).
Speaker A : Brunner organise aussi un service spécial de police chargé d'aller a
domicile inviter les familles d'internés à rejoindre les leurs au camp sous la
menace de représailles.
Les services de police exercent un véritable chantage pour amener les familles à
se présenter volontairement au camp ; on les menace notamment de fusiller
l'interné si elles ne se présentent pas dans un délai très bref.
Ces menaces de représailles ont eu pour conséquence de nombreux internements "
volontaires " (environ 150 en une seule semaine).
Speaker B : Dès que toute la famille de l'interné est rassemblée à Drancy,
l'interné qui était dans la catégorie n° 6 internés attendant leurs familles -
est versé ainsi que tous ses parents dans la catégorie n° 1, c'est-à-dire des
déportables vers l'est.
Speaker A : Il semble donc, dans ces conditions, que le S.S. Hauptsturmführer
Brunner voudrait mettre la main sur tous les services antisémites allemands en
France pour organiser en grand la déportation. En même temps, la réorganisation
porte aussi sur le régime intérieur du camp de Drancy. Il semble qu'il veuille y
introduire le régime de Dachau.
Dès son arrivée au camp, Brunner interdit immédiatement la correspondance et
supprime les colis individuels que les détenus avaient le droit de recevoir une
fois par semaine. En ce qui concerne la correspondance, les nouveaux internés
ont cependant l'obligation d'écrire à leur famille une lettre dès leur arrivée ;
cette lettre a pour unique but d'informer l'autorité allemande de l'adresse de
la famille de l'interné et d'aider les services de police allemands.
Speaker B : Une des premières mesures prises par Brunner a été d'installer dans
les sous-sol du camp une prison où les internés, qui font l'objet de sanctions
pour les motifs les plus futiles, sont mis au pain et à l'eau. Les conditions
d'hygiène de cette prison obscure et humide sont telles qu'un interné robuste ne
pourrait y résister plus d'un mois.
Il est interdit aux détenus d'approcher des S.S. ; chaque fois qu'un interné,
homme ou femme, croise un S.S. il doit se ranger et se mettre au garde-à-vous.
Les S.S. frappent constamment les détenus, giflent les femmes. Un détenu frappé
à coups de brique, dut être hospitalisé, un morceau de brique ayant pénétré dans
le cuir chevelu. D'ailleurs, c'est Brunner qui donne l'exemple. Le matin, dès sa
sortie, il se rend accompagné de ses adjoints à la prison du camp pour y
cravacher les prisonniers.
Speaker A : Tel est le régime que le S.S. Brunner a introduit dans le régime
déjà si rude de Drancy. Et cet enfer n'est que l'antichambre d'un autre enfer,
celui de la déportation dans l'Est européen.
Français, secourez vos compatriotes israélites en danger d'être déportés.
Aidez-les dans leur fuite. Et. surtout, recevez chez vous, hébergez les enfants
que l'Allemand veut arracher à leurs parents.

*******************************

Radio Londres BBC, 1942-1944
21 heures 30 - 22 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Jean Marin
Jean-Louis Crémieux-Brilhac


" Réveillez-vous, la mort est déjà à cheval. On entend son galop dans l'écho
du journal (...). Réveillez-vous, c'est moi fantôme des radios. Je vous prête
ma voix qui frappe dans le dos . "
Jean cayrol

Dans une note officielle, le gouvernement polonais a fait connaître que 700 000
juifs ont été massacrés en Pologne depuis le début de l'occupation allemande.
Ainsi, 700 000 hommes, femmes et enfants ont été mis à mort, par des hommes qui
avaient froidement décidé ces exécutions massives. Pourquoi ? Ces 700 000 êtres
humains ont été abattus peur une seule raison, c'est qu'ils étaient juifs.
On se trouve donc amené à considérer ces assassinats collectifs comme la
solution adoptée par le Reich pour résoudre le problème de l'antisémitisme.

La note polonaise raconte comment se t pratiquement les massacres des
populations condamnées, les détails sont terribles, n'en citons qu'un :
Les Allemands utilisent des chambres à gaz qu'on appelle même en Allemagne les
chambres de Hitler, montées sur roues. Les condamnés d'un village, d'une ville
sont séparés par groupes de 80 à 90 et chaque groupe, à son tour. est enfourné
dans la chambre roulante. Songez que des fonctionnaires nazis organisent le
détail de cette tuerie, préparent les horaires de la sinistre voiture, veillent
tranquillement au fonctionnement de leur odieux service d'ordre et, le soir
venu, leur besogne faite, rédigent un rapport et vont se coucher.
Voilà une image de l' Ordre Nouveau qu'on voudrait imposer à l'Europe.
Jamais, dira-t-on, de telles atrocités n'ont été commises en France. C'est vrai,
mais jamais non plus elles n'avaient été commises en Allemagne. aux pires heures
des persécutions antijuives. A cette époque, juste après l'arrivée de Hitler au
pouvoir, le Reich en était au stade de la déportation et des sévices.
Voilà aujourd'hui, la France en est au même point, et nous voyons qu'en zone
occupée le Parti Populaire Français de Doriot imite le national-socialisme de la
première heure et enjoint aux patrons d'hôtels ou de cafés d'interdire l'accès
de leurs établissements aux juifs, porteurs ou non de l'étoile jaune. N'oubliez
pas que c'est peu à peu qu'on essaie d'habituer un peuple à considérer une
partie de la population comme sacrifiée d'avance, les étapes sont ensuite vite
franchies. Et un homme, dans le gouvernement de Vichy, se trouve, de par ses
fonctions, collaborer avec les instigateurs des nouvelles persécutions, c'est
Darquier de Pellepoix, le commissaire aux Affaires juives.
Ce qu'est ce personnage ? Un officier des Forces Françaises Libres évadé
d'Allemagne et qui s'est trouvé en captivité avec lui, vous l'a déjà dit. Il va
vous parler à nouveau ce soir de Darquier de Pellepoix. Ecoutez-le :

Jean-Louis Crémieux-Brilhac :
L'autre jour à Vichy, au bar du Majestic, Darquier de Pellepoix a fait une scène
parce que j'avais osé rappeler quelques souvenirs de notre captivité commune à
l' Oflag II D.
Cet homme n'est ni un grand escroc, ni un grand grand bohème comme l'a dit de
Monzie, ni même un traître romantique, c'est le type du tripoteur vulgaire qui,
traqué par ses créanciers, a trouvé refuge dans la trahison.
Chacune de ses promotions dans la carrière dite des honneurs n'a été pour lui
qu'un moyen de camoufler sa dernière infamie. S'il s'est jeté dans l'a politique
en 1934, c'est parce qu'ayant épousé une grosse dot britannique et l'ayant
dilapidée, il en était réduit à vivre à l'hôtel et à déménager tous les quinze
jours à la cloche de bois. Le 6 février le sauva ; il s'improvisa président des
blessés du 6 février et, à ce titre, fut engagé comme secrétaire général du
Jour.
Pourquoi se présenta-t-il aux élections ? Pour vivre, c'est-à-dire pour
trafiquer. Sa carrière de secrétaire général du Jour avait été en effet
malencontreusement interrompue. Non seulement Darquier avait puisé dans la
caisse, mais encore et surtout il s'était livré dans les salons d'attente du
Jour à des facéties tellement inconvenantes sur les visiteuses qui s'y
trouvaient que M. Bailby, toujours respectueux de la vertu féminine, l'avait mis
à la porte. Topaze était alors à la mode- Darquier crut se sauver en devenant le
conseiller municipal du 17@ arrondissement de Paris. Son succès ne fit qu'
aggraver une situation financière désespérée car, le lendemain du scrutin,
Darquier avait un découvert de 50000 francs dans les cafés des Ternes et
notamment à la brasserie " La Lorraine ". Ce n'était pas les cotisations de 10
francs pour le rassemblement antijuif de France qui pouvaient solder sa dette,
ni les 25 francs que coûtait l'abonnement à La France Enchaînée (8, rue Laugier,
17'). Darquier était depuis un certain temps en relations avec le Service
Mondial, organe secret de propagande allemande, dirigé d'Erfurt par le colonel
Fleischauer. Par le détour de la politique, et de l'ivrognerie, il devint
l'agent à gage de l'ennemi.
Naturellement, il s'en est toujours défendu : " Moi, toucher de l'Allemagne,
jamais, de Brinon, oui, mais pas moi. "
Dans le n° 14 de La France Enchaînée, datée d'octobre 1938, il écrivait
:
" Il est déjà bien connu que, par le truchement d'organisations comme le
comité France-Allemagne (vice-président, M. de Brinon marié avec une
juive), ce sont les judaïsants, les maçonnisants, les démocratisants, en
un mot les pourris qui sont " personae gratae " auprès des Grands
Allemands et en particulier de son Excellence Herr Ribbentrop. "
Oui, vous avez bien entendu, l'agent de l'Allemagne au dire de Darquier, c'était
Brinon. Seulement, ce que Darquier Se gardait bien d'avouer, c'est qu'à l'heure
où Brinon touchait ses mensualités sur le fond de propagande de Carlsruhe,
l'organisation de Darquier était aidée par le fond de propagande d'Erfurt. S'il
faut, pour le confondre, lui apporter des précisions supplémentaires, je dirai
que le colonel Fleischauer payait au moyen de chèques postaux internationaux
adressés au compte courant dont voici les numéros : Paris. 2242 - 63, et 2242 -
64. Je répète lés numéros des comptes courants de Darquier : 2242 - 63 et 64. M.
Darquier de Pellepoix, buvez encore un cognac à la victoire allemande et
dites-vous que vos anciens camarades de captivité sont satisfaits de vous. Oui,
ils sont heureux pour la France que les Allemands en soient réduits à confier
leurs basses œuvres à des aventuriers et des traîtres de votre acabit.



Radio Londres BBC, 1942-1944
8 Juillet 1943
21 heures 30 - 22 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Paul Bouchon

Un témoignage sur le massacre des juifs.


Pour la presse de collaboration, l'existence des camps de concentration est une
invention de la dissidence. L'opinion sait mal ce qui s'y passe. Mais, dès
décembre 1942, les renseignements ont été suffisamment concordants pour motiver
une déclaration solennelle des Alliés. En Pologne, des fourgons à gaz
fonctionnaient déjà et quatre grands centres d'extermination étaient en cours
d'installation à Belzec, Sobibor, Treblinka et Maidenek. Dans les trois premiers
camps, il n'y avait même pas de commandos de travail, sauf ceux chargés de
dépouiller les cadavres. Un cinquième camp, Auschwitz, va pouvoir anéantir 12
000 victimes par jour quand le gaz " cyclone B " y remplacera les chambres à
oxyde de carbone. Cette liquidation - qui fera 6 millions de victimes - est
secrète, mais ne se fait pas sans révoltes : à Varsovie, le ghetto a résisté de
janvier à mai ; à Sobibor, en octobre, 300 détenus parviendront à fuir après
avoir tué leurs gardes S.S. ; mais, à Lvow, en juillet, il ne reste
officiellement plus un seul juif.



Bouchon : Tout à l'heure, Jacques Duchesne va vous lire un terrible document, un
document qui révèle des faits d'une telle horreur que l'on voudrait pouvoir
douter de leur authenticité. Hélas, c'est impossible. L'homme qui a écrit ce
document est un Polonais, un Polonais qui était en liaison permanente avec tous
les groupes de Résistance de son pays et qui a assisté, dans des circonstances
qui vous seront exposées, au massacre systématique de milliers de juifs
polonais.
Si nous croyons devoir vous faire connaître ces atrocités sans exemple, ce n'est
pas seulement parce qu'elles constituent l'un des plus terribles chefs
d'accusation qui puissent, après la guerre, être portés contre ceux qui les ont
organisées ou accomplies. Mais c'est aussi parce que nous espérons que leur
publicité rendra plus conscients encore de leur responsabilité les
fonctionnaires chargés du recensement des juifs en France et ailleurs. On leur
demande, en somme, de participer à un crime, il faut qu'ils sachent quel est
exactement ce crime.
L'homme qui nous rapporte les fait que vous allez entendre précise d'abord sa
position personnelle en ces termes :
Speaker : Il y a un an, je faisais partie d'un mouvement de résistance
polonaise. J'avais la charge de rester en contact permanent avec tous les
groupes de Résistance, y compris le " Bund ", qui est l'organisation juive
sociale démocrate de Pologne. Envoyé en mission par le " Front de la
résistance " auprès du gouvernement polonais de Londres, j'ai quitté
Varsovie en octobre 1942. J'ai rassemblé, au cours de mes activités en
Pologne, des documents sur les massacres de juifs.
Bouchon : Et, avant d'aborder son sujet proprement dit, l'auteur du document
définit l'attitude des autorités allemandes à l'égard des juifs polonais, dans
le cadre de la politique allemande, à l'égard du peuple polonais, dans son
ensemble. Il écrit :
Speaker : Il me faut, je crois, expliquer pourquoi nous portions un si grand
intérêt aux questions juives. Je ne suis pas juif et, avant la guerre, je ne
connaissais que très peu de juifs. J'étais même très ignorant à leur sujet.
Mais, à l'heure actuelle, les massacres de juifs prennent une signification
spéciale : c'est que si les souffrances de mes compatriotes polonais sont
terribles dans tous les cas, l'ennemi emploie des méthodes différentes avec
les Polonais et avec les juifs. Il essaie de rabaisser les Polonais à une
race de serfs, il essaie d'en faire un peuple sans culture, sans traditions,
un peuple d'automates ; mais il adopte une ligne de conduite différente
envers les juifs. Pour eux, il ne s'agit même pas d'une politique
d'oppression et d'esclavage, mais d'une extermination systématique accomplie
de sang-froid. C'est la première fois, dans l'histoire moderne, qu'un peuple
entier, et non pas seulement 20 ou 30 % de ses membres, a été ainsi condamné
à disparaître complètement de la surface de la terre.
Bouchon : L'auteur du document nous rappelle alors sommairement le processus de
la déportation et de la concentration des victimes. Les juifs venant de toutes
les parties de l'Europe asservie sont peu à peu rassemblés et envoyés dans les
ghettos de Varsovie, de Lvow ; ils y demeurent pendant un certain temps ; de là,
ils partent c vers l'Est ", selon l'expression Officielle, c'est-à-dire, qu'en
fait, ils partent pour des camps d'extermination, à Belzec, Treblinka, Sobibor,
etc. Et, là, ils sont massacrés par groupe de mille à six mille, de différentes
façons : asphyxiés aux gaz, brûlés vifs par de la vapeur ou électrocutés.
L'auteur du document a lui-même assisté à une de ces exécutions massives et
voici ce qu'il a vu. Ecoutez
Speaker : J'ai assisté, un jour, à une exécution en masse au camp de Belzec.
Grâce à notre organisation clandestine de résistance, je m'introduisis dans
le camp sous le déguisement d'un agent de la police spéciale. En fait,
j'étais un des bourreaux. Je crois avoir eu raison d'agir ainsi, car il
m'était de toute façon impossible d'empêcher l'exécution, et cela me
permettait, d'autre part, d'apporter au monde civilisé un témoignage
irréfutable des méthodes nazies.
J'arrivai au camp, un jour de juillet 1942. Il s'y trouvait alors près de
6000 juifs des deux sexes et de tous âges. Ils étaient arrivés quelques
jours auparavant du ghetto de Varsovie. Ils ignoraient le sort qui les
attendait. On leur avait dit, comme à tous ceux qui quittent le ghetto,
qu'ils allaient travailler dans les champs et creuser des tranchées.
Dès leur arrivée au camp, on les encouragea à écrire à leurs amis du ghetto
de Varsovie pour les rassurer - leur dire qu'ils n'étaient pas mai traités,
et que la déportation n'est pas aussi abominable qu'on le croit.
C'est là un des aspects de la technique allemande, rassurer les victimes et
les tenir dans l'ignorance de leur sort jusqu'au dernier moment pour éviter
les troubles.
Si ces gens avaient su ce qui allait se passer, il aurait fallu aux
Allemands, pour arriver à leurs fins, un détachement de soldats beaucoup
plus important. Par exemple, lorsqu'au printemps de 1943 les précautions
allemandes s'étant montrées vaines, les juifs du ghetto de Varsovie
apprirent le destin de ceux qui partaient " vers l'Est ", ils se
révoltèrent. Les Allemands perdirent plus de 1 000 hommes avant de pouvoir
maîtriser la révolte et de procéder au massacre des derniers survivants.
Mais je parle ici d'événements qui eurent lieu près d'un an avant la révolte
de Varsovie. Comme je l'ai déjà dit, les juifs du camp ignoraient ce qui les
attendait. Le massacre eut lieu un jour après mon arrivée.
Bouchon : Et le document continue en ces termes
Speaker : Le camp est situé à 15 kilomètres au sud de la ville de Belzec. Il
est entouré d'une clôture qui longe une voie ferrée à une distance d'environ
10 mètres. Un étroit passage, de moins d'un mètre de large, mène de l'entrée
du camp à la voie ferrée. Ce passage est formé par deux palissades de bois.
Vers 10 heures du matin, un train de marchandises s'arrêta le long du camp.
,Au même moment, les gardiens qui se trouvaient à l'extrémité opposée du
camp se mirent à tirer en l'air et à ordonner aux juifs de monter dans le
train.
Ils créèrent ainsi la panique chez les prisonniers, pour empêcher toute
hésitation ou toute résistance de leur part. Les juifs, poussés vers
l'étroit passage dont j'ai parlé, se précipitèrent en se bousculant dans le
premier wagon de marchandises arrêté au bout du passage. C'était un wagon
ordinaire, de ceux qui portent l'indication " 6 chevaux ou 36 hommes ". Le
plancher était couvert d'une couche de chaux vive de 5 cm d'épaisseur ; mais
les juifs, dans leur hâte et leur effroi, ne la voyaient pas. Il en monta
ainsi une centaine dans le wagon jusqu'à ce qu'il fût matériellement
impossible d'en faire entrer d'autres. Dans le wagon, ils se tenaient tous
debout, serrés les uns contre les autres. Les gardiens, saisissant alors des
juifs à bras le corps, se mirent à les lancer dans le wagon sur la tête des
autres ; leur tâche était rendue facile par la terreur des prisonniers
affolés par les coups qu'on leur tirait dans le dos. Les bourreaux en
jetèrent ainsi une trentaine de plus dans le wagon, hommes et femmes ;
c'était un spectacle horrible ; plusieurs femmes eurent le cou brisé. On
imagine l'horreur de cette scène. 130 personnes furent ainsi poussées ou
jetées dans ce premier wagon, je les ai comptées moi-même. Les portes à
coulisse furent ensuite fermées et verrouillées. Le train avança légèrement.
Le wagon suivant vint se mettre en place et la même scène se répéta. Je
comptais en tout 51 wagons dans lesquels on entassa les 6 000 prisonniers du
camp. Seulement une trentaine d'entre eux étaient tombés sous les balles des
gardiens au cours de la ruée vers le train. Une fois le camp vidé et les
wagons remplis, le train se mit en marche. J' appris la fin de l'histoire de
la bouche de mes soi-disant " camarades ", les bourreaux du camp qui
faisaient ce travail depuis plusieurs mois, expédiant de un à deux trains
par semaine.
Bouchon : Et voici comment se termine ce drame atroce
Speaker : Le train s'arrête dans un champ, en pleine campagne, à environ 40
kilomètres du camp. Les wagons restent là, hermétiquement fermés, pendant
six ou sept jours. Lorsque l'escouade des fossoyeurs ouvre enfin les portes,
les occupants sont tous morts et souvent dans un état avancé de
décomposition. Ils meurent asphyxiés. Une des propriétés de la chaux vive
est, en effet, de dégager des vapeurs de chlore lorsqu'elle se trouve en
contact avec de l'eau. Les gens entassés dans les wagons doivent évidemment
se soulager. Il en résulte immédiatement une réaction chimique. Les juifs
sont donc lentement asphyxiés par les vapeurs de chlore, tandis que la chaux
vive ronge leurs pieds jusqu'aux os. Comme je l'ai déjà dit, près de 6 000
juifs meurent ainsi chaque fois.
Bouchon : L'auteur de ce document ajoute qu'on a évalué dernièrement à deux
millions le nombre des juifs massacrés sur l'ordre de Himmler. Ce chiffre,
évidemment, parle de lui-même, mais ce que l'on doit savoir c'est que ces deux
millions de victimes venaient de tous les coins d'Europe. Certains songent
peut-être que la France jouit d'un régime préférentiel, certains penseront
peut-être que l'on n'a jamais vu chez nous, sur notre sol, l'organisation de
tels massacres.
Pourtant, il suffit de se rappeler le régime qu'ont subi les juifs, entassés au
camp de Drancy, de Compiègne, ou même au Vélodrome d'Hiver. Il suffit de se
rappeler les scènes déchirantes qui se sont produites en particulier à Lyon,
lorsque des femmes juives ont été arrachées à leurs enfants, enfermées dans des
trains sans avoir pu dire adieu à leur famille. Il suffit de se rappeler le
silence soudain qui a suivi l'arrestation d'un si grand nombre de juifs pour
comprendre qu'aucun pays n'est épargné.
Que sont devenus tous ces hommes, toutes ces femmes, tous ces vieillards et
parfois ces enfants ? Ils sont partis, eux aussi, " vers l'Est ", selon
l'euphémisme employé par les Allemands ? Il faut que chaque fonctionnaire
français qui est chargé de s'occuper des questions juives comprenne qu'en
exécutant les ordres qu'il reçoit, il se rend complice d'un crime, et se fait
l'aide des bourreaux allemands de Lvow ou de Varsovie.
Extrait de "Fraternité",
organe ronéotypé du mouvement national contre le racisme, édité en zone Sud par
la Résistance. Juillet 1943.
Depuis les premières mesures prises contre les Juifs, le camp de Drancy est
resté dressé aux portes de Paris comme un épouvantable monument de la barbarie
raciste.
Ce réservoir humain était périodiquement vidé par les déportations en Pologne et
continuellement rempli par les rafles à travers la France.



Radio Londres BBC, 1942-1944
23 Août 1942
21 heures 30 - 22 heures
LES FRANÇAIS PARLENT AUX FRANÇAIS
Louis Roché

Images de Varsovie - Le suicide


Musique
1ère voix : Dans le ghetto de Varsovie, plus d'un demi-million de juifs vivent -
si l'on peut dire qu'ils vivent entassés les uns sur les autres. Dans le ghetto
de Varsovie, on meurt de faim, on meurt de maladies. L'existence y est un
cauchemar. A chaque instant, des hommes, des femmes tombent d'inanition dans la
rue. D'autres sont atteints par ce mal redoutable : le typhus.
2ème voix : Les Allemands ont délibérément rempli ce ghetto insalubre de juifs
pour qu'ils y meurent. Pas la peine de gaspiller les balles de mitrailleuses :
la faim et le typhus feront leur œuvre. Chaque fournée de cadavres qui sort est
remplacée par une fournée de nouveaux habitants que les Allemands amènent des
villes et des villages de Pologne. Devant la mort qui les guette, les malheureux
juifs sont condamnés à serrer les rangs.
1ère voix : Toute cette affreuse misère, nul ne la connaissait mieux que le
maire du ghetto, M. Czernerkov. Par tous les moyens, il s'efforçait de venir en
aide à toits ceux dont il avait la responsabilité. Il' lui fallait sans cesse
discuter avec les autorités allemandes et subir des affronts. Parfois, il lui
semblait que sa tâche était vaine. Alors, il tâtait furtivement le gousset de
son gilet, comme pour s'assurer que quelque chose y était toujours, qu'il ne
l'avait pas perdu...
Musique
2ème voix : Les Allemands durent s'apercevoir qu'ils jouaient avec le feu, qu'il
était dangereux d'entretenir dans une grande ville un foyer d'infection. Ils
décidèrent tout à coup qu'il y avait 100 000 juifs de trop dans le ghetto. Ils
convoquèrent le maire, et lui enjoignirent de préparer lui-même la liste de 100
000 juifs qui seraient déportés " vers une destination inconnue à l'est ", à
raison de 7 000 par jour...
1ère voix : " Vers une destination inconnue à l'est ", se répétait le maire en
rentrant chez lui, " vers une destination inconnue à l'est ". Cette destination
inconnue, c'était la mort, le massacre... Le maire s'assit à son bureau et
réfléchit longuement'. Non ! Il ne prendrait pas la responsabilité de désigner
lui-même 100 000 victimes aux bourreaux nazis. Il avait fait ce qu'il avait pu
jusqu'à présent. Pour sauver des hommes, des femmes, il avait accepté de
s'humilier, mais maintenant cela ne servait plus à rien. D'ailleurs, n'avait-il
pas toujours pensé qu'un jour viendrait où les Allemands lui demanderaient
l'impossible. Ce jour était arrivé.
Musique
1ère voix : Alors, très calmement, le maire glissa deux doigts dans la poche de
son gilet. Il en sortit une petite boîte. Il l'ouvrit ; elle contenait une sorte
de pilule ou de comprimé qu'il avala sans broncher. Presque aussitôt, il tomba
foudroyé. Il s'était empoisonné.
Musique

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