 La description du sujet
Remarque :Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules
Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement
§:c ( | | le Glossaire de Francis a trouvé : - | Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).
En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")
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BBC - British Broadcasting Corporation - Grande-Bretagne |
Dans ce texte : Churchill : "le peuple avait trop souffert" de Francis Deleu le samedi 06 septembre 2008 à 21h23
Bonsoir,
En cette première fin de semaine d'après vacances; en ce jour commémoratif de la Libération de ma bonne ville en 1944; en mémoire à Winston Churchill qui fait l'objet, ces derniers jours, d'une attention particulière sur LdG et ailleurs, accordons-nous une triste petite détente. Pour se faire, confions la plume à Marc Ferro ! Au dernier chapitre "Fin de partie", Ferro porte un regard attendri sur la fin politique du grand homme et l'ingratitude de ses concitoyens : La capitulation de l'Allemagne signait la fin d'un cauchemar. Hitler s'était suicidé dans son bunker, disait-on, et l'événement était tel qu'on en avait presque oublié que, le même mois, Roosevelt était mort et que Mussolini avait été exécuté. On en oubliait aussi, les Anglais les premiers, comme en témoignent de folles images prises le 8 mai 1945 à Londres, que la guerre continuait et que leurs troupes se battaient durement en Birmanie, contre les Japonais. Ils jugent que leur épreuve est terminée. Pour s'en persuader, suprême ingratitude démocratique, tels ces Français qui en 1920 n'avaient pas élu Clemenceau, "le Père la Victoire", à la présidence de la République, les Britanniques renvoient Churchill dans ses foyers - lui qui avait su forger leur résistance et assurer leur survie.
Le matin où on lui annonce que l'Allemagne a capitulé, "le Premier ministre n'avait pas du tout l'air enthousiasmé par la fin de la guerre", rapporte Lord Moran, son médecin. "D'ailleurs, très vite, se rappelle-t-il, il eut l'air très fatigué [...], paraissait épuisé."
Churchill sait, promesse à tenir, qu'il doit mettre fin au gouvernement de coalition puisque l'Allemagne est vaincue. Mais il espère que les travaillistes vont le garder jusqu'à la victoire contre le Japon, et il le leur propose. "Ils ne regarderont même pas ma lettre... Ils sont bouillants de haine", confie-t-il à son médecin. De fait, à leur congrès de Blackpool, les travaillistes rejettent l'idée de demeurer au gouvernement à côté du leader conservateur. Ils veulent des élections et espèrent prendre le pouvoir. Attlee en informe Churchill avec aigreur. . . Lord Moran devine l'humiliation du Premier ministre: "Avoir parlé au nom de l'Angleterre sans la permission ou l'intervention de quiconque pendant cinq ans, et se retrouver un beau jour en solliciteur, au seuil de la porte, la casquette à la main. . . il y a de quoi être irrité." À la BBC, on ne lui offre que vingt minutes de parole pour sa campagne électorale future, et sa fille doit demander une autorisation dans les formes réglementaires pour l'y accompagner jusque-là, il suffisait qu'il en émît le voeux pour qu'elle puisse entrer avec lui.
Bref, le Premier ministre connaît toutes les rigueurs d'une démocratie véritable.
Jusqu'aux élections, il n'a droit qu'à un gouvernement de transition ou d'affaires courantes (caretaker), que quittent Attlee et les travaillistes et qu'il remplace par des libéraux, Hore-Belisha et le fils de Loyd George - ce qui semble un retour aux années 1930.
Dans son Manifeste, prélude aux élections, Winston Churchill parle "de grandeur, de liberté, condition aux progrès, et autres phrases creuses de ce genre ", commente le docteur Moran. "Il ne se place pas sur le terrain de la réalité, à savoir que les pauvres redoutent avant tout les dépenses qu'entraîne la maladie et qu'ils veulent que les médecins les soignent pour rien. C'est le parti qui leur accordera cet avantage qui sera le gagnant." Il glorifie l'esprit de Dunkerque, la justice, le progrès, tandis que les travaillistes répondent "du pain, du travail, des logements". Churchill ne voit pas que le pays a tourné la page des comportements héroïques et qu'il est, déjà depuis le succès du débarquement, dans l'après-guerre...
À la radio, son intervention tombe à plat.
"Plus vous parlerez, plus vous perdrez des voix", lui dit son médecin. Churchill a vilipendé les travaillistes "qui instauraient une sorte de Gestapo" - alors qu'il avait gouverné quatre ans avec eux ... "J'ai donc été si mauvais?" demande le Premier ministre. Et déjà on susurre que le chef de guerre, ce bouledogue, ne saurait être l'homme de la paix, qu'il est sans doute incapable d'accomplir des réformes - appliquera-t-il seulement le plan Beveridge, qui institue l'État providence ? "Je n'ai plus rien à dire, plus de message à transmettre", commente encore le Premier ministre. A Hendaye où il se repose une semaine, les passants l'acclament. "N'importe où dans le monde, on m'acclamerait", dit-il avec tristesse. La pensée des élections à venir l'empoisonne.
Le 25 juillet, Winston Churchill dit à son médecin : "J'ai fait un cauchemar. . . J'ai rêvé que la vie était finie pour moi. Je voyais, c'était très précis, mon cadavre étendu sur une table dans une pièce vide, recouvert d'un drap blanc. Je reconnaissais mes pieds nus pointés en avant... C'est peut-être la fin."
Le 26, il apprenait la défaite de son parti, avec 213 sièges seulement face aux 393 du Labour. Et lui-même, humilié jusque dans sa circonscription où, par pudeur, travaillistes et libéraux n'avaient pas présenté de candidat contre lui, il obtint 28.000 voix, et un inconnu, indépendant, 10.000...
"Mais pourquoi m'acclament-ils donc ? A quoi celà rime-t-il ?" dit-il de ceux qui le félicitaient ... les larmes aux yeux.
Parlait-il d'ingratitude ?
Non, il en concluait seulement que "le peuple avait trop souffert". Bien cordialement,
Francis.*** / *** |
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