Décryptage du forum "Livres de guerre"
Pour profiter de
tous les avantages
de ces pages, vous
devez accepter
les cookies



Forum
des livres, revues, sites, DVD, Cd-rom, ... , sur la 2e Guerre Mondiale, de 1870 à 1970
 
 L'accueil
 Le menu
 Le forum
 Les livres
 Ajouter un livre, ...
 Rechercher
 Où trouver les livres ?
 Le Glossaire
 Les points
 Les pages LdG
 L'équipe
 Les objectifs
 La charte
 Droit de réponse
 L'aide
 
 
 

 

La Suisse et la guerre 1933 - 1945 - Werner Rings
La description du sujet




Remarque :

Pour que le Glossaire trouve un sigle, il doit être écrit en majuscules

Pour qu'il trouve un mot, il doit ètre orthographié et accentué correctement

§:c (

 

le Glossaire de Francis a trouvé :


R - Résistance (France)
-

Dans le cadre de l'organisation de la Résistance, la lettre R suivie de 1 à 6 indiquait une région de la zone Sud (zone non occupée jusqu'en 1942).
R1 : Région Rhône-Alpes (centre Lyon).
R2 : Région Provence-Côte d'Azur (centre Marseille).
R3 : Région Languedoc-Roussillon (centre Montpellier).
R4 : Région du Sud-Ouest (centre Toulouse).
R5 : Région de Limoges (centre Brives puis Limoges).
R6 : Région de l'Auvergne (centre Clermont-Ferrand).

En zone Nord occupée, les régions étaient définies par les simples lettres : P - A - B - C - D - M
(voir "zone")


Wehrmacht - Allemagne nazie
-

L'armée allemande sous le IIIe Reich. Littéralement Wehrmacht signifie "puissance (ou force) défensive". L'armée allemande prend ce nom en 1935 à la place de "Reichswehr" (voir ce terme).

Dans ce texte :

Le rapport du Rütli partie 1/2 de Christian Favre le vendredi 01 août 2008 à 09h36

Chapitre L'épreuve page 234

Le rapport du Rütli

Une idée du capitaine Hans Bracher, l'un des officiers de l'état-major particulier du Général, résolut le problème. L'idée entra ensuite dans l'histoire, mais sans le nom de celui en qui elle avait jailli.
Pourquoi ne pas rassembler tous les commandants? Pourquoi ne pas ordonner un «rapport d'armée» qui donnerait au Général l'occasion d'expliquer personnellement à ses officiers de quoi il retournait? Pourquoi ne pas profiter d'une circonstance favorable pour redresser dans les troupes un moral qui commençait à fléchir? Le public serait informé une fois chose faite.
C'est aussi Bracher qui eut l'idée de choisir pour cadre de ce rassemblement la prairie du Rütli, ce haut-lieu de l'histoire suisse, situé au coeur du réduit. Là-bas, sur une prairie de laquelle aucun ennemi ni aucun attaché militaire étranger ne pourraient s'approcher, le Général serait seul avec ses officiers.
Le 25 juillet 1940, exactement un mois après le discours du président de la Confédération, Pilet-Golaz, tous les commandants des armes combattantes étaient convoqués au Rütli, l'éventail allant des commandants de groupe et de bataillon jusqu'au chef de l'état-major de l'armée. Et il y avait aussi les commandants territoriaux et leurs inspecteurs. Seuls les officiers EMG restaient à leur poste.
Quelques centaines d'officiers se rassemblèrent ce jour-là à Lucerne. Le Général et les membres de son état-major particulier arrivèrent par le train. Vers la fin de la matinée tous les commandants montèrent à bord d'un bateau à vapeur.
Lorsque le Général les rejoignit à bord, ils prirent la position. Barbey nota le soir: «Le public applaudit. D'aucuns disent: Vers midi, sous un clair soleil, le bateau se mit en marche.»
La cale du bateau avait été contrôlée trois heures avant par un mécanicien et un gendarme de l'armée. Un avion croisait au-dessus du bateau. Une embarcation rapide, armée, apparaissait par moments.
Barbey était assez nerveux. Il craignait le sabotage. Ernst avait expressément mis en garde le Général. Quelques com¬mandants furent effrayés quand ils virent le risque que le Général avait pris. Les officiers EMG poussèrent un soupir de soulagement lorsqu'ils apprirent le soir que le «rapport d'armée» s'était terminé sans catastrophe.
La prairie du Rütli était distante de quelques pas du débarcadère. Les officiers se rangèrent en demi-cercle; en avant, les commandants de corps d'armée et le commandant de l'aviation; derrière eux, les divisionnaires et leurs subordonnés. Le plus ancien des commandants de corps annonça au général les officiers supérieurs. Le général prit alors la parole:
«J'ai tenu à vous réunir en ce lieu historique, terre symbolique de notre indépendance, pour vous mettre au courant de la situation et vous parler de soldat à soldats.
Nous sommes à un tournant de notre histoire. Il s'agit de l'existence même de la Suisse.
Ici, soldats de 1940, nous nous inspirerons des leçons et de l'esprit du passé pour envisager résolument le présent et l'avenir du pays, pour entendre l'appel mystérieux qui monte de cette prairie. C'est en considérant l'avenir avec lucidité que nous parerons aux difficultés toujours actuelles que le pacte de 1291 appelait déjà «la malice des temps».
Le commandant en chef parla ensuite des mesures générales qu'il avait ordonnées pour la création du réduit et mentionna pour finir le fléchissement du moral dans les troupes.
Barbey nota à ce sujet:
«Le Général parle des questions an¬xieuses qui lui parviennent de tous côtés, révèle certains indices dangereux pour le moral de l'armée. Mais son leitmotiv, c'est la volonté de résistance à toute agression, d'où qu'elle vienne; au danger intérieur: relâchement, défaitisme; et aussi confiance dans la valeur de cette résistance.
Le Général a pesé ses mots. On lui a objecté contre qui, contre quoi? Du moment que nous ne sommes pas attaqués! Mais il tient à ce mot et le préfère à d'autres: volonté d'indépendance ou de défense. Et ce mot, il le reprend dans l'ordre du jour qu'il fait remettre aujourd'hui à tous les officiers commandés au rapport et qui doit être lu à la troupe.»
Cet ordre du jour disait notamment: «Aussi longtemps qu'en Europe des millions de soldats demeurent sous les armes, l'armée doit rester prête. Quoi qu'il arrive, les travaux que vous avez effectués n'ont rien perdu de leur valeur, vos sacrifices n'ont pas été vains, puisque nous sommes toujours maîtres de notre destin . . . Les nouveaux postes que je vous assigne sont ceux où notre courage et nos armes serviront le pays au mieux, dans les circonstances nouvelles.»

L'approbation n'était pas unanime

Un grand nombre de participants au rapport du Rütli garderont le souvenir inoubliable de ces moments si intensément vécus.
Se rappelant cette journée, ils parlaient encore, des années plus tard, de leurs impressions profondes et durables, considéraient comme une grâce d'avoir pu participer au rapport, qualifiaient le 25 juillet du jour le plus impressionnant et le plus émouvant de leur vie.
Le Général a manifestement su inspirer à ces officiers le sentiment de vivre une heure historique, la fierté d'avoir participé à un acte qu'il qualifiait lui-même dans son discours de «tournant de l'histoire». Dans son rapport de 1946, il parle encore de la «solennité de l'heure», de la «grandeur du lieu». L'historien Edgar Bonjour parle de «moments émouvants» dont un grand nombre de participants se souviendront comme du «point culminant de leur existence de citoyen».
Sur quelques points, les souvenirs divergent. On ne s'accorde, par exemple, pas sur la question de savoir si le Général a prononcé son discours avec ou sans manuscrit. Les témoignages sont contradictoires. Les témoins sont prêts à jurer ce qu'ils croient avoir vu de leurs propres yeux.
Les recherches ont établi que le Général a prononcé son discours en se servant de quelques notes. Le discours ne fut ni enregistré ni sténographié. Le texte qu'on en a fut reconstitué plus tard, puis approuvé par le Général. Il ne reproduit pas entièrement le discours.
Les documents de l'époque passent sous silence l'écho éveillé par le rapport. I1 semble avoir été très profond, mais pareil au sourd grondement d'un tremblement de terre qui ne déplace pas même un grain de sable à la surface du sol.
Ce n'est que trois jours après le rapport du Rütli que l'état-major de l'armée publia un communiqué pour informer le public. Le communiqué ne fut pas accueilli comme il eût été naturel pour l'annonce d'un tournant historique. Seulement cinq journaux sur dix le publièrent en première page. Des journaux importants comme la Neue Zürcher Zeitung et la Gazette de Lausanne le reproduisirent sur une autre page.
La Tat le publia en quatrième et les Basler Nachrichten en cinquième page. Cette retenue de la presse était peut-être sage. Dans les circonstances dramatiques qu'on vivait alors, il n'eût certes pas été indiqué de faire beaucoup de bruit. II valait mieux toucher aussi délicatement que possible le tambour de brousse: les commandants renseignèrent leurs soldats, ceux-ci renseignèrent leurs femmes et leurs fils. Barbey croyait savoir que telle était l'intention du Général.
Ici et là, cette manière de faire paraît avoir accru considérablement l'effet de choc causé par la décision, manifestement cruelle, d'abandonner la population civile à son sort si la guerre éclatait. I1 y eut cependant une étonnante réaction: l'armée inspira une plus grande confiance à beaucoup de ceux qui savaient désormais qu'elle ne s'occuperait pas d'eux.
L'ensemble des faits était d'ailleurs assez peu clair, et il le restera probablement, car une seule chose se révélait certaine au milieu des difficultés de l'heure: la grande insécurité.
On ne savait même pas de façon sûre combien des 485 officiers présents au rapport approuvèrent la doctrine du Général. Il y avait parmi eux des partisans d'une politique d'adaptation qui ne pouvaient accepter la consigne de résistance donnée par le Général.
Un indice dans ce sens réside dans le fait que peu avant, le jour de la seconde mobilisation de mai, le Général avait tenu pour nécessaire d'émettre un ordre secret demandant une enquête contre 124 officiers, dont 23 officiers supérieurs et 31 capitaines. Suivant les constatations de la police, ces officiers étaient suspectés de propagande subversive. 41 officiers appartenaient - c'était prouvé - à des fronts, tandis que 83 autres étaient taxés de fascistes ou de nationaux-socialistes dans des rapports secrets de la police.


Des suites inquiétantes

Pendant la bataille de France, ces officiers furent interrogés, chacun par son supérieur direct. Le point à élucider ne concernait pas l'aspect politique, par exemple les relations du suspect avec des groupes ou organisations antidémocratiques. Il s'agissait de savoir si l'officier «était encore digne de conserver sa situation dans l'armée».
Comme le releva plus tard le Général dans son rapport à l'Assemblée fédérale, le résultat de l'enquête fut «réconfortant». Il n'y eut pas d'«épuration». Seuls trois officiers furent déférés à la justice militaire, tandis que quatre autres étaient mis à disposition. La veille du jour où le président Pilet¬Golaz prononça son discours, le Général fit savoir aux 117 autres que l'enquête était close et les assura de sa confiance.
Ce geste magnanime fut approuvé autant que critiqué; son effet politique prêtait au doute.
Nombreux étaient en effet les hommes influents qui critiquaient tant le rapport du Rütli que le discours du Général. Le colonel Däniker, auquel la direction de la conjuration d'officiers avait été offerte quelques jours plus tôt, jugea le discours du Rütli scandaleux, le taxa de provocant pour l'Allemagne. Berlin pouvait maintenant songer à mettre une fois sérieusement à l'épreuve la volonté de résistance de la Suisse.
Däniker pensait que le ministre d'Allemagne pourrait demander la démission du Général.
Le rapport du Rütli eut aussi ses détracteurs au palais fédéral. Le président de la Confédération regretta un «bruit de sabre» qui gênait, pensait-il, un rapprochement avec l'Allemagne.
Le ministre d'Allemagne à Berne déclara même avoir entendu dire au Département politique, ainsi qu'il le mandait à Berlin, qu'on prévoyait de remplacer des officiers de haut rang de l'entourage du Général par d'autres avec qui les Allemands s'entendraient mieux.
Le gouvernement du Reich, qui attendait encore que les documents trouvés à La Charité-sur-Loire eussent été analysés, réagit de façon très violente au rapport du Rütli; i1 devait attacher du prix à appuyer ses amis suisses.
Le secrétaire d'Etat von Weizsäcker prédit au ministre de Suisse à Berlin des «conséquences graves».
Le ministre des affaires étrangères, Ribbentrop, ordonna une démarche de protestation à Berne. L'Italie protesta également.
Dans un aide-mémoire que le ministre d'Allemagne à Berne remit au Département politique. il était question d'une «excitation de l'opinion publique suisse contre l'Allemagne et l'Italie», d'une démonstration intempestive dont le gouvernement du Reich prenait connaissance avec un vif déplaisir.
Pendant ce temps, des officiers d'état-major du groupe d'armées C de la Wehrmacht élaboraient les plans d'une attaque contre la Suisse, l'objectif étant «d'empêcher les forces armées suisses de se retirer en haute montagne».
L'idée d'empêcher l'aménagement du réduit en lançant une attaque brusquée était tentante.

*** / ***

Consulter ou enrichir le Glossaire de Francis



Pour contacter les modérateurs : cliquez !

 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.21 s  3 requêtes