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L'or en question de Christian Favre le lundi 09 juin 2008 à 15h28

Il peut cependant paraître étonnant que l'on ose parler de ces achats d'or sans pour autant adopter une attitude rigoureusement ou violemment critique à l'encontre des responsables de l'époque. C'est qu'encore maintenant on a de la peine à comprendre les raisons de ces achats qui ont été perçues comme un recel, ce d'autant plus qu'une partie de cet or provenait des pays occupés, notamment la Hollande, la Tchécoslovaquie et la Belgique. L'or hollandais a été remis aux Allemands par le gouvernement collabo, l'or tchèque par….la Grande Bretagne (il était en dépôt dans ce pays) et l'or belge qui avait été placé en France a été donné aux Allemands par le gouvernement de Vichy.
On a beaucoup parlé d'enrichissement de la Suisse à propos des achats d'or. Le souci des dirigeants politiques et économiques était le maintien de la valeur du franc suisse. Sans référence or le franc suisse ne valait strictement plus rien pour la simple raison qu'il ne pouvait s'appuyer sur aucune richesse matérielle. D'autres pays avaient abandonné la référence or mais ils possédaient des riches colonies. On sait que toutes les monnaies des pays en guerre perdaient de leur valeur, c'était même le cas du dollar. Pendant la guerre le franc suisse a soutenu le dollar ce qui démontre que les Alliés et beaucoup de pays ont profité de la solidité du franc suisse, notamment les pays d'Amérique du sud. Les Alliés ont payé une bonne partie de leur diplomatie, de leurs SR et de leur appui aux Résistances avec des francs suisses. L'aide humanitaire également ainsi que le CICR. Sans monnaie valable la Suisse n'aurait pas pu exercer son activité de "puissance protectrice" auprès de 43 pays. La puissance protectrice s'occupe des intérêts des citoyens d'un pays résidants en territoire ennemis. Cette activité a demandé l'engagement de nombreux fonctionnaires qui ont parcouru le monde en guerre.
Les Allemands, eux, utilisaient les francs suisses pour acheter leur matière première en Espagne, au Portugal et en Turquie. Les Suédois achetaient également de l'or allemand mais dans une moindre mesure car ils possédaient le fer pour l'Allemagne. Les Alliés, par leur banque à Bâle (BRI)ont aussi acheté de l'or allemand.

Au final la Suisse a acheté pour 1,3 milliard de fr d'or à l'Allemagne et 2,6 milliard aux gouvernements alliés.

La question qui revient c'est coupable, pas coupable ? Chacun a son idée mais la plus courante est bien entendu: coupable. C'est clair que tout commerce avec un pays dont l'idéologie était le nazisme représente forcément quelque chose de malsain. On ne peut se soustraire à cette raison. Mais la question va au-delà d'une culpabilité dont la Suisse n'avait pas l'exclusivité: quel pays a été innocent ? La vraie question est de connaître enfin comment la Suisse aurait fait pour s'en sortir sans compromission. Il va de soi que l'on ne parle pas des profiteurs de guerre privés qui ont sévi partout, y compris en Suisse, on parle bien des responsables politiques.

Le général Guisan commença son rapport (1945) en ces termes: "J'ai compris que le rôle de l'armée était d'offrir à chacun des belligérants un obstacle suffisamment important pour que le fait d'ajouter le poids de l'argument militaire à celui des arguments politiques et économiques décourage les projets d'agression." Comme on le voit Guisan était parfaitement conscient du rôle dissuasif de l'économie


Cordialement

cf

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