L'un des traits caractéristiques de la Résistance belge sous l'occupation nazie fut certainement la "zwanze", terme bruxellois intraduisible qui indique une forme d'humour typiquement belge fait de dérision et de sarcasmes bon-enfant. Comme nombre d'autres grosses plaisanteries qui ridiculisaient l'occupant allemand, le faux "Soir" fit les gorges chaudes de tout le royaume.
En cette veille du 11 novembre, on ne peut s'empêcher de rappeler brièvement l'histoire de la "Libre Belgique" clandestine qui, pendant la première guerre mondiale, mobilisa les plus fins limiers de la police de Guillaume II et qui passionna toute la Belgique. La "Libre" clandestine parvint à paraître 171 fois alors que ses auteurs, rédacteurs, imprimeurs, distributeurs risquaient la peine de mort. Si le premier numéro fut tiré à 1.000 exemplaires début 1915, 25.000 exemplaires sortaient de presse début 1916. Un véritable exploit!
Il se trouva même des Belges assez téméraires pour aller glisser l'édition du journal jusque dans la boîte aux lettres du gouverneur général Von Bissing. Un montage photo affichera dans l'un des numéros du journal, le gouverneur allemand attelé le plus sérieusement du monde à la lecture de la "Libre" avec cette légende jouissive : "Notre cher Gouverneur, écoeuré par la lecture des mensonges des journaux censurés, cherche la vérité dans "La Libre Belgique".
L'humour! Une arme inoffensive mais redoutable pour l'occupant ridiculisé. Les Belges excellaient dans ce genre très particulier de résistance passive aussi bien en 1914-1918 qu'en 1940-1945.
Bien cordialement,
Francis. |