Bonsoir,
Encore un élément trouvé chez Langendorf. Il écrit concernant les liaisons dangereuses de Masson et Guisan avec Schellenberg :
"Quant à Guisan, il a évidemment pris un risque, comme il en avait déjà pris avec ses contacts avec l'état-major français. (...) Les contacts Masson-Guisan-Schellenberg interviennent précisément à une époque où d'insistantes rumeurs circulèrent sur l'imminence d'une attaque de la Suisse par les Allemands. (Note : comme je l'ai indiqué dans le message précédent) A la fin de l'automne 1942, la ligne Viking avait déjà donné des informations allant dans ce sens, informations qui se précisèrent à la fin de l'année. Une opération aurait été discutée, en présence de Hitler, à son quartier général. On aurait envisagé une opération contre la Suisse, afin d'empêcher de recourir à la mobilisation générale et de s'emparer du Réduit. (alpin). Le colonel-général Dietl - un spécialiste de la guerre en montagne - aurait été chargé du commandement de l'armée d'invasion. Le 16 janvier 1943, de nouvelles précisions parvinrent : en cas d'une invasion alliée, les Allemands se retireraient en Italie du Nord. Dans ce cas, la Suisse ne pourrait plus être considérée comme neutre, mais comme "l'avant-garde des forces armées anglo-saxonnes".(...)
Toute une série de mesures destinées à accélérer la mobilisation furent alors prises. Enfin, le 22 mars (1943), la nouvelle libératrice parvint : "l'"opération suisse" avait été décommandée."
(p.182)
Cette affirmation allemande selon laquelle la Suisse devrait être considérée non plus comme un pays neutre mais comme "l'avant-garde des forces armées anglo-saxonnes" expose de façon assez directe de quel côté penchait l'état-major de Guisan.
Bien cordialement,
René Claude |