Bonsoir,
J'ai besoin d'un peu de temps pour approfondir ces contacts qui furent d'ailleurs reprochés au chef du SR helvétique après la guerre. J'attends toujours l'essai sur les relations Masson-Schellenberg et je viens de trouver le Journal du chef de l'état-major particulier de Guisan, le très francophile (et pro-Alliés) Bernard Barbey qui vivait à Paris avant d'être mobilisé auprès du commandant en chef de l'armée suisse. Il semble qu'il aborde les thèmes qui nous intéressent, mais je n'ai pas encore mis vraiment mon nez dans son Journal (1940-1945).
Mais en vitesse :
Jean-Jacques Langendorf écrit que la première rencontre avec un représentant du SD eut lieu en novembre 1941. C'est le Hauptsturmführer Eggen qui établit un contact avec Masson. L'historien écrit qu'ils sympathisèrent, ce qui permit à Masson, avec l’aval de Guisan de poursuivre ses contacts avec le SD.
Masson rencontrait Schellenberg en Allemagne (près de la frontière) la première fois le 8 septembre 1942. Comme signal positif, Schellenberg libéra le lieutenant Mörgeli.
En fait, toujours selon Langendorf, les Suisses espéraient de ses rapports secrets une amélioration des relations entre les deux pays à un moment où d'insistantes rumeurs d'une attaque nazie. De la première entrevue entre Guisan et Schellenberg (Berne, le 3 mars), il ne reste aucun document. Trois jours plus tard, les deux hommes se revirent à Arosa. A cette occasion, Guisan remit une déclaration à Schellenberg affirmant que « Quiconque pénétrera dans notre pays deviendra par là même notre ennemi. Celui-ci rencontrera une armée absolument unie et un peuple animé d’une seule volonté. (…) Grâce à la configuration de notre pays, nous sommes en particulier en mesure de défendre notre front des Alpes. » Et Langendorf d’ajouter que « Guisan affirma également à Schellenberg que la Suisse, dans le cas d’un débarquement allié en Italie, défendrait sa frontière méridionale. » On peut penser que Guisan tint ce langage pour rassurer les nazis qui étaient convaincus qu’ils n’auraient pas besoin d’envahir la Suisse pour combattre les Alliés et rassurer les Alliés qui comprirent qu’ils ne risquaient pas de devoir entrer en Suisse pour combattre les armées d’Hitler.
Mais le Conseil fédéral, informé des contacts Guisan-Schellenberg, blâma le général en chef d’avoir établi des relations avec un responsable d’un des belligérants. Selon Willi Gautschi, le biographe de Guisan, « l’arrangement fonctionna, notre service de renseignements en profita manifestement et la Suisse en tira bénéfice plutôt qu’elle n’en souffrit. »
(cité par Langendorf in « La Suisse dans les tempêtes du XXe siècle », p. 179-180)
A bientôt et cordialement,
RC |