Bonsoir,
Ce que j'ai apprécié dans l'essai de Jean-Pierre Richardot, c'est son honnêteté intellectuelle en ouvrant un dossier pourtant chargé d'approximations et d'erreurs plus ou moins volontaires.
Il n'a pas voulu reprendre certains des clichés que véhiculent en toute bonne foi ceux qui sont légitimement révoltés (et j'en fais partie) par le comportement opportuniste, entre 1939 et 1944-45, de petits groupes d'intérêts en Suisse : industriels profitant de la guerre, banquiers qui ne se soucièrent pas de la provenance de fonds et du devenir de leurs possesseurs dans l'Allemagne d'Hitler et dans les pays occupés, hommes politiques désireux de conserver de bons rapports avec le Reich et quelques militaires de haut rang séduits par le fascisme et le nazisme. Comme il l'écrit à plusieurs reprises, il faut éviter d'amalgamer le peuple suisse à certains représentants de "l'élite" politique, militaire et économique qui ont profité de la situation privilégiée du pays.
Je citerai un exemple :
Une des allégations qui revient souvent chez les accusateurs mal informés de la Suisse durant le conflit est que la Confédération aurait livré au Reich du matériel et des armes en de telles quantités que cela aurait permis à la guerre de durer.
Après avoir lu plusieurs études, on peut aujourd'hui dire que durant tout le conflit mondial, les livraisons d'armes et de munitions fabriquées en Suisse à destination de l'Allemagne nazie représentèrent entre 0,3% et 0,5% de la production totale du Reich.
Certains en oublient l'extraordinaire capacité productive du Reich, même sous les bombardements alliés des années 43-44. On savait pourtant que Speer fut un excellent organisateur de l'industrie de guerre nazie.
Et ce n'est qu'un exemple. (Qui ne disculpe pas certains profiteurs de guerre, en Suisse comme dans tous les pays alignés ou neutres.)
Bien cordialement,
RC |