Naïveté et sentiment d'invulnérabilité... - Ils partiront dans l'ivresse - forum "Livres de guerre"
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Ils partiront dans l'ivresse / Lucie Aubrac

 

Naïveté et sentiment d'invulnérabilité... de René CLAUDE le lundi 22 septembre 2003 à 16h21

Bonjour,

Dans les études, les Mémoires et les récits qui traitent de la vie quotidienne des résistants à partir de fin 1942 surtout, il y a un trait qui revient très souvent, c'est le mélange de naïveté et d'invulnérabilité qui semble habiter la plupart des membres des mouvements, de l'agent(e) de liaison au chef de réseau ou au "phosphorant". Comme si le passage dans cette vie "parallèle" très risquée les blindaient et les rendaient insensibles à des sentiments courants : peurs, petites angoisses, crainte du futur qui sont le lot des Français durant les années noires.
Certains ont déclaré ou écrit que c'est au moment de l'arrestation par la police vichyste ou nazie que la réalité leur sautait à la figure.
Je pense à cela en relisant un passage assez cru dans le compte-rendu de la table ronde de "Libération".
A un moment, Daniel Cordier émet brutalement une hypothèse :

Daniel Cordier : (...). Dans les documents d'archives, la police française signale qu'après l'arrestation de Curtil à Bourg-en-Bresse, elle a exercé des surveillances et des filatures. La police allemande était également en mesure de vous filer et de vous surveiller. Dans cette mesure, les va-et-vient de Lucie à la Gestapo n'ont-ils pas incité la Gestapo à la suivre ?

Note : On remarque que Daniel Cordier ne remet pas en cause les démarches entreprises par Lucie. En tant qu'ancien résistant, il soulève la question des filatures. On sait que Barbie faisait suivre beaucoup de monde et qu'il employait pour cela, en plus de ses propres hommes, des agents retournés.
(Edmée Delettraz, entre autres.)

Lucie Aubrac : Au mois de mars, je n'allais pas à la Gestapo.

Daniel Cordier : Je parle du mois de mai. Ce ne sont, bien entendu, que des HYPOTHESES (je souligne). Mais on peut se demander si Lucie, d'une manière ou d'une autre, n'a pas été suivie. Comprenant l'importance de ton rôle dans l'Armée secrète, les Allemands t'auraient gardé à Lyon, pour, grâce à un dispositif de surveillance approprié, pouvoir effectuer un vaste coup de filet.

Raymond Aubrac : Autrement dit, tu vas un peu plus loin que Vergès. (?!?)

Daniel Cordier : Ta réflexion est indigne.

Lucie Aubrac : Qui a été arrêté après ? Personne. Pourquoi dites-vous, par ailleurs, qu'au mois de mai j'allais à la Gestapo alors que Raymond était alors aux mains de la police française et qu'il n'a été arrêté par la Gestapo que le 21 juin ?

Note : C'est juste, là Cordier se trompe sur les dates. En revanche, son hypothèse d'une filature de Lucie en amont n'implique absolument pas un quelconque culpabilité des Aubrac.
Les polices française et allemande savent déjà à ce moment-là que Raymond Aubrac n'est pas un simple agent de liaison mais qu'il est le chef-adjoint de l'Armée secrète. François Bédarida l'a mentionné un peu plus tôt : "C'est le nom qui figure sur les documents saisis à Lyon le 15 mars 1943. Aussi le service de renseignement allemand se moque complètement des pseudonymes d'Ermelin ou de Vallet sous lesquels vous dissimulez votre véritable rôle. Au contraire, à partir du moment où il s'avère avec certitude que le dénommé Aubrac est entre les mains de la Gestapo, c'est une prise cruciale. Voilà pourquoi nous vous posons ces questions, qui ne signifient pas la moindre concession aux élucubrations de Vergès-Barbie plus ou moins "rebouillies" dans le livre de Chauvy."

Plus loin, c'est Dominique Veillon qui enchaîne :
Vous avez couru des risques et vous avez eu beaucoup de courage. Cependant, au cours de vos visites à la Gestapo, n'avez-vous pas pensé une seule minute qu'un jour ou l'autre vous puissiez être filée ?

Lucie Aubrac : Bien sûr que si. D'une part, je n'avais pas mon allure habituelle. Tout à coup, ils me trouvaient transformée en une sorte de femme du monde. D'autre part, les deux fois où je suis allée voir Barbie, c'était de façon impromptue. Personne ne savait que j'y allais. Barbie m'a mise dehors au bout de cinqu minutes la première fois, et la seconde il ne m'a pas laissée entrer.
Manifestement, il n'a pas eu le temps d'organiser une filature. Enfin lors de toutes mes visites ultérieures à la Gestapo, mes camarades du Groupe franc ont surveillé mes sorties de l'immeuble pour s'assurer que je n'étais pas suivie."

Ce qui n'exclut pas un dispositif de filatures initiées en amont des visites de Lucie à la Gestapo.
Et toujours ce sentiment d'invulnérabilité et cette sorte de naïveté.

Bien cordialement,

René Claude

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