Bonsoir,
Roosevelt, Chruchill, Robert Murphy et leurs apprentis-comploteurs à Alger ont négligé des membres très curieux et très actifs d'unités que les armées alliées apportèrent avec elles :
les correspondants de guerre et les membres, un peu espions, un peu sociologues et un peu agitateurs de la Psychological Warefare Section.
Ce sont des libéraux, toujours prêts à planquer les résistants qui cherchent à échapper aux flics politiques de Darlan. Ils sont proches des gaullistes et ils découvrent "que le Maghreb n'est rien qu'une prolongation de l'Occupation sous d'autres noms." (Anne Laurens)
Leurs reportages s'appuient sur leur connaissance du terrain et sur des informations que leur communiquent des membres de la résistance et des représentants de la France combattante. Ces papiers vont créer une émotion considérable dans l'opinion publique anglaise et américaine qui est scandalisée du "deal" passé avec un personnage aussi compromis que Darlan.
En Angleterre, toujours selon Anne Laurens, "les critiques les plus vives, c'est Churchill qui les subit. Parce qu'à Londres sont installés les gouvernements en exil des pays alliés occupés et que ces gouvernements se demandent si la "libération" de l'Afrique du Nord est la préfiguration de ce qui attend leurs compatriotes."
Sous la pression de l'opinion publique alliée, relayée par Eden et Morgenthau, Roosevelt sera forcé de déclarer que "Darlan n'est qu'un expédient provisoire".
Robert Murphy affirme pour tenter de se couvrir qu'il a remis à Eisenhower une Algérie "calme et pacifiée". C'est tout le contraire qui est vrai : dans la ville blanche, c'est la confusion, un climat de complot permanent, une méfiance qui dresse les chefs politiques et militaires les uns contre les autres, une censure imbécile héritée de Vichy, une ambiance lourde de coups de chien possibles, tout ce que les correspondants alliés, avec l'aide de leurs contacts algériens, font faire connaître à l'opinion publique des puissances alliées, insistant sur l'ignorance des données politiques en France et en Afrique du Nord et sur l'absence d'éthique des agents de l'administration américaine qui acceptent de négocier avec des hommes comme Darlan, "au passé odieux".
Bien cordialement,
René Claude
PS : David Schœnbrun fut l'un de ces correspondants de guerre engagés politiquement qui furent aussi des agents de renseignement libéraux favorables au Free french et à De Gaulle. Il est l'auteur de "Soldats du Silence" déposé dans Livres de Guerre. |