Je lis ce matin cette prose à moi adressée, dont je n'avais aucun souvenir.

Je ne me suis jamais vanté d'être novateur, en revanche je m'en suis souvent étonné, et maintes fois affligé.

Je me réjouis en revanche quand on me signale que j'ai retrouvé sans le savoir des traces oubliées.

L'arrêt devant Dunkerque est purement et simplement ignoré jusqu'en 1946. L'écho des protestations d'officiers allemands dans le journal de Halder, leur chef d'état-major, oblige alors à en prendre conscience.

Cette réaction de Girard est intéressante. Publiciste adonné à la réhabilitation de Pétain, il n'a que faire des tenants et aboutissants du Haltbefehl dont il ne parle que fugitivement. Il n'y a pas à dire qu'il l'avait, le premier, analysé comme ci ou comme ça, vu qu'il ne l'a pas analysé du tout (il y a quelque temps on m'avait objecté que Jean-Pierre Azéma avait exposé des vues différentes des miennes sur l'arrêt devant Dunkerque... dans sa bio de Jean Moulin ! les arguments d'autorité, impuissants dans tous les cas, sont en plus ridicules quand les autorités n'en sont pas).

Autant Girard a raison d'écrire que Hitler stoppe son mouvement en espérant un "nouveau Munich", autant il se trompe en mélangeant les événements de mai et ceux de juin d'une part, et surtout, d'autre part, en assimilant la situation à celle du conflit entre Bonaparte et l'Angleterre.

Le racisme nazi, qui impose d'écraser la France d'un coup sec pour pactiser avec Londres et se retourner contre Moscou, lui échappe tout autant qu'à sa maréchalienne idole.

Autant Bonaparte défiait l'Angleterre, autant Hitler la ménage. La mythologie raciale du second était entièrement étrangère au premier.