Sur l'interviou d'Alain Michel (ou: qui a eu l'idée de déporter les enfants?) - Histoire(s) de la Dernière Guerre - forum "Livres de guerre"
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Edition du 20 octobre 2014 à 19h09

Histoire(s) de la Dernière Guerre / collectif

En réponse à -13 -12 -11 -10 -9 -8 -7 -6 -5 -4 -3 -2
-1Alain Michel, Le Monde et papa Le Pen de Emmanuel de Chambost

Sur l'interviou d'Alain Michel (ou: qui a eu l'idée de déporter les enfants?) de Nicolas Bernard le lundi 20 octobre 2014 à 18h59

> La cause est entendue, maintenant, les thèses du rabbin
> Alain Michel, et de ma pomme par la même occasion,
> deviennent tout simplement nauséabondes.

Eh bien, puisque vous en reparlez...

L'interviou donnée par Alain Michel comporte de stupéfiantes inexactitudes, qui ont bizarrement échappé à la sagacité d'Emmanuel de Chambost - si sévère en revanche quand il s'agit d'évoquer Paxton. Je m'emploierai ici à en retenir quelques unes, et à les réfuter en reproduisant des documents d'époque.

Au passage: non, le régime de Vichy n'a pas entrepris de sauver des Juifs français en sacrifiant des Juifs étrangers (ce qui, en soi, constituerait au demeurant une politique criminelle), dans la mesure où les documents allemands prouvent que les Juifs français devaient être arrêtés et déportés après les Juifs étrangers, une décision qui a été mise en échec par les protestations de l'opinion publique. Il suffit de lire.

Mais revenons à Alain Michel. Lequel écrit: "Pétain était quelqu'un qui avait un vrai fond d'antisémitisme, qui n'existait pas, à mon sens, chez Laval et Bousquet."

Citons donc - par ex. et au hasard - une lettre de Bousquet du 11 août 1942, alors que les rafles battent leur plein (reproduite dans Pascale Froment, René Bousquet, Stock, 1994, p. 271):

Mon Cher Ami,

Je te demande instamment de prendre en main, personnellement, la question du logement de la police et plus spécialement des G.M.R. [Groupes mobiles de réserve].

Le Président Laval tient absolument à ce que, dans un délai très court, les services de police soient confortablement installés.

S'il est besoin, procède par réquisition, ou expulse soit des Israélites, soit des personnes venues depuis peu dans ta Région. Il est indispensable d'aboutir dans les moindres délais.

Amicalement à toi,

René Bousquet


Autre énormité: "... contrairement à ce qu'affirme Serge Klarsfeld, je ne pense pas que l'on puisse attribuer ces chiffres à la seule action des "Justes parmi les nations", mais principalement à la politique appliquée par le gouvernement de Vichy, qui a freiné l'application de la solution finale en France."

Or donc, voici le compte-rendu, rédigé par l'officier S.S. Herbert Hagen le 3 septembre 1942, d'une réunion de Laval avec les commandants S.S. Oberg et Knochen intervenue la veille (reproduit in Serge Klarsfeld, Vichy-Auschwitz. La Solution finale en France, Fayard, 2001, p. 179-180):

Le Président Laval a expliqué que les exigences que nous lui avions formulées concernant la question juive s'étaient heurtées à une résistance sans pareille de la part de l'Eglise. Le chef de cette opposition anti-gouvernementale était en l'occurrence le Cardinal Gerlier. Eu égard à cette opposition du Clergé, le Président Laval demande que, si possible, on ne lui signifie pas de nouvelles exigences sur la question juive. Il faudrait en particulier ne pas lui imposer a priori des nombres de Juifs à déporter. On avait par exemple exigé que soient livrés 50.000 Juifs pour les 50 trains qui sont à notre disposition. Il nous prie de croire à son entière honnêteté quand il nous promet de régler la question juive mais, dit-il, il n'en va pas de la livraison des Juifs comme de la marchandise dans un Prisunic, où l'on peut prendre autant de produits que l'on veut toujours au même prix...

Il confirma une fois de plus que, conformément aux accords conclus, on livrerait d'abord les Juifs ayant perdu leur nationalité allemande, autrichienne, tchèque, polonaise, et hongroise, puis également les Juifs de nationalité belge et hollandaise. Ensuite, comme convenu, on livrerait les Juifs qui avaient acquis la nationalité française après 1933.

Il a été répondu par la négative à la question du Président Laval qui voulait savoir si le Chef supérieur des S.S. et de la Police [Oberg] avait encore d'autres exigences à formuler à ce sujet. Là-dessus, le Président Laval a renouvelé sa demande de ne pas exercer de pression particulière en cette matière, compte tenu des difficultés actuelles.


S'agissant des historiens Léon Poliakov et Raul Hilberg, Alain Michel nous renvoie aux mêmes foutaises déjà réfutées: sur Poliakov, sur Hilberg.

Alain Michel, encore: "Je pense que ce qui caractérise cette période, c'est avant tout l'indifférence totale des Français. Les gens n'avaient rien à faire du sort des juifs, cela ne les dérangeait pas trop, parce qu'il existait une ambiance antisémite en France et en Europe depuis les années 1930 environ.

Qu'on en juge (le lecteur intéressé est invité à consulter les rapports préfectoraux reproduits dans les volumes édités par Serge Klarsfeld). Voir également mon commentaire sur le blog d'Alain Michel Faire des Français de l'époque des indifférents en puissance revient à sombrer dans la logique aussi simpliste qu'absolue qu'Alain Michel réprouve dans cette même interviou... Cohérence, quand tu nous tiens...

Alain Michel nous rappelle, certes: "Il y a encore des archives non utilisées, ni consultées." Exemple ici...

Mais la palme de l'ignorance crasse est décernée à cette phrase: "La majorité des adultes étaient des juifs étrangers, et la question de leurs enfants s'est logiquement posée. Les Allemands se sont en effet aperçus qu'ils n'allaient pas remplir leurs objectifs et ont décidé d'incorporer les enfants, sur une idée de Theodor Dannecker, le bras droit de Eichmann à Paris. L'administration française n'a appris ces changements qu'au dernier moment, et elle a dû s'y plier en vertu des accords signés avec l'occupant."

Ah bon? L'idée de déporter les enfants vient donc des nazis? Qu'on en juge, d'après ce document bien connu, émis le 6 juillet 1942 par l'un des responsables de la "Solution finale" en France, Theodor Dannecker :

A l'Office Central de la Sécurité du Reich - IV B4 -Berlin
Objet : Déportation de France des Juifs
Référence : entretien entre le S.S.-Oberturmbannführer Eichmann et le S.S.-Haupturmführer Dannecker à Paris le 1er juillet 1942.


Les pourparlers avec le gouvernement français ont abouti jusqu'à présent au résultat suivant : le président Laval a proposé, lors de la déportations des familles juives de la zone non occupée, d'y comprendre également les enfants âgés de moins de seize ans. La question des enfants juifs restant en zone occupée ne l'intéresse pas.

Je vous demande de prendre une décision d'urgence, par télégramme, afin de savoir si, à partir du 15e convoi de Juifs, les enfants, en-dessous de seize ans, pourront être également déportés.

Pour terminer, j'attire votre attention sur le fait que, pour déclencher les rafles, il ne peut être question pour le moment que des juifs apatrides ou étrangers. Pour la seconde phase, l'on s'attaquera aux Juifs naturalisés en France depuis 1919 ou 1927.


Quant à Eric Zemmour, j'y reviendrai peut-être. L'intervention de Robert Paxton, en revanche, n'est pas sans me décevoir quelque peu. J'y reviendrai (peut-être) aussi - en toute hypothèse, sa référence à l'exemple italien me semble des plus discutables.

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