Bonjour,
En 1980, le Secrétariat d'Etat aux Anciens Combattants publiait un livret d'une vingtaine de pages portant le titre
Jean Moulin, témoignage de Tony de Graaff, l'un de ses compagnons de combat dans la résistance.
Tony de Graaff, secrétaire de Jean Moulin à Lyon, y raconte la conversation qu'il aurait eue, le 21 juin 1943, avec Jean Moulin, deux heures avant les arrestations de Caluire. De Graaf relate également comment il se rendit vers le lieu de la réunion :
"J'ai retrouvé Jean Moulin assis sur un banc avec Raymond Aubrac. Il n'est pas question de nous reconnaître et nous sommes partis en deux groupes (...) Un tram passait : nous le prîmes et, quelques minutes plus tard, nous sortions à quelques mètres de la maison du docteur Dugoujon. Tout paraissait calme; aucun uniforme allemand n'était en vue; pas de traction avant noire, ni de militaire vert, ni de civil en veste de cuir. Jean Moulin entre le premier, suivi quelques secondes plus tard de Raymond Aubrac. Je sonne moi-même à la porte deux ou trois minutes plus tard. Un domestique vient nous ouvrir. Je lui demande si nous sommes bien chez le docteur Dugoujon, et je rentre avec le colonel Schwarzfeld.
A l'intérieur tout est calme, Je trouve Jean Moulin seul avec Aubrac, dans la salle d'attente; il donne toute l'apparence d'attendre pour passer dans la salle de consultation du docteur (...) Je lui propose de repartir et de le retrouver le soir pour dîner. Il me donne son accord et je laisse en tête à tête Moulin, Aubrac et Schwarzfeld au rez-de-chaussée. Alors que les autres participants (...) sont apparemment déjà en haut où doit se tenir la réunion, une domestique demande à Aubrac et Schwarzfeld de bien vouloir la suivre. Ils quittent Jean Moulin. Je sors ..."
Ce récit ne correspond pas à la réalité. De Graaff n'est pas allé à Caluire et il n'a appris l'arrestation que le lendemain.
Ladislas de Hoyos, intrigué par le "pourquoi" de cet épisode inventé de toutes pièces, a interrogé De Graaff.
Pourquoi en avoir rajouté, demanda-t-il ? "
Pour la jeunesse française ... " aurait répondu De Graaff.
Bien cordialement,
Francis.