Portrait du colonel Collet - Dans la bataille de Méditerranée - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

Dans la bataille de Méditerranée / Général Catroux

 

Portrait du colonel Collet de Francis Deleu le mercredi 20 mars 2013 à 21h15

Bonsoir,

Comme promis, proposons le portrait du colonel Collet tel qu'il est décrit par le général Catroux. Ce portrait, élogieux et trop emphatique peut-être, montre cependant l'état d'esprit qui animait ceux qui décidèrent de rejoindre la France Libre.
"Collet, qui commandait alors, sur le front Sud de la Syrie, son groupe fameux d'escadron tcherkesses et qui étai le plus sûr et le plus judicieux de nos compagnons d'idéal à l'armée du Levant, m'avait adressé le 19 [ndlr : 19 mai 1941] un appel urgent. J'allai donc vers lui à la frontière syro-transjordane qui m'était familière, aux environs du village de Mafrak, où nous tînmes conciliabule sous un pont de la voie ferrée. Le crépuscule tombait sur ce paysage lépreux, monotone et dénudé que formaient au Nord-Ouest, le sombre alignement des volcans éteints du Djebel Druze et, au Nord, la noble cime de l’Hermon. Au Sud, c’était, à travers le plateau sans fin de la Transjordanie, le déroulement des rails et de la route du Hedjaz. A la limite de ces étendues, il y avait, d’un côté les prestiges de Damas et, de l’autre, l’austérité des villes saintes de l’Islam.

Collet, ce guerrier légendaire, s’avança vers son ancien chef qui l’étreignit. Nous étions graves tous les deux, moi, parce que j’allais tenter, pour le salut de la Patrie, de forcer la volonté défaillante des Français de Syrie, ses compagnons d’armes, lui parce qu’il allait m’annoncer qu’il ne voulait plus et ne pouvait plus servir sous des chefs qui déshonoraient le drapeau. Et l’entretien s’engagea.

Collet est décidé à passer dans nos lignes dans la nuit du 22 au 23 avec tout ce qu’il pourra entraîner de ses escadrons. Il est révolté par la duplicité de Dentz qui l’a longtemps abusé en l’assurant qu’il ne permettrait jamais aux Allemands de pénétrer au Levant. Il est désespéré de l’aveulissement des cadres de l’Armée, dont un quart à peine a réagi sous l’injure qui lui a été faite. Il est sûr de ses propres cadres et me demande de lui donner ordre de franchir la frontière et de me rejoindre. Ordre qu’il reçoit de moi aussitôt.

J’informe ensuite Collet de mon projet de me porter sur Damas avec la division Legentilhomme. L’entreprise est-elle viable ? Quelles résistances rencontrerons-nous ? Quels concours nous seront donnés ? Dentz vide-t-il la Syrie, comme l’indiquent nos informateurs et se retire-t-il au Liban ? Autant de questions auxquelles il répond avec netteté.

Il n’est pas vrai que Dentz évacue la Syrie et nos informateurs auront été trompés par des mouvements de troupes. L’ordre de bataille pas plus que la densité des forces sur les fronts du Sud n’ont changé. Les forces de Syrie s’opposeront fermement à notre poussée sur Damas, de même que sur Beyrouth. Elles en ont reçu l’ordre et obéiront. Aucune unité ne fera défection pour passer dans nos rangs, même les cadres qui nous sont secrètement acquis prendront part au combat. L’aviation, qui a reçu récemment la visite du Ministre de l’Air, le Général Bergeret, nous est très hostiles, et il en va de même de la Marine.

En bref, loin d’aller à Damas en libérateurs, nous aurons à conquérir cette ville de haute lutte et si, comme il s’impose, les Alliés veulent s’assurer le Levant, il est indispensable qu’ils se présentent avec des forces suffisantes pour briser les résistances.
C’est une véritable opération militaire qu’il faut préparer et entreprendre et, plus marquée sera la supériorité des moyens alliés, plus rapidement viendra la fin des hostilités.

J’ai écouté Collet avec, sous les yeux, dans le jour finissant, le dispositif des forces de Dentz et le tracé des organisations défensives.
(...)
Dans la nuit qui suivit, celle du 21 au 22 mai, le Colonel Collet franchit les lignes alliées, en avance de vingt-quatre heures sur les prévisions. Il avait dû précipiter un mouvement dont Dentz avait eu le soupçon. L’évènement, on le conçoit, irrita et inquiéta le représentant de Vichy. La défection des escadrons de Collet privait son front Sud de sa couverture mobile et pouvait être contagieuse. Aussi le Général Dentz ne manqua-t-il pas de flétrir, dans des ordres du jour et à la radio, le geste du Colonel Collet. Faisant chorus, Radio-Vichy épuisa à son adresse son arsenal pourtant abondant d’outrages. Ce soldat magnifique, cet homme d’honneur, ce patriote n’était plus qu’un traître à la Patrie et un rebelle stipendié par l’étranger.

Collet, dont la vie était aussi pure que sa conscience, supporta silencieusement ces injures, nouvelles pour lui, et qui formaient pour noud une sorte de pain quotidien. Il les avait pressenties lorsqu’il avait mûri sa décision. Elles s’abattaient sur lui en rafales. Mais, s’il fut indifférent aux vociférations du Gouvernement de Vichy, il souffrit par contre plus tard, lorsqu’après l’Armistice de Saint-Jean-d’Acre, il rencontra ses anciens camarades du Levant, de sentir que leur réprobation survivait à la bataille.

Collet était une âme délicate et généreuse. Il avait puisé dans ses origines, qui étaient modestes, les vertus du peuple français. C’était un être profondément désintéressé et la gloire qu’il avait moissonnée à grands coups d’épée, le prestige qui l’entourait, les avancements rapides de carrière qu’il avait reçus, n’avaient pas altéré sa simplicité. Il servait avec abnégation, car il avait le cœur malade et se savait condamné. Et, en fait, il est mort jeune, en 1945, parce qu’il avait refusé de se ménager, professant qu’en temps de guerre, le repos est interdit.

Cet homme de guerre, intrépide devant le danger, était aussi un esprit politique. Il ne rechercha jamais l’action militaire pour elle-même. Elle ne fut entre ses mains qu’un argument propre à asseoir son jeu politique et elle resta toujours humaine. Par ses méthodes, il avait su conquérir la confiance et le respect des populations et son ascendant sur elles avait crû à la mesure de l’importance des missions qui lui étaient confiées. A quarante ans, sa mûre expérience le rendait apte à saisir les problèmes généraux.
"
Bien cordialement,
Francis.

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes