En France nous avons le cas Céline. Juste avant la libération, il dut s’enfuir en Allemagne pour éviter de se faire tailler les oreilles en pointe. Commence alors un périple, qui le mènera au Danemark en passant par Baden-Baden, le Brandebourg et Sigmaringen.
A la fin des hostilités, les nouvelles autorités Française tentèrent de faire extrader Céline. Une bataille juridique s’ensuivit qui lui permit de gagner du temps. Il devait s’en tirer avec quelques mois de prison au Danemark qu’il supporta très mal. Heureusement qu’il ne fut pas déporté dans les camps ou au goulag. Il décrit dans une lettre à Lucette sa journée de prisonnier. On mesure à la lecture de ce passage combien les conditions de détention étaient plus dures à cette époque, même dans un pays évolué comme le Danemark. Levé cinq heures, deux promenades journalières d’une demi-heure seulement. Et là, pour tous les prisonniers du monde, une phrase émouvante : «( …) je regarde les oiseaux et le ciel et la cime des arbres, tout le spectacle du monde enchanté des vivants». Le masque tombe, Céline confronté à la dure réalité redevient lui-même, la prison est un révélateur pour tous ceux qui y passent.
Les autorités danoises ne pouvant rien retenir contre lui, Céline quant à lui fut libéré après un séjour à l’hôpital et autorisé à rester au Danemark. Il quitta Copenhague pour une propriété au bord de la Baltique appartenant à son avocat Danois. Il devait y vivre plusieurs mois dans des conditions très pénibles.
L’avocat français de Céline, Maître Tixier-Vignancour, par une habile manœuvre de procédure et avec quelques complicités gouvernementales, arracha en 1951 l’amnistie pour son client. A l’abri des poursuites, il pût donc rentrer en France après sept ans d’exil.
Il faut savoir que son avocat fit une demande d'amnistie au nom de Destouches ancien combattant de la Grande Guerre alors qu'il était recherché sous son nom d'auteur. |