Il n'est pas dans mes habitudes de vous parler d'un livre avant que sa présentation n'aie été publiée dans le magazine Dernière Guerre Mondiale. Je fais ici une exception car ce livre est au sommaire du numéro qui sera en ligne au 1er octobre. La raison : L'auteur mérite un coup de main. Il est a des années-lumière des circuits commerciaux classiques. Aller, chers lecteurs, achetez-le et, si vous êtes déçus, cela vous donne le droit de me traiter de tout.

L’auteur a eu l’amabilité de bien vouloir répondre à nos questions :
- Daniel Laurent : Tiens, un livre qui parle plus des Canadiens que de la Wehrmacht. Votre bibliographie avant ce livre est très Feldgrau. Qu’est-ce qui nous vaut cette initiative ?
- Didier Lodieu : Les livres que j’ai réalisés auparavant portaient avant tout sur la bataille de Normandie. Mais effectivement, on retient davantage les titres comme « D’Argentan à la Seine » ou encore « Combats sur la Seine » qui traitent le côté allemand. Mais on oublie des livres comme « Objectif Chambois » qui concernait l’engagement de la 90th US Inf. Div. ou « La Massue » qui a été le premier livre à traiter l’histoire des Polonais dans la Bataille de Normandie. Ces deux derniers livres sont aujourd’hui épuisés. En revanche, tous mes livres sur la guerre en Russie ont été vus du côté allemand. J’ai même essayé un jour de traiter un sujet du côté soviétique, mais les historiens russes me l’ont déconseillé. Tous les récits soviétiques publiés ont servi à la propagande et en aucun cas on ne peut parvenir à faire un livre objectif, m’ont-ils déclaré.
- Daniel Laurent: Deux absentes de marque dans l’ouvrage : Les notes en pied de page et la bibliographie. D’où la question : D’où tirez-vous ces informations ? Les notes à ce sujet en page 5 manquent de clarté, c’est dommage.
- Didier Lodieu : Il me semble avoir expliqué que nous avons collecté tous les War Diaries qui s’avèrent totalement incomplets et peu fiables. Toutefois, ils nous ont servi à constituer une trame sur laquelle nous avons apporté divers récits de vétérans. Mais ce ne fut pas aussi facile que cela, car il a fallu vérifier toutes les dates, qui étaient erronées la plupart du temps. Ce travail a représenté un véritable puzzle. Les deux meilleurs livres que j’ai cités et qui ont traité cet engagement du South Alberta ont rencontré les mêmes problèmes et sont souvent tombés dans le piège. Toutefois, ils nous ont aidés considérablement. Le Musée de Montormel a aussi récupéré des témoignages fort utiles. Pour arriver à établir la vérité, Stéphane Jonot et Frédéric Normand se sont rendus sur place pour arriver à comprendre les faits.
- Daniel Laurent: A vous lire, surtout dans les passages les plus durs au niveau de ce que ces combattants ont souffert, on a l’impression que vous y étiez. Qu’en dites-vous ? J’ai presque envie de vous demander si, comme Jean Mabire, vous inventez des dialogues mais je ne vous ferai pas cette insulte.
- Didier Lodieu : Notre idée de départ pour ce livre était la suivante : nous voulions un livre passionnant pouvant être destiné aux lecteurs les plus pointus, mais aussi aux personnes non spécialistes. Il faut prendre en compte que les spécialistes ne sont qu’une minorité. Evoquer les Pz.Gren. Rgt., les SS-Pz.Aufkl.-Abt. et autres abréviations réduisent le lectorat. C’est la raison pour laquelle nous n’avons mentionné que très peu de renseignements sur l’armée allemande. Ce qui ne nous empêchera pas de revenir sur le sujet et de faire un livre pour spécialiste.
Pour rester clair, ce qui était notre objectif numéro un était de parler des Canadiens et, pour mieux adhérer à l’action, d’endosser leur uniforme et de faire un saut dans le temps. C’était un style difficile à trouver. Les dialogues ont souvent été reconstitués à l’aide d’échanges radios. Je pense que le fait d’introduire quelques dialogues basés sur la réalité apporte de l’oxygène au texte. Jusqu’à présent, tous ceux qui ont lu le livre nous ont dit qu’ils l’ont dévoré et l’ont lu d’un trait car il se lisait comme un roman. Bien que j’aie un grand respect pour Jean Mabire, je pense que mon style est différent du sien.
- Daniel Laurent: L’iconographie est massive et impressionnante tout autant que les légendes. Le lecteur attentif peut juste regretter que certaines photos soient trop petites pour pouvoir y distinguer certains détails mentionnés dans la légende. Manque de place ?
- Didier Lodieu: Vous avez tout compris. Nous avons mis trop de photos et le graphiste qui ne connaissait pas l’univers du livre de guerre a mis tout ce que nous voulions. Or, à l’écran de l’ordinateur, la mise en page était élogieuse, mais, sur le papier, l’effet était tout autre. En tant que professionnel, il aurait dû nous avertir que certaines photos étaient trop petites. Il est évident que le livre déborde de toutes parts. Tant au niveau texte que photos. C’est la raison pour laquelle la marge est très réduite. Toutefois, je reste responsable de cette présentation. Nous avons pris compte de ce point qui ne se renouvellera pas pour le second livre.
- Daniel Laurent : Le livre n’est disponible qu’au Mémorial de Montormel. Pas une ligne à ce sujet sur leur site internet. C’est en cours ?
- Didier Lodieu : Toutes vos questions sont pertinentes et rien ne vous échappe. Les personnes comme vous sont rares dans le milieu. Oui, le site du Mémorial a été intégralement refait et des problèmes techniques apparaissent. Le livre sera naturellement présenté comme il se doit.