L’interview
L’auteur a eu l’amabilité de bien vouloir répondre à nos questions :

Daniel Laurent
180 photos, une multitude de citations d’anciens combattants, ce livre est de vous ou d’eux ?
Xavier Van Daele
Ce livre est réellement et essentiellement d’eux, même si c’est moi qui en suis l’auteur !
Il y eut, lors de mon annonce via la newsletter de l’Association des anciens de la 17th Airborne Division, un formidable élan de générosité. J’ai reçu une quantité incroyable de récits, de textes, d’anecdotes, de photos ! J’ai même reçu les deux seuls et uniques livres qui ont été écrits sur cette division après la guerre.
Il faut savoir que bien avant l’idée même de ce livre, j’ai été en contact avec certains vétérans. Ils m’ont permis d’écrire un article sur eux, sur leur vie avant, pendant et après la guerre pour mon site Internet. Au fur et à mesure de mes entretiens, je compris, quelque part, la frustration qu’ils avaient de ne pas être reconnus en comparaison de leurs frères d’armes des deux autres grandes divisions Airborne, les 82nd et 101st. Ensuite, grâce à eux, je devins membre honoraire de la 17th Airborne Division Association où je fis publier mon annonce.
Certains de ces vétérans sont réellement devenus des amis, presque comme de la famille habitant de l’autre côté de l’Atlantique.
DL
Ceci dit, il vous a fallu combien de temps pour rassembler tout cela ?
XVD
En tout ce travail m’a pris trois années. J’ai mis deux ans à rassembler toute ma documentation. Ce fut la partie « facile »… Par contre, il a fallu traduire tout çà en français ! Mes journées n’étaient pas assez longues ! Surtout que je n’y consacrais réellement que mes week-ends, mes jours fériés étant employés à temps plein dans un bureau d’architecture !
Je peux vous dire qu’en « volume » papier, mes documents, textes, anecdotes, etc… représentaient en épaisseur l’équivalent de deux gros dictionnaires type Larousse illustré! Je ne me suis pas amusé à compter les feuilles mais je suis sûr que ça aurait pu m’aider à m’endormir en lieu et place du comptage des moutons !
Ceci fait, je plaçais mes « traductions » dans l’ordre chronologique des évènements. Je « n’avais plus qu’à » tout compiler et écrire le « fil conducteur », la trame de mon histoire… ce qui me prit une année.
DL
Les Ardennes, vous parlez du « fou » Hitler. Comme vous le dites, il s’agit d’essayer de créer la discorde dans l’alliance mais, sauf à vous avoir mal lu, je n’ai pas trouvé l’explication essentielle, à savoir montrer aux Occidentaux que la Wehrmacht sait encore mordre et que la suite des combats va être très coûteuse pour ces armées soucieuses d’épargner le sang de leurs hommes. Qu’en dites-vous ?
XVD
Je voulais montrer un autre aspect, sans doute moins connu de la Bataille des Ardennes, un aspect un peu plus « psychologique » au niveau des GQG ! Outre la mégalomanie d’Hitler, on peut y ajouter celles du Maréchal Montgomery et du Général Patton qui n’avaient qu’une envie, en plus de celle de gagner la guerre, c’était de tirer la couverture à eux le plus possible!
Ces deux « prima donna » étaient bien connues des Allemands et donc d’Hitler. Je pense que cette Alliance, fragilisée par deux « stars au caractère fort » était proche de la rupture. Il ne faut pas oublier que l’approvisionnement des Alliés ne pouvait pas suffire pour que deux grands officiers, ce qu’ils étaient, puissent lancer leurs propres offensives devant mettre un terme à la guerre. Ce conflit faillit provoquer la « démission » d’Eisenhower et par conséquent une grave crise chez les Alliés ! Imaginons qu’Hitler ait eu un succès, même limité militairement avec en plus une Alliance qui vole en éclats… On peut supposer et imaginer plein de choses ! Mais heureusement, mis à part une grave crise qui ne s’envenima pas plus que de raison, Hitler n’obtint rien d’autre qu’un sursis de quelques mois.
A propos de la Wermacht qui pouvait encore « rendre coup pour coup », je pense que le texte sur cette période, la description des combats vécus dans son trou par le GI’s est assez explicite sur la dureté et la pugnacité des troupes allemandes qui ne lâchèrent rien jusqu’au moment où les Russes lancèrent de leur côté leur offensive.
DL
La version du livre que je possède situe toutes les notes en fin de livre, ce qui est inconfortable. Pourquoi ne pas les avoir mises en pied de page ?
XVD
Alors là, je vous renvoie chez mon éditeur ! J’avais effectivement demandé que les notes soient en bas de page et non pas toutes réunies en fin d’ouvrage ! Surtout que certaines d’entre elles situent la tombe d’un soldat mentionné dans le récit ! Malheureusement, il avait déjà pris pas mal de retard dans sa publication… Lui refaire changer cela aurait entraîné un retard supplémentaire ! Je ne pouvais pas le concevoir ! Nous étions avec déjà un retard de plus d’un an !
DL
L’œuvre d’une vie ou avez-vous d’autres travaux en préparation ?
XVD
L’œuvre d’une vie, oui, certainement dans ce style là, le livre « historique »… Mais pas dans le monde de l’écriture. Avec mon amie et écrivaine, Camille François, nous sommes occupés à écrire un roman, dont l’action se passe durant cette période de la Seconde Guerre Mondiale. En gros et sans trop dévoiler l’intrigue, notre héros revient le 6 juin 2009 sur les plages du débarquement avec sa fille et son petit-fils et leur raconte SON histoire. Le lecteur va vivre avec cet homme, depuis son incorporation jusqu’à la fin de la guerre et son retour chez lui.
Je peux aussi vous dévoiler le titre : Vétérans, et le fait qu’il sera en trois tomes. Le premier couvrant de son enfance à la libération de Cherbourg.