Dans son livre écrit en 1970, soit 18 ans après les faits, Sebeille nous confie tout ce qu’il a ressenti depuis le 5 août 1952 où ont été découverts les 2 corps des Drummond et celui de la petite Élisabeth dont le crâne avait été défoncé par des coups de crosse.
Cet auteur parcourra ces éprouvants longs mois pour arriver jusqu’au dénouement final : (du moins le croyait-on) les aveux contradictoires du clan Dominici en 1954.
L’affaire débute mal. Le 5 août, venant de Marseille, Sebeille arrive l’après-midi à la Grand Terre alors que toutes les autorités, gendarmes, juges sont déjà là depuis plusieurs heures. Le campement des Drummond et leurs corps ont été retournés par des officiels mais aussi par des curieux.
Et il en sera ainsi pour cette affaire mal embringuée du début jusqu’à la fin.
Sebeille en perdra le sommeil et pour longtemps. Il a voulu tisser des liens cordiaux avec le vieux Gaston. Il emploie le tutoiement. Gaston l’appelle le gamin et ne le prend guère au sérieux et il en sera ainsi pendant plus d’un an. Avec sa forte personnalité, lui qui n’a pas d’instruction, se joue du commissaire.
Sebeille, trop gentil, n’a rien voulu risquer. Plusieurs fois Gaston a fait tourné sa canne furieusement en menaçant le commissaire.
À contrario Gaston ne plaisante pas avec les gendarmes et le commissaire Prud’homme de Digne qui a remplacé Sebeille quelques semaines en fin 1953. Il avoue a celui-ci pour la 1ère fois, ce n’est pas une coïncidence, qu’il a trempé dans le triple-meurtre des Drummond.
Sebeille n’a pas su se faire respecter et n’a pas su contrer ce vieillard qui le regardait droit dans les yeux, ce qui allait avoir une incidence sur le dénouement.
Qu’est-ce qui sous-tend ce drame : c’est l’alcoolisme (ici c’est votre serviteur qui parle). Alcoolisme pour lequel il n’a pas été insisté dans les écrits de Sebeille et de Chenevier et partant, dans l’enquête. Le vieux Gaston buvait 5 à 6 litres de vin par jour et ceci depuis l’adolescence. Ce qui explique ses sautes d’humeur passant de la plaisanterie à la franche colère. Lorsque Gustave a été incarcéré pendant 2 mois pour faux témoignage, personne ne voulait plus vivre avec Gaston à la "Grand Terre" par crainte , ni Yvette ni la Sardine.
En faisant tournoyer la canne avec violence du vieux Gaston, le commissaire Sebeille voyait en songe la carabine U.S. s’abattre sur le crâne de la petite Élisabeth. |