... à ces Piémontais payés à la tâche? Un rendement trois fois supérieur à celui des autochtones (anisette+chaleur= gros dodo incompatible avec le boulot harassant des salines). Voir le passionnant "massacre des Italiens", de G. Noiriel, mené comme une enquête. Cette chasse à l'homme, quasiment impunie, a provoqué un véritable casus belli entre les "soeurs latines". J'ai encore en tête le témoignage d'un "Rital" de Plascassier, petit village situé près de Grasse. Il était venu du Piémont, à pied, à 14 ans, dans les années 20. Etudiant à l'époque, mon professeur, Ralph Schor, spécialiste de l'histoire des flux migratoires, nous avait demandé de retrouver ces immigrés et de les interviewer, comme on dit. Le jour, il bossait dans les champs; la nuit, il goudronnait les routes. A force de sacrifices, il avait économisé et acheté des terres, provoquant la jalousie de certains indigènes. "Lé francé, il é pa fé pour lé travaï", avait-il conclu d'un air malicieux... tout en rendant grâce au pays qui l'avait accueilli.