La description du livre
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| | Silences meurtriers - Survivre - Tous coupables ? / Marc-André CharguéraudEn réponse à -2 La politique des Quislings de Francis Deleu le samedi 05 février 2011 à 20h03Bonsoir,
Porter un jugement de valeur sur les éventuelles compromissions des uns ou des autres n'est certainement pas à ma portée.
A propos de Kastner, je vous propose un large extrait du livre de Rudolf Vrba, " Je me suis évadé d'Auschwitz". En épilogue, Vrba commente qeulques épisodes des procès qui se sont déroulés en Israël : Dans ce livre j'ai préféré mettre en évidence des faits plutôt que des opinions. La conscience humaine est encore facile à choquer et 2.500.000 personnes ne peuvent pas mourir sans provoquer au moins quelques controverses, sinon le cynisme serait total.
La question principale est : comment cela a-t-il été possible ? Pourquoi des centaines de milliers de gens sont-ils allés sans résistance dans les chambres à gaz ? Une des réponses a été donnée par le juge Benjamin Halévi de la Cour de justice de Jérusalem.
En mai 1953, exactement neuf ans et deux semaines après que mon témoignage sur Auschwitz eut été remis aux dirigeants juifs de Budapest, Benjamin Halévi eut à juger Malchiel Greenwald poursuivi pat l'Etat d'Israël.
Malchiel Greenwald, 72 ans, écrivain inconnu, distribuait des brochures fripées, mal polycopiées dans les cafés de Jérusalem. Il était accusé de diffamation envers le Dr Rudolf Kastner, ancien chef du Comité de Secours Juif de Hongrie et au moment du procès, éditeur du journal hongrois le plus populaire d'Israël et porte-parole du ministère de l'Industrie et du Commerce.
Dans un de ses pamphlets, il accusait Kastner d'être un collaborateur nazi.
En juin 1955, après un procès qui ébranla Israël de fond en comble, le juge Benjamin Halévi déclara le vieux Malchiel Greenwald non coupable. En rendant son verdict, il déclara :
La population juive des ghettos hongrois monta passivement dans les trains, dans l'ignorance de ce qui l'attendait. Elle suivait aveuglément les fausses informations qui prétendaient qu'on les emmenait à Kenyermeze.
Les nazis n'auraient pas réussi à tromper les juifs aussi complètement s'ils n'avaient pas fait parvenir les fausses nouvelles par l'intermédiaire des voies juives. Les juifs des ghettos n'auraient jamais fait confiance aux nazis ni au gouvernement hongrois mais ils avaient confiance en leurs propres dirigeants. Eichmann et les autres inclurent ce point essentiel dans leur plan d'action pour tromper les juifs. Ils n'ont pu les déporter pour les exterminer qu'avec l'aide des dirigeants juifs.
En janvier 1958, la Cour Suprême d'Israël, après une décision acquise par trois juges contre deux, inversa le jugement de la Cour de Jérusalem sur le problème de la collaboration. Ils ne nièrent pas le fait que Kastner avait acheté la sécurité de 1.684 juifs hongrois de son choix, comprenant sa propre famille, à Eichmann, au moment où 400.000 autres étaient en route pour Auschwitz et ses fours, au rythme de 12.000 par jour et que 600.000 attendaient leur tour.
Kastner acheta la vie de ces 1.684 personnes par son silence. Pendant le procès il admit qu'Eichmann lui avait dit qu'il ne voulait pas d'un second "Varsovie". Il ne voulait pas voir se reproduire ce combat de 27 jours qui avait mobilisé contre 33.000 hommes, femmes et enfants des milliers de soldats de la Wehrmacht et des troupes SS armés de tanks et de canons.
Kastner admit qu'il avait été prévenu que toutes les négociations avec Eichmann avaient pour but de distraire les juifs de la connaissance de leur extermination et il ajouta :J'en étais profondément convaincu. Il admit que, vers la fin d'avril 1944, il avait reçu l'information selon laquelle Auschwitz se préparait à recevoir les juifs hongrois et à une question du juge Halévi, il répondit qu'au milieu de mai 1944 il savait que les juifs étaient déportés de Hongrie au rythme de 12.000 par jour.
Pourquoi le Dr Kastner a-t-il trahi les siens alors qu'il aurait pu en sauver la plupart en les avertissant, en leur donnant une chance de se battre, en leur donnant la possibilité de provoquer un deuxième "Varsovie" dont Eichmann avait la hantise ? Pour le juge Benjamin Halévi : "Il avait vendu son âme au diable nazi."
Aurait-il pu y avoir une autre raison ? Le juge de la Cour Suprême Shlomo Chesin dit dans son verdict que Kastner avait caché l'amère vérité parce qu'"'il pensait que celle-ci ne serait pas utile et que toute action résultant de l'information apporterait plus de mal que de bien."
(...) Dans les paragraphes qui suivent, Rudolf Vrba se démarque des remarques du juge et accable Kastner. Plus loin, il précise : Sans aucun doute les nazis firent fonctionner un système d'extermination de masse qui en dehors des juifs aurait pu convenir aussi bien à tout autre groupe ethnique, politique, social, national ou religieux. (...)
C'était un système d'une habilité diabolique mêlant corruption et meurtre (...) Les nazis réussirent il y a vingt ans parce qu'il utilisèrent à plein l'intrigue politique, le népotisme, la corruption, non seulement pour mener à bien leur "solution finale" mais aussi pour exterminer environ quatorze millions de non-juifs à travers l'Europe.
La création de Quislings, volontaires ou non fut un élément important de la politique nazie. Bien cordialement,
Francis. |
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