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Edition du 13 août 2010 à 12h55

Site personnel de F. Delpla, Historien 1939-45 / François Delpla

 

Nouvelles infos de françois delpla le jeudi 12 août 2010 à 09h51

Lettre d’information n° 70 du site de François Delpla


Août 2010


Lecteurs proches ou lointains,


L’histoire de la Seconde Guerre mondiale continue de nous instruire sur le monde actuel, à mesure que nous la comprenons mieux.

John Lukacs reste au premier rang des défricheurs, avec son livre de mars dernier The Legacy of the Second World War. Né hongrois en 1924, évadé des griffes d’Eichmann en 1944 puis du système stalinien en 1946, devenu américain et adversaire sarcastique des brutes politiques ou militaires de son pays tout au long de la guerre froide et du choc des civilisations, il démolit méthodiquement dans cet ouvrage l’idée courante que la Seconde Guerre mondiale ait représenté une parenthèse dans un affrontement entre « démocratie et totalitarisme », pour montrer qu’elle modèle le monde actuel plus que tout autre événement de son siècle –ce qui est aussi la leçon de mon propre travail, à son exemple initial et par des voies souvent convergentes. Il admire infiniment Churchill et le comprend néanmoins. Bon connaisseur des déclarations de Hitler et sensible au caractère unique du phénomène nazi tout en l’inscrivant dans son temps, il insiste en particul
ier sur le fait que dès novembre 1941 Hitler comprend qu’il a échoué et ne peut plus que limiter les dégâts, par un éclatement de la coalition adverse vers lequel tendent désormais tous ses efforts. Voilà qui devrait faire reculer, fût-ce lentement, l’idée qu’il était incapable d’ordonner une retraite ou que dans son bunker il donnait des ordres à des armées fantômes sans que son entourage terrorisé osât le contredire.

Outre mes livres (dont je vais reparler), je présente mes propres analyses dans le bimestriel Histoire(s) de la Dernière guerre , et le magazine en ligne Histomag .

Le premier, qui souffle à la fin du mois sa première bougie, continue de suivre les événements de la seconde Guerre mondiale à leur date anniversaire : ce numéro 7 porte donc sur les mois de septembre et d’octobre 1940 et s’efforce de percer à jour les intentions hitlériennes, à travers le fracas de la présumée bataille d’Angleterre et les arabesques ferroviaires du chef nazi via Hendaye, Montoire et Florence. Quant à Histomag, sa dernière livraison, mise en ligne dans quelques jours, comporte un dossier sur les erreurs commises à propos du nazisme, introduit par mes soins en adaptant le texte débattu sur Mediapart dont je vous entretenais le mois dernier. Je recommande en particulier dans ce numéro l’article d’Eric Kerjean sur la pseudo-résistance de l’amiral Canaris, issu d’un travail universitaire d’une grande origina
lité.

On peut commencer à tirer un bilan des parutions inspirées par les commémorations des événements de 1940 –et un nouvel éditorial s’y attelle. Si les avancées ne manquent pas (permettant notamment de dévoiler les difficultés de l’accouchement de la France libre et de commencer à les expliquer), beaucoup d’erreurs et d’approximations ont été reconduites, en raison d’une mauvaise appréciation des capacités de Hitler, des particularités de son mode de raisonnement et de sa façon inédite de diriger un gouvernement ou une armée. Par la percée de Sedan et les manœuvres diplomatiques qui l’ont précédée et entourée, il a bel et bien induit sur la planète entière un désir de paix qui devrait le faire mourir… dans son lit trente ou quarante ans plus tard, après un accomplissement point par point du projet présenté dans Mein Kampf. Il n’y a plus pour y faire obstacle que Churchill, inaugurant à 65 ans par une cascade
de désastres une fonction de premier ministre qu’on lui a longtemps refusée. Il se heurte dans son propre cabinet à des oppositions redoutables, que sa propre politique le conduit à minorer ou à nier, sur le moment puis dans ses mémoires. Le travail critique, à cet égard, ne fait que commencer et le printemps n’a connu que de rares hirondelles.

Après Mers el-Kébir, le Petit dictionnaire énervé de la Seconde Guerre mondiale (qui fait l’objet d’une interview dans Histomag) et les remises en vente de Churchill et les Français (intégralement en ligne sur le site, sauf la nouvelle préface) et de L’Appel du 18 juin 1940 (en attendant, début octobre, celle du Montoire par les éditions Albin Michel), je me dispose à faire paraître enfin, après 10 ans de vieillissement profitable dans un cachot immérité, mon Churchill et Hitler. Ce sera l’opus de l’année 2011. Mais il est possible qu’en 2010 j’envahisse une dernière fois les librairies, si je rédige assez vite la traduction… du dernier livre de John Lukacs.

Après Hugues Nancy, vigoureux dépoussiéreur des archives de l’INA sur les appels de De Gaulle, j’ai fait la connaissance d’un autre jeune documentariste de télévision, Zoltan Moll, qui a reçu de l’émission « Thalassa » la commande d’un film sur le naufrage du Lancastria (évacuant des milliers de soldats anglais depuis Saint-Nazaire, le 17 juin 1940, et coulé par l’aviation allemande : plus de 5000 victimes) et d’un autre sur celui, négligé par les historiens, du Meknès (ramenant d’Angleterre en France, le 24 juillet 1940, un millier de marins ayant opté pour le rapatriement, et torpillé sans sommation par une vedette allemande : environ 500 victimes). Si la première affaire illustre les difficultés de Churchill (qui dissimule l’information pour ne pas attenter au moral de la nation), la seconde offre un exemple du dressage de Pétain par l’occupant.

En effet, les rapports français montrent que le Meknès, un paquebot de ligne impossible à confondre avec un objectif militaire, naviguait en ce début de nuit tous feux allumés, et avait reçu des balles (sans avoir repéré l’agresseur) une dizaine de minutes avant la torpille, tandis que les documents allemands justifient le torpillage par la surprise d’une brusque rencontre et la crainte d’être soi-même attaqué. Il s’agit donc d’une froide exécution qui peut difficilement avoir été décidée par le commandant d’une petite unité navale. Voilà un échantillon, inaperçu jusqu’ici, de la cynique (et pédagogique) brutalité du Reich envers Vichy. Le maréchal signataire de l’armistice est démonétisé dans son rôle de « protecteur » tandis qu’il ne peut protester sans renier sa propre politique d’entente avec l’Allemagne, et doit se résoudre à accuser, confusément, les Anglais.

La diffusion des émissions est prévue à l’automne.

Cette expérience télévisuelle, inaugurée par les émissions de Daniel Costelle sur Eva Braun, est l’occasion de constatations encourageantes : ces réalisateurs de documentaires historiques (auxquels il faut ajouter Robert Mugnerot, dont les « Régiments ficelles » rencontrent un succès mérité) montrent des qualités du même ordre que celles qu’on attend des historiens -attention aux derniers progrès de la recherche, rigueur dans l’exploitation des sources et souci de ne jamais sacrifier l’exactitude à l’effet. Ainsi Zoltan Moll m’a-t-il filmé dans le cadre fort esthétique des archives de Vincennes… en train de lire de vrais documents sur le naufrage du Meknès, propres à étayer les hypothèses débattues auparavant dans nos conversations.

Mais il ne faudrait pas enterrer trop vite la radio ! Si l’existence et les libertés du service public en général et de Radio-France en particulier inspirent des craintes qu’il faut espérer salutaires, le franc parler fut encore de règle lors de l’enregistrement d’un « Parcours avec Churchill » sur France-Culture, qui vient d’être diffusé ( et qu’on peut donc écouter sur ). Pierre Assouline m’y fait débattre avec Guillaume Piketty, notamment sur la question du « bellicisme » de Winston (une grossière légende faisant le jeu des va-t-en guerre américains du siècle suivant, plaidé-je dans ce micro) et les éditions Perrin ont décidé d’éditer prestement le texte des émissions… ce qui devrait vous donner une dernière (petite) occasion de me croiser chez votre libraire en 2010.

Bonnes lectures et fructueux débats !


François Delpla


PS.- Parmi les nouveautés du site, deux débats en rubrique « Blabla » :

-l’un sur le rôle essentiel de la stigmatisation de « l’ennemi juif » par le caporal Hitler, fin 1919, dans la structuration binaire de l’opinion au temps de la guerre froide puis du « choc » ;

-l’autre sur les accords de Munich et le caractère sincère ou non de la menace hitlérienne d’agresser la Tchécoslovaquie .


Si le message s’affiche mal, retrouvez-le ici :

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