Défaitiste ? Fataliste ? Neutraliste ? - La bibliothèque de l'Histoire - forum "Livres de guerre"
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En réponse à -2
-1Ainsi que... de Nicolas Bernard

Défaitiste ? Fataliste ? Neutraliste ? de Francis Deleu le mardi 22 juin 2010 à 15h24

Bonjour,
Pour revenir au livre d'Azéma, et pour revenir à une discussion opposant François Delpla à Francis Deleu, l'historien français me paraît très sévère à l'encontre de Léopold III, lequel aurait agi de la même manière que Pétain, c'est à dire persister à jouer sa propre politique "nationale" l'amenant, au nom du dogme de l'inéluctabilité de la défaite alliée, à capituler en rase campagne et à refuser de prendre le chemin de l'exil.
Appréhender correctement la politique belge - celle d'aujourd'hui comme celle de hier - relève de l'exploit ... y compris pour un Belge attentif aux soubresauts de son pays.
Léopold III était-il défaitiste ou fataliste ? Neutraliste ? Oui, certainement !

Pour tenter de comprendre l'attitude du roi, reproduisons le célèbre exposé prononcé lors du Conseil des ministres du 14 octobre 1936..
Cet exposé,relatif à la politique d'indépendance et de neutralité du pays, fut exceptionnellement publié dans la presse et porté à la connaissance de tous les citoyens.
En prêtant le serment constitutionnel, les souverains belges s'engagent à maintenir l'intégrité et l'indépendance du pays.
Comme mes prédécesseurs, j'entends exécuter cette promesse solennelle. C’est pourquoi j'ai tenu à présider ce Conseil, qui doit arrêter les mesures à soumettre au Parlement en vue de doter la Belgique d'un statut militaire adapté aux circonstances actuelles.
Le Gouvernement s'est posé, depuis plus d'un an déjà, le problème du renforcement de notre état militaire.
Plusieurs raisons l'y ont contraint :

a. Le réarmement de l’Allemagne succédant à la remilitarisation intégrale de l'Italie et de la Russie, a provoqué des mesures de précaution exceptionnelles dans la plupart des autres États, même délibérément pacifiques, comme la Suisse et les Pays-Bas.

b. La transformation des méthodes de guerre sous l'influence des progrès techniques, notamment en matière d'aviation et de motorisation, permet d'imprimer désormais aux opérations initiales d'un conflit armé une puissance, une rapidité et une amplitude particulièrement alarmantes pour des pays de faible étendue comme la Belgique.

c. La réoccupation en coup de foudre de la Rhénanie et le transfert à notre frontière des bases de départ d'une invasion allemande éventuelle ont accentué nos inquiétudes.

d. En même temps, nous avons assisté à l'ébranlement des assises de la sécurité internationale par des infractions à des conventions, même librement souscrites et par la quasi-impossibilité d'adapter, dans les circonstances actuelles les stipulations du Pacte de la Société des Nations à la répression de ces infractions.

e. Enfin les dissensions intestines de certains Etats risquent de s'enchevêtrer dans les rivalités de systèmes politiques et sociaux d’autres États et de déchaîner une conflagration plus acharnée et plus dévastatrice que cette dont nous subissons encore le contrecoup.

Il n’est pas inutile, je pense, de rappeler ici les étapes successives par lesquelles l’examen de la question milliaire a passé au cours de ces derniers mois.

Ce tableau récapitulatif établira en même temps que l’on peut considérer comme clos le cycle des études.
La nécessité de proportionner nos forces militaires aux risques des dangers extérieurs se manifesta dès le printemps de 1935.
Divers projets me furent soumis par l’état-major général de l’Armée et finalement, en novembre 1935, je marquai mon accord sur un programme dont les bases essentielles constituaient alors, à mes yeux, un minimum.
Ce programme a été soumis aux membres du Gouvernement et celui-ci a constitué en son sein un Comité restreint chargé d’examiner, de façon approfondir le problème de notre sécurité.
Le 7 février 1936, le Conseil de Cabinet s’est mis d’accord sur le texte d’un projet de loi militaire: celui-ci ne recueillit pas les suffrages des sections de la Chambre et le Gouvernement se rallia au dépôt d’un amendement suggérant l‘application immédiate de l’article 53 de la loi la milice.
Le projet ainsi modifié fui voté par la Chambre le 6 avril.

Entre-temps, dès le 10 janvier, l’idée fut émise de faire discuter le problème dans son ensemble, par une Commission mixte.
Cette idée fut accueillie favorablement dans les milieux politiques et parlementaires. La Commission mixte fut créée par un arrêté royal du 25 mars 1936.
Après trente-sept séances, la Commission, ayant examiné le problème sous tous ses aspects a clôturé ses travaux et formulé une série de conclusions. Si celles-ci divergent quant aux modalités d’application, elles témoignent d’une unanimité d’opinion en en qui concerne les principes généraux et notamment la nécessité d’une couverture permanente. Ses suggestions principales, qui ont trait à des achats de matériel, à la défense contre les attaques aériennes, à l’aménagement des places fortes, au régime d’incorporation, sont de nature à exiger des décisions sans délai.
De toute façon, la nouvelle loi de milice doit être votée avant le 1er décembre prochain, date à laquelle commence l’incorporation de la classe de 1937.
D’autre part, devant les dangers de la situation internationale, le pays ne comprendrait pas que le gouvernement tardât à soumettre au Parlement les propositions qui s’imposent.
Encore convient-il que le problème soit posé avec précision devant l’opinion publique.

Notre politique militaire, comme notre politique extérieure, qui nécessairement détermine la première, doit se proposer non de préparer une guerre plus ou moins victorieuse à la suite d’une coalition, mais d’écarter la guerre de notre territoire.

La réoccupation de la Rhénanie, en faussant les accords de Locarno, dans la forme et dans le fond, nous a presque replacés dans notre position internationale d’avant-guerre.
Notre situation géographique nous commande d’entretenir un appareil militaire de taille à dissuader un quelconque de nos voisins d’emprunter noire territoire pour attaquer un autre État. En s’acquittant de cette mission, la Belgique concourt d’une manière éminente à la paix de l’Europe occidentale ; et elle se crée ipso facto un droit au respect et à l’aide éventuelle de tous les États qui ont intérêt à cette paix...

Sur ces bases, je crois l’opinion belge unanime. Mais nos engagements ne doivent pas aller au-delà. Toute politique unilatérale affaiblirait outre position à l’extérieur, susciterait - à tort ou à raison - la division à l’intérieur. Une alliance même purement défensive, ne conduit pas au but; car si prompt que pourrait être le secours d’un allié, il n’interviendrait qu’après le choc de l’envahisseur, qui sera foudroyant. Pour lutter contre ce choc, nous serions seuls en tout état de cause.
A moins de disposer elle-même du système de défense capable de lui résister, la Belgique se verrait dès le début profondément envahie et tout de suite saccagée.
Passé ce stade, les interventions amies pourraient certes assurer la victoire finale : mais la lutte couvrirait le pays de ravages dont ceux de la guerre de l914-1918 n’offrent qu’une faible image. C’est pourquoi nous devons, comme t’a dit récemment le ministre des Affaires étrangères, poursuivre une politique « exclusivement et intégralement belge ».

Cette politique doit viser résolument à nous placer en dehors des conflits de nos voisins; elle répond à notre idéal national. Elle peut se soutenir par un effort militaire et financier raisonnable et elle ralliera l’adhésion des Belges, tous animés d’un intense et primordial désir de paix.

Que ceux qui douteraient de la possibilité d’une pareille politique étrangère considèrent l’exemple fier et décidé de la Hollande et de la Suisse,
Qu’ils se rappellent de quel poids décisif l’observation scrupuleuse par la Belgique de son statut de neutralité pesa en notre faveur et en faveur des Alliés pendant toute la guerre et pendant le règlement des comptes subséquents.
Notre situation morale eût été incomparablement plus faible à l’intérieur et le monde ne nous eût pas voué la même sympathie, si l’envahisseur avait pu tirer argument d’une alliance de notre pays avec un de ses adversaires.
C’est donc, je le répète uniquement à nous préserver de la guerre, d’où qu’elle vienne que doit répondre notre système militaire ; et il importe que l’opinion publique en reçoive l’assurance indiscutable.

Notre statut militaire, issu de la loi de milice de 1929, excellente à divers égards, ne répond plus aux possibilités nouvelles d’une invasion brusquée. Il n’assure ni la défense permanente de nos frontières, ni la sécurité de la mobilisation, ni celle de la concentration de l'armée. Une irruption plus ou moins inopinée pourrait, en quelques heures, conquérir de précieux gages et paralyser sans retour les gros de nos forces.
Il faut remédier d'urgence à cette organisation défectueuse. C'est pour en arrêter les moyens que je vous ai réunis.

Représentants des trois grands partis traditionnels, qui groupent l'immense majorité des Belges, vous ferez vôtre, j'en forme le voeu, le projet du ministre de la Défense nationale.
En résolvant le problème militaire dans une union de haute compréhension patriotique, vous rendrez au pays, en même temps que la sérénité d'esprit nécessaire à l'égard des événements extérieurs, l'ambiance de sécurité indispensable à la prospérité publique.
Vous aurez ainsi établi une fois de plus, devant le pays, que la préoccupation essentielle du gouvernement d'union nationale est de placer au-dessus de tout l'intérêt supérieur de la Belgique.
Quant au refus du roi de prendre le chemin de l'exil : au prochain numéro.

Bien cordialement,
Francis

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