Emmanuel D’Astier de le Vigerie a écrit une évocation de ses années de Résistance, publiée en 1947.
Page 48 il écrit : « Lucie est dans ses jours de rage : " Si Raymond est arrêté avant vous, je vous dénoncerai… "
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Je pense à la menace de Lucie…
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Pourtant je ne comprends pas Lucie, car ce vertige ne frappe en général que ceux ou celles qui sont au dehors, ceux ou celles qui, n’étant pas touchés de notre folie et entrés dans notre monde, ne peuvent admettre les règles du jeu. »
Reportons-nous à la page 142 du livre de Lucie « Ils partiront dans l’ivresse ». Le 17 ou le 18 septembre 43, dit-elle, elle donne rendez-vous à D’Astier qui prend pension chez les Martin-Chauffier 9 rue Ampère à Collonge en instance de s’envoler pour Londres.
Ce n’est pas D’Astier qui arrive au rendez-vous mais la femme de Martin-Chauffier, Simone : « Il (D’Astier) est facile à reconnaître et ce serait idiot de vous faire prendre tous les deux, d’autant plus qu’il part cette nuit (pour l’Angleterre). »
Lucie : "Je commence par rager, par lancer des mots violents et blessant…
C’est plus fort que moi, je suis ulcéré de la légitime prudence de Bernard (D’Astier) et je marque le coup méchamment."
Commentaire.
C’est le 17 ou 18 octobre 1943 et non comme le dit Lucie le 17 ou 18 septembre car l’avion enlevant D’Astier est parti dans la nuit du 18 au 19 octobre *
Voici donc plusieurs semaines, en octobre, que les tribulations ont commencé entre Lucie et les Allemands de l’École de l’avenue Berthelot. Une imprudence ou une filature est toujours possible. Rappelons que le Groupe-Franc de Libération va attaquer dans quelques jours, le 21 octobre, le fourgon ramenant Aubrac de l’École de Lyon vers Montluc, « boulevard des Hirondelles »
Pour D’Astier on ne serait prudent à moins, après 3 ans de galères et à la veille de partir pour la liberté.
* Le 18/19 octobre 1943, envol sur le terrain « Orion » de Lons le Saunier sur un Hudson de É. D’Astier, Vincent Auriol, Albert Gazier, Lecompte-Boinet etc.
L’équipage était composé du Lt.Col. Hodges et du Lt. Affleck.
La maintenance au sol était assurée par Paul Rivière et son épouse Jannick |