« Elle n'était occupée que par un seul détenu, qui se présente : « Aubrac. » "Il n'y a qu'un lit, me dit-il, on s'arrangera. " On s'est regardé en chiens de faïence pendant deux ou trois jours. Puis il m'a raconté qu'avant moi il avait eu pour compagnon un nommé Lardanchet, pour qui, prétendait-il, les Allemands étaient aux petits soins.
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Un cadre important de la Résistance, incarcéré sous contrôle allemand, ne saurait que se taire quand on lui impose un compagnon de cellule inconnu.
Et certainement pas causer, ne bien ou un mal, du codétenu précédent.
Enfin, si jamais il décline une identité, c'est probablement celle de ses faux papiers (Ermelin) et en aucun cas Aubrac (pseudo grillé d'un cadre important). [Quant à Samuel nom sous lequel aucun service ne le connaît, mais sous lequel circulent femme et fils c'est le tabou des tabous !]
Je ne pense pas qu’Aubrac ait vendu Moulin. En revanche, il a sûrement commis des imprudences.
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curieux ! on dirait que ça sort en droite ligne d'une certaine "table ronde" de 1997 !
Il m'a fait l'impression d'un type qui ne savait pas ce qui allait lui arriver, il n'était pas jugé.
Aubrac a été appelé au moins deux fois pour interrogatoire, qui avaient lieu à l'Ecole de Santé. Une fois, il m'a dit : « j'ai vu ma femme. Ils ne savent pas que c'est ma femme. Elle m'a apporté des bonbons. » Il m'en a offert. Ils nous ont flanqué une diarrhée carabinée.
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Si bonbons il y a, Raymond sait bien pourquoi et il n'a, là encore, aucune raison d'en faire bénéficier son codétenu.
Pour l'affaire de Caluire, il m'a dit tout de suite : "C'est Hardy"
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cela même est douteux : on ne parle pas d'un résistant, surtout soupçonné de traîtrise, à un inconnu.
« En ce qui me concerne, j'ai été libéré au bout de soixante-trois jours. Aubrac m'a dit : `Je vais te donner une lettre pour ma femme."
« Il avait une mine de crayon cachée dans un ruban de chapeau. Sur du papier à cigarettes qui me restait, il a écrit une lettre que je n'ai pas lue, et que j'ai mis dans l'épaulette de mon veston.
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faudrait savoir : s'il a compris le stratagème du faux mariage, il ne va pas se mettre à écrire, sous un camouflage enfantin, à "sa femme", et encore moins à une jeune fille de bonne famille qu'il est censé avoir détournée du droit chemin et engrossée, avant de consentir au mariage par pure charité à la veille de son exécution.
Il m'a dit : "Tu iras trouver ma femme, elle est chez le directeur de l'hôpital de l'Antiquaille. "J'y suis allé. J'ai demandé à voir le directeur : "Je viens de la part d’Aubrac, j'ai une lettre pour sa femme. " Il a appelé : "Lucie !" C'était le 16 octobre. L'attaque de la camionnette allemande est du 21 octobre.
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Là vous-même, Serge Desbois, semblez avoir trouvé que c'était un peu gros, je n'épilogue donc pas.
Le 11 octobre, Aubrac m'avait raconté l’histoire du faux mariage. Ce jour-là, il m'a dit aussi :
"Je pense qu'on pourrait se revoir à Paris. Nous sommes le 11 octobre 1943 ; le 11 octobre 1944, je te donne rendez-vous à la Rôtisserie Périgourdine." Nous avions dans la cellule un morceau de journal avec un titre : Le professeur Le Danois apprend aux pêcheurs à pêcher. "Le premier qui arrive prend une table au nom du professeur Le Danois."
« En même temps, il m'a laissé entendre qu'il était condamné à mort.
Par la suite, j'ai appris, en lisant Gringoire, que les Aubrac étaient arrivés en Angleterre.
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enfin une info facile à recouper ! Cela a-t-il été fait ?
« Le 11 octobre 1944, je suis allé à tout hasard à la Rôtisserie Périgourdine. C'était fermé.
Je suis allé au Ministère de l'Intérieur. Aubrac était là. Il m'a dit : "Veux-tu venir avec moi à Marseille ?"
« Je l'ai revu quand il est revenu de Marseille. Nous avons déjeuné chez Garnier à la Gare Saint-Lazare.
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effectivement Raymond, commissaire de la République pour toute la côte méditerranéenne du 15 août44 à janvier suivant, fait de temps en temps un bref saut à Paris pour voir de Gaulle; en revanche il ne doit pas traîner beaucoup au ministère. Plausible à la rigueur. Si la presse ne fait pas état de sa présence à Marseille au même moment ! Là encore, recoupements ?
Il m'a raconté qu'à son arrivée à Marseille, quand il s'était présenté au "Tribunal Populaire" comme représentant de De Gaulle, il s'était entendu répondre : "De Gaulle, on l'emmerde, et si t'es pas content, tu y passeras aussi. "»
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plausible, encore que non mentionné dans les mémoires alors que la scène est pittoresque, mémorable, typique et nullement honteuse.
au fait, il témoigne où et quand, votre Cordin ? |