C'est une réflexion parmis d'autres parue dans un blog de la Tribune de Genève.
Ce poids du silence revèle l'immense difficulté qu'ont les "penseurs contemporains" à se mettre dans la peau des responsables politiques suisses pendant la SGM. C'est surtout au président du CICR, Carl Burckart, à qui l'on reproche ce silence. En fait ces penseurs s'imaginent qu'il aurait suffit de crier à tue tête pour arrêter la machine nazie..Carl Burckart, qui savait, en a fait part aux Alliés, la seule et unique force capable de contrer les nazis.Point.
Et il a eu raison parce qu'il savait que la Croix Rouge ne pouvait agir que de cette façon et non en dénonçant à la presse les horreurs qu'elle voyait, ce qui n'aurait pas arrangé le sort des prisonniers de guerre.
Quant au gouvernement suisse, c'est pareil, il devait continuellement négocier, voire mendier, l'approvisionnement avec les Allemands. Le Conseiller fédéral Pilet Golaz a agi pour les Juifs de Hongrie, mais on ne saura probablement jamais les détails car aucun historien suisse, à ma connaissance* ne s'est encore penché sur ce sujet, d'ailleurs aucun n'a écrit une biographie à son sujet, alors que Pilet Golaz a certainement été l'homme suisse, avec le général Guisan, qui a eu la plus lourde responsabilité dans l'histoire de la Confédération.
Pour rappel Pilet Golaz a qualifié le commerce avec l'Allemagne "de concessions effroyables"
[…]Lui qui avait été jusqu'à accepter de s'entretenir confidentiellement avec des frontistes indiscrets, tenait maintenant à distance, en se donnant l'air d'un homme supérieur et inapprochable, ceux qui désiraient lui faire part de leurs critiques. Il prenait plaisir à s'entendre appeler « l'énigmatique ». Ses collègues, des parlementaires et des journalistes se plaignaient toujours plus du secret dont il s'entourait, disant qu'il n'avait pas de contact avec eux et qu'il éludait autant que possible leurs questions. Même lorsqu'il était en mesure de faire part d'un succès personnel, comme dans le cas de son intervention de l'été 1944 en faveur des juifs en Hongrie, il ne tenait pas pour nécessaire d'en parler. C'est en vain que le président de la commission des affaires étrangères lui recommanda de rechercher un contact plus étroit avec le peuple et ses mandataires ". Pilet ne donnait aucune suite.
Edgar Bonjour Histoire de la neutralité suisse pendant la seconde guerre vol. V p. 432
* il existe peut-être une biographie du côté de la Suisse-allemande... |