Bonjour,
Si les recherches de Robert Belot me paraissent justifiées par le "déficit" dont souffre (souffrait ?) le patron de "Combat", un manque que cette biographie politique critique vient heureusement combler, j'avoue être un peu perplexe en avançant dans la lecture parallèle de la nouvelle biographie de Jean Moulin publiée par Jean-Pierre Azéma chez Perrin.
Autant Henri Frenay était si j'ose écrire sous-exposé historiographiquement, celui qui fut son compagnon avant de devenir son opposant résolu était déjà doté d'une riche bibliographie, même si un peu "éclatée".
Si on peut émettre quelques réserves sur les à-priori "subjectifs" d'un Daniel Cordier et ceux, plus politiques, d'un Péan, leurs recherches ont permis de rassembler les données essentielles concernant les éléments de la vie et de l'action de Jean Moulin . Une petite parenthèse : à propos de l'auteur d'"Une jeunesse française", vous l'avez sans doute remarqué, depuis que le biographe s'est attaqué à certaines pratiques de la direction du "Monde" et qu'il est poursuivi par le triumvirat du journal, il est devenu moins fréquentable dans les forums SGM... on commence à lui trouver toutes sortes de travers et d'erreurs, après avoir largement puisé dans son bouquin "Vies et morts de Jean Moulin"... Toujours du côté du manche les bonnes petites consciences frileuses... C'est navrant et c'est surtout l'expression d'un manque de personnalité et de courage ! Mes petites pointes sur les copieurs n'étaient pas si exagérées...Fin de la parenthèse.
A propos du représentant du général de Gaulle, je n'ai pas encore découvert d'élément(s) historiques ou biographique nouveau(x) dans le bouquin d'Azéma. En revanche, lorsque le spécialiste de la Résistance travaille sur "l'histoire de l'Histoire" de la Résistance et de la trajectoire de Moulin devenu mythe et héros national consensuel et présente à son lecteur les interprétations idéologiques successives qui furent données de tel événement de la vie de l'ancien préfet, je le trouve passionnant. Sa relecture du transfert des cendres au Panthéon est un exemple de ce que l'on ose nommer la "socio-histoire", où le chercheur intègre des outils empruntés à la sociologie, mais aussi à la sémiologie. (Marc Ferro déplora longtemps le peu d'intérêt porté par ses confrères à l'analyse rigoureuse des images pour la recherche historique : cinéma , TV, journaux et aujourd'hui Internet...)
C'est ce projet de relecture que je trouve très utile dans le livre d'Azéma, peut-être davantage qu'une "nouvelle" biographie qui redit avec un éclairage plus "objectif" ce que les précurseurs ont découvert.
Cordialement,
René Claude |