Bonsoir,

Les "Mémoires" de Rémy fourmillent d'anecdotes tantôt drôles, tantôt émouvantes, souvent dramatiques.
Comme détente du week-end, une anecdote drôle :

Rémy est en mission au Portugal où il envisage d'installer un relais pour son réseau. A l'aéroport de Barajas, un douanier lui pose une question dont il ne comprend pas le sens. Un inconnu, qu'il prend pour un gentleman anglais, se propose aimablement comme traducteur.
Lorsqu'ils embarquent dans l'avion, Rémy remarque que son interprète bénévole tient à la main une grosse enveloppe revêtue de cinq cachets portant le sceau de l'aigle à croix gammée.
Dans l'avion - un vieux Junker précise Rémy - la conversation s'engage. L'Allemand se croit obligé de formuler quelques regrets polis sur le malheureux sort de la France. La partie n'est pas encore jouée, répond Rémy, l'invasion de l'Angleterre ne s'est pas faite...
Rémy intarissable :
Savez-vous que, voilà quinze jours, le chancelier Hitler a fait parvenir par une voie neutre un télégramme à M. Churchill,lui proposant de le rencontrer secrètement à Fontainebleau avec Mussolini afin d'en finir avec cette guerre?
L'Allemand sursaute ! Rémy le rassure aussitôt ! "C'est une histoire qu'on raconte".

M Churchill arrive à Fontainebleau ou l’attendent le Führer et le Duce. Le Führer lui fait les honneurs du château. Après quoi il le conduit à une table magnifiquement dressée au bord du célèbre étang aux carpes:
- Voila ce que j ai à vous dire, Churchill. Cette guerre ne peut durer. J'ai préparé un document, il vous suffit de le signer et l' Europe retrouvera immédiatement la paix.
- Que dit ce document? demande Churchill
- Simplement ceci : vous reconnaissez que l’Angleterre a perdu la guerre.
- Je suis désolé de ne pouvoir signer cela, dit Churchill, mais je ne suis pas d accord avec cette déclaration.
- C’est ridicule ! s'exclame le Führer en donnant un grand coup de poing sur la table. Rendez-vous donc à l’évidence !

M. Churchill secoue doucement la tête, avale une gorgée de son thé et propose :
- En Angleterre, nous aimons régler les affaires par un pari. Voulez- vous que nous en fassions un ? Celui qui l’aura perdu reconnaîtra qu’il a aussi perdu la guerre.
- Quel par i? demande Hitler, méfiant.
- Vous voyez ces grosses carpes qui nagent à fleur d’eau ? Parions que le premier qui s’emparera de l’une d’elles sans employer aucun des moyens habituellement utilisés pour ta pêche aura gagné la guerre.

- C’est tout ? Entendu ! Je commence !
Hitler sort immédiatement son pistolet de l’étui qu’il porte à sa ceinture, et tire les six balles du chargeur sur la carpe la plus proche. Celle-ci continue à nager comme si de rien n’était.

- A toi, Musso ! ordonne-t-il, dépité. On m’a dit que tu es un excellent nageur ... A l’eau, tout de suite !
Mussolini obtempère immédiatement et, se débarrassant de son uniforme sous lequel, dit-on, il porte constamment un caleçon de bain, se jette dans l’étang. Il passe près d’une carpe, referme les bras sur elle, mais le poisson lui glisse entre les mains. Il essaie d’une autre, sans plus de succès. Au bout d’un quart d’heure, épuisé, hors d’haleine, il revient sur la berge.

- A vous, Churchill ! dit Hitler. Voyons ce que vous savez faire, puisque vous êtes si malin !

Churchill prend sa cuiller à thé, la plonge dans l’étang, jette l’eau qu’elle contient par-dessus son épaule. Puis il recommence, inlassablement.

Bouche bée, le Führer regarde son manège, puis, s’impatientant, demande ce qu’il signifie.
- Ce sera long, répond Churchill sans s’émouvoir. Mais je crois que nous allons gagner la guerre.

Bien humoristiquement,
Francis.