Bonsoir,
A propos du "Statut des Juifs", de longs échanges, à diverses reprises, ont opposé :
- d'une part, les tenants d'un statut autonome c'est-à-dire d'une initiative de Vichy, latente avant Vichy, mûrie à l'occasion de l'accession au pouvoir de Pétain, inscrite au coeur de la Révolution nationale.
- d'autre part, les tenants d'un statut sous la pression allemande.
Apportons une pierre à l'édifice des tenants de la première hypothèse.
Dès le mois de juin 1940, un petit nombre de Français ont immédiatement perçu et compris que le nouveau régime, sous la houlette de Pétain, mettrait en place des mesures antisémites.
Ce fut le cas de René Cassin [*]. Le juriste, proche du pouvoir et des intrigues qui s'y nouaient, oeuvrait au sein du Commissariat général à l'Information lors des jours sombres de mai/juin 40.
Le 17 juin 1940, René Cassin est à Bordeaux où il a suivi le gouvernement. Ce jour là, particulièrement lucide et bien informé, il prophétise dans son journal "
Servir la France" : "
de biens sombres perspectives pour les juifs".
Le 17 juin c'est le lendemain de la démission de Paul Reynaud et la désignation de Pétain chargé de former un nouveau gouvernement.
Le 22 juin, alors qu'il se prépare à rejoindre l'Angleterre, il note encore dans son journal : "
je dois combattre et si je reste, je serai menacé et ne pourrai plus enseigner".
Le 22 juin, c'est la date de la signature de l'Armistice.
Bien cordialement,
Francis.
[*] Il a souvent été question de René Cassin sur LdG. Sa biographie sur l'Ordre de la Libération :