Bonsoir,
Il est effectivement dommage que l'ouvrage de Michèle Cointet soit si peu cité comme référence importante pour comprendre les relations entre l'Eglise et le régime de Vichy. L'historienne a eu accès à de nombreuses archives jusque là inconnues ou occultées, qui montrent à quel point l'Eglise de France - nous entendons son appareil et sa hiérarchie - s'est compromise avec le régime... par inclination, par opportunisme, par intérêt, par reconnaissance et peut-être aussi, comme le souligne Cointet, par indifférence profonde à la politique.
Il ne s'agit pas de sombrer dans le manichéisme, dans un sens comme dans un autre. Michèle Cointet fait une distinction très nette entre d'une part, l'institution acquise au Pétainisme, en démontrant ses compromissions et ses silences et, d'autre part, les chrétiens - quelques évêques compris - qui , presque toujours à titre individuel, ont refusé l'inacceptable. L'historienne accorde une place importante à la résistance - proportionnellement considérable - issue des milieux catholiques: prêtres, mouvements de jeunesse ou les Cahiers du Témoignage chrétien, etc... Cependant l'héroïsme des uns n'exonère pas les autres de leurs défaillances comme on a souvent tenté de le faire. Et ce n'est pas la déclaration solennelle de repentance, cinquante ans plus tard, qui y changera quoique ce soit.
Un chapitre important est réservé aux réactions de l'Eglise face à l'antisémitisme. Le constat est accablant. Il fallut attendre 1942 pour entendre les premières protestations, qualifiées par Michèle Cointet de "protestations à messe basse". Encore une fois, évitons le manichéisme! Cointet rend également justice à Monseigneur Saliège, par exemple, qui le premier s'éleva contre les rafles des Juifs. Elle rend justice également aux nombreux chrétiens engagés autour du père Chaillet, autre exemple parmi bien d'autres encore.
Bien cordialement,
Francis. |