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-1Le plébiscite de la Sarre de Francis Deleu

Le regard posé par Léon Blum sur le plébiscite de la Sarre de Francis Deleu le dimanche 06 janvier 2008 à 22h40

Bonsoir,

Dans le journal "Le Populaire" du 16 janvier 1935 sous le titre "La Sarre s'est prononcée pour le rattachement à l'Allemagne", Léon Blum propose une analyse amère d'un vote signifiant non seulement le retour à la patrie allemande mais aussi la soumission au régime hitlérien
Le vote est désormais acquis. Notre devoir est aujourd'hui de l'interpréter avec bonne foi, et s'il se peut, avec clairvoyance, de même que le devoir de la Société des Nations sera demain de l'appliquer avec équité.
Bien que nous ayons soutenu de toute notre ardeur, de toute notre énergie, l'héroïque campagne de nos camarades de la Sarre, je n'ai jamais, quant à moi, nourri d'illusion sur son succès. J'ai toujours pensé que le vote dégagerait une majorité nette en faveur du rattachement immédiat à l'Allemagne. Mais j'avoue que je ne m'attendais pas - et que personne, je crois, ne s'était attendu - à une majorité aussi écrasante. Je tiens à le dire tout haut comme je le pense : quels que soient les excès, quelles que soient les horreurs imputables aux bandes hitlériennes en Sarre, on a peine à concevoir que la pression exercée par elles suffise à expliquer un tel résultat.
Dans son ensemble, la population de la Sarre a voulu rester allemande. Telle est la signification profonde de son verdict, et il ne servirait à rien de la chicaner. Pour bien comprendre, faisons l'effort de nous reporter de quelques années en arrière. Qui doutait alors que le plébiscite dût aboutir à un vote à peu près unanime en faveur du retour au Reich allemand ? Les négociateurs du Traité de Ver­sailles avaient eu sans doute une autre arrière-pensée; ils avaient escompté les effets moraux et politiques de l'attraction française, les effets économiques de la cession du bassin minier à la France. Mais la suite des choses avait déjoué leurs prévisions ou leurs précautions. Je le répète, si l'échéance du plébiscite fût tombée il y a trois ou quatre ans, le monde entier eût attendu le vote sans curiosité, parce qu'il n'eût présenté nulle incertitude.
C'est depuis la révolution nazie qu'un doute, et un grave doute, s'était introduit. Le vote, en effet, ne signifiait plus seulement le retour à la patrie allemande, il signifiait la soumission au régime hitlérien, à ce régime dont l'iniquité absurde et barbare soulevait la réprobation de l'univers civilisé, à ce régime qui avait tenté de détruire, par le fer et par le feu, socialisme et communisme, à ce régime qui avait entrepris contre la culture et la moralité chrétiennes une guerre d'extirpation. Le plébiscite semblait ainsi se présenter sous une face entièrement nouvelle, puisque socialistes, communistes et catholiques réunis formaient en Sarre une majorité. C'est alors que le Front de la Liberté entreprit sa campagne magnifique, que l'unité d'action se noua en Sarre entre les partis prolétariens. Et chacun de dire: « Qui sait ? ... » Entre la fidélité patriotique et l'horreur du régime hitlérien, de quel côté va pencher la balance ? Elle a penché du côté de la fidélité patriotique, de la volonté allemande. Ne nous imaginons pas que les centaines de milliers d'hommes et de femmes qui ont écarté le statu quo - y compris l'unanimité des catholiques - soient devenus du jour au lendemain des fanatiques du régime hitlérien. Non pas: ils le connaissent bien, et très probablement ils le jugent comme nous. Mais leur volonté allemande a été cependant la plus forte. C'est elle qui a prévalu encore plus que les pressions et les menaces. Il ne sert à rien de se duper soi-même et de fermer volontairement les yeux à la vérité. Le fait est là. Mais un autre fait se présente avec la même netteté. Si la masse de la population sarroise a préféré l'Allemagne, même hitlérienne, cinquante mille hommes et femmes, cinquante mille socialistes et communistes ont préféré la liberté. En votant le statu quo, ils n'ont fait qu'user d'un droit créé par les contrats internationaux, consacré par la Société des Nations et mis en pratique sous son autorité. Il n'est pas possible qu'ils soient les victimes du droit créé, consacré et organisé à leur profit. Il n'est pas possible que la Société des Nations, garante des contrats, les livre aux atroces représailles qui les guettent. A-t-elle conscience de son devoir ? Quelles mesures compte-t-elle prendre pour l'accomplir? M. Flandin a posé la ques­tion dans la déclaration qu'il vient de rendre publique. Le socialisme français et le socialisme international tiendront la main à ce qu'elle reçoive les solutions qu'exigent le droit humain, et le droit tout court. [*]
Bien cordialement,
Francis.

[*] Source : "L'oeuvre de Léon Blum (1934-1937) : Du 6 février 1934 au Front Populaire - Les Lois sociales de 1936 - La guerre d'Espagne" , Editions Albin Michel, 1964.

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