Bonjour,
René Claude :
"Comme en littérature ou dans le cinéma, les historiens ont leurs livres "cultes". C'est parait-il le cas de cet essai de John Costello. Comme je l'ai pas lu, j'aimerais savoir :
1) Si c'est effectivement un bouquin "culte" pour une génération de chercheurs.
2) Si oui, pourquoi ?"
Peut-être en raison de ces révélations, énumérées dès le chapitre I :
Longtemps cachées par les Britanniques, ces pièces désormais retrouvées nous révèlent que:
• Contrairement à ses dires, Churchill a comploté activement pour prendre le pouvoir le 9 mai 1940, puis en venir à ses fins grâce à un coup de bluff habilement exécuté.
• Chamberlain s'est entendu avec Churchill pour que celui-ci devienne Premier ministre, car il savait que lord Halifax, désigné aux Affaires étrangères par le parti conservateur, était partisan d'une politique d'« apaisement » vis-à-vis de Hitler.
• Divers membres influents du premier cabinet de Guerre formé par Churchill voyaient en celui-ci « l'homme de la situation », le Premier ministre de transition qu'il conviendrait d'évincer et de remplacer sitôt que Hitler proposerait une paix avantageuse qui sauvât l'empire.
• Hitler a pris la « décision politique » d'arrêter l'offensive des divisions Panzer sur Dunkerque au moment même où le cabinet de Guerre britannique délibérait sur l'opportunité d'une paix secrète.
• Au cabinet de Guerre, une majorité s'était dégagée pour brader Gibraltar et Malte en échange de la garantie pour la Grande-Bretagne de continuer à exercer sa souveraineté sur l'empire.
• Epouvanté par le tour que prenaient les événements, Roosevelt a sollicité l'appui du Premier ministre canadien pour torpiller les propositions, faites par Hitler, de conclure une « paix avantageuse ».
• Le 24 mai, les dirigeants français croyaient que la Grande-Bretagne ne poursuivrait pas la lutte, mais accepterait de signer les accords de paix formulés, par la médiation de Mussolini, à la fin du mois de mai 1940.
• Si Churchill — et la Grande-Bretagne — ont tenu bon, c'est uniquement parce que le Premier ministre a eu recours à des intrigues machiavéliques, joué le tout pour le tout et risqué un habile coup de bluff pour empêcher son ministre des Affaires étrangères de rallier le cabinet de Guerre à l'acceptation d'une formule de paix séparée concoctée par R. A. Butler. Une dépêche envoyée par le sous-secrétaire d'état de lord Halifax avait fait savoir à Berlin que « le bon sens et non l'esprit de bravade » commandait à la Grande-Bretagne de négocier, non de combattre Hitler.
• L'arrestation d'un employé du chiffre de l'ambassade des Etats-Unis à Londres, et qui espionnait pour le compte des Soviétiques, était une opération « choc » montée par le MI 5 afin de donner à Churchill les moyens d'imposer une loi anticinquième colonne que l'on pourrait appliquer aux sujets britanniques convaincus de comploter pour pactiser avec Hitler.
• Deux jours après que Churchill eut déclaré le 13 mai que la Grande-Bretagne se battrait jusqu'au bout (« We shall never surrender »), lord Halifax et R. A. Butler faisaient savoir à Berlin, par le canal de la Suède, qu'une proposition de paix britannique serait formulée dès que la France aurait arrêté les combats et signé un armistice avec dallemagne, ce qui sera fait le 22 juin 1940.
• Joseph Kennedy, l'ambassadeur des Etats-Unis qui avait continué à entretenir des relations directes avec certains agents nazis, a joué un rôle d'intermédiaire dans les complots ourdis en 1940 à dessein d'établir la paix. En outre, Joseph Kennedy exerçait un chantage sur Roosevelt afin de le dissuader de se présenter à nouveau à l'élection présidentielle, cela dans le dessein de mettre un terme à l'aide apportée par les Etats-Unis à la grande-Bretagne et de contraindre celle-ci à ouvrir avec Hitler des pourparlers de paix,
• Des rapports secrets envoyés par le cabinet britannique à Uoosevell par l'entremise de Kennedy ont été communiqués à Berlin par ce dernier, qui souhaitait que cesse une guerre coi lira ire a certains intérêts financiers.
• Les Britanniques ont tenté de compromettre Kennedy et d'obtenir son rappel par Washington en faisant savoir, sous couvert d'une fuite, au Département détat, que l'ambassadeur américain à Londres hébergeait à la chancellerie un agent allemand ayant pour nom de code « Le Docteur ».
• Le duc de Windsor et divers autres membres de la famille royale ont entretenu les Allemands dans l'espoir que la paix pourrait être négociée dans un proche avenir.
• L'ordre, donné par Churchill, de couler bas la flotte française de Mers el-Kébir en juillet 1940, obéissait à une nécessité politique et non pas militaire. En effet, pour convaincre Roosevelt, il lui fallait faire la preuve que la Grande-Bretagne était résolue à continuer la lutte contre l'Allemagne.
• L'écoute téléphonique, par le FBI, du consulat général de l'Allemagne à San Francisco, a révélé qu'au cours de l'automne 1940 la faction du gouvernement britannique hostile à Churchill continuait à l'étranger ses menées en faveur de la paix, et qu'à cette époque cette faction s'est assurée l'appui du cardinal Spellman et du directeur de General Motors, James D. Mooney.
• L'ambassadeur britannique en Suisse a ouvert des pourparlers si prometteurs avec des émissaires allemands que les Affaires étrangères ont dû lui donner l'ordre de mettre un terme aux négociations.
• Le projet conçu par Hess de s'envoler pour lecosse a pris corps dans les derniers jours de la bataille de France, puis a été conforté en septembre 1940, après que Hess eût appris que la Grande-Bretagne continuait à « sonder le terrain », par le biais de la Suisse et de lespagne, pour tenter de pactiser avec l'Allemagne.
• Le Ml 5 a contré la première initiative de paix prise par Hess pour en faire une opération boomerang qui consistait à attirer ce dernier dans un traquenard, en prenant pour appât le duc de Hamilton et les ambassadeurs de Grande-Bretagne à Berne et à Madrid.
• Le Premier ministre britannique ignorait tout de l'opération montée contre Hess par le Ml 5, car il désapprouvait l'idée de donner à Hitler de faux indices qui amèneraient celui-ci à supposer la Grande-Bretagne prête à négocier.
• Le spectaculaire parachutage de Hess au-dessus de lecosse n'a pas laissé à Churchill d'autre choix que de noyer le poisson en dénaturant les faits, d'étouffer l'affaire afin de protéger non seulement le duc de Hamilton, mais aussi ses collègues du parti conservateur et les diplomates qui croyaient encore qu'on pouvait conclure une paix honorable avec Hitler.
Cordialement
Laurent |