Si les militants et les cadres du PCF clandestin arrêtés ont quasiment tous parlé sous les tortures ou la menace de tortures physiques et morales*, les compte-rendus d'interrogatoire le prouvent sans conteste, eux qui se présentaient comme les éclaireurs infaillibles, les soldats de fer de première ligne de la future armée rouge en France, peut-on encore accepter sans sourciller l'affirmation selon laquelle des résistants des mouvements, réseaux et partis non-communistes tombés entre les mains des flics de l'Etat de Pétain et/ou des agents de l'Abwehr et de la Gestapo n'auraient rien lâché ou alors des broutilles ? C'est tout simplement impensable. Je rappelle, une fois encore, qu'il n'est pas question ici ou ailleurs dans d'autres débats de jugement moral mais de la quête constante de la réalité. (Et puis, qui sommes-nous, bien au chaud derrière nos écrans plus de 60 ans après la guerre pour juger ces hommes et ces femmes qui ont tous cherché à faire quelque chose contre le nazisme et l'Etat de Vichy ?)
Après le travail de Denis Peschanski sur la MOI-FTP et celui de Jacques Baynac sur les multiples réseaux auxquels fut lié Jean Moulin, réseaux qui tous connurent des coupes sombres pratiquées par les polices françaises et allemandes, le livre de Berlière et Liaigre remet les pendules de l'histoire du PCF clandestin à l'heure et renvoie des clichés et mythes au domaine des fables propagandistes de l'après-Libération. Tôt ou tard les archives sont déclassifiées et parlent aux chercheurs obstinés et méthodiques.
RC
* Berlière et Liaigre mentionnent les cas rares de communistes n'ayant rien lâché. |