Cela ne les excuse en rien. On pourrait en montrer bien d'autres des photos d'enfants assassinés et en mettre en ligne bien d'autres des récits d'horreur. Parler des crimes de l'armée allemande ne me pose aucun problème. Et des autres non plus. Je n'ai aucun problème à parler d'Oradour ou de Lidice, ni de Katyn ou de Dresde. Ni d'Auschwitz (que je ne mets d'ailleurs pas sur le même plan). Mais je trouve le procédé qui consiste s'envoyer des cadavres au visage assez abject.
Il est exact que les passions l'emportent encore souvent et que les "dérives" d'un camp ont été autant passées sous un silence pesant que celles des autres - infiniment plus nombreuses et répondant à l'idéologie véhiculées par le régime hitlérien - ont parfois été systématisées sans recul ni nuance. Sur cet aspect des choses, je suis de votre avis.
Mais toutes choses ne sont justement pas égales par ailleurs comme tentent de le présenter certains nostalgiques. Lidice et Oradour ne répondent pas à Katyn ou Dresde et chaque fait est à prendre indépendamment. Auchwitz étant à plus forte raison à mettre totalement à part comme le symbole d'un système génocidaire sans équivalent dans l'histoire.
La plupart des Waffen SS français ont quant à eux survécu à la guerre et ont repris une vie normale souvent après quelques années de prison. Qu'une douzaine ait été froidement exécutée peut être considéré comme indigne mais comme vous le rappelez ce genre de dérive est malheureusement très fréquent quel que soit le conflit et le camp. Ce qui est déjà infiniment moins fréquent, c'est l'organisation, la planification, la justification au plus haut niveau de telles exactions. Jamais le camp occidental n'a érigé l'exécution de prisonniers ou la terreur des populations en modus operandi politique si l'on excepte peut-être certains bombardements stratégiques qui n'auraient jamais du être ordonnés. L'Allemagne nazie n'a en revanche pas cessé de le faire tel Himmler présentant la terreur inspirée par "ses" SS comme "une arme extraordinaire devant être renforcée". Et les Soviétiques me direz vous ? Au moins ont-ils "l'excuse" de n'avoir rien demandé mais d'avoir, en juin 1941, vu leur patrie (le mot est important) envahie sans coup férir par les "fascistes" et dans les semaines suivantes des régions entières mises à sac. L'esprit patriotique et la soif de vengeance, habilement instrumentalisé par Staline et la Stavka, eut un fondement qui n'excuse rien mais éclaire indéniablement certains comportements. Ce que les Allemandes malheureusement violées en grand nombre notamment en Prusse-orientale ont certainement amèrement regretté après coup, c'est d'avoir applaudi à tout rompre les discours enflammés d'Hitler au temps du triomphe à l'Est.
Quant à défendre la mémoire des Légionnaires ou W-SS français, aucun à ma connaissance n'a renié son engagement de jeunesse à l'inverse d'un Gunther Grass qui évoque aujourd'hui sa "coresponsabilté" bien que n'ayant jamais tiré un coup de feu. C'est à dire que sous couvert d'avoir combattu un totalitarisme honni, les volontaires français en ont sans hésitation servi un autre, sous son propre uniforme (pas seulement un uniforme étranger, celui de l'ennemi occupant leur propre pays - imagine t-on des volontaires français coiffant le casque à pointe en 1871 pour défendre le pangermanisme ?), avec tous les présupposés idéologiques diffusés par celui-ci et qui plus est, ayant été l'agresseur. L'anticommunisme se retrouvait également chez pas mal de Français Libres. Mais eux avaient indéniablement le sens des priorités. |