Assassinats Mandel et Zay : version Laval - Chronique de la Résistance - forum "Livres de guerre"
Pour profiter de
tous les avantages
de ces pages, vous
devez accepter
les cookies



Forum
des livres, revues, sites, DVD, Cd-rom, ... , sur la 2e Guerre Mondiale, de 1870 à 1970
 
 Le débat sur ce livre
 
 L'accueil
 Le menu
 Le forum
 Les livres
 Ajouter un livre, ...
 Rechercher
 Où trouver les livres ?
 Le Glossaire
 Les points
 Les pages LdG
 L'équipe
 Les objectifs
 La charte
 Droit de réponse
 L'aide
 
 
 

 


La description du livre


Et les autres livres cités


La description de ce livre

Chronique de la Résistance / Alain Guérin

En réponse à -2
-1Questions de méthode autour d'un assassinat de françois delpla

Assassinats Mandel et Zay : version Laval de Francis Deleu le dimanche 04 novembre 2007 à 19h24

Bonsoir,

Tant que nous y sommes, pourquoi ne pas produire la version de Pierre Laval ? Comme pour Fernand de Brinon, la relation, in extenso, est extraite du l'ouvrage "Laval parle" écrit pendant son incarcération.
J'ai eu l'occasion de m'expliquer devant la Haute-Cour de jus­tice au sujet du meurtre de M. Mandel et de celui de M. Jean Zay. Je crois utile de donner les précisions suivantes :
J'avais un jour été mis au courant par l'ambassadeur d'Alle­magne de la décision prise par son gouvernement de remettre aux autorités françaises MM. Paul Reynaud, Léon Blum et Georges Mandel, déportés et détenus en Allemagne, pour qu'ils soient fusillés à titre de représailles contre la condamnation à mort de l'amiral Derrien par le Conseil de guerre d'Alger. J'avais énergiquement protesté et j'avais spontanément repoussé cette proposition aussi injuste qu'odieuse du gouvernement allemand. MM. Paul Reynaud, Léon Blum et Georges Mandel ne pouvaient, à aucun titre, être rendus responsables des condamnations prononcées à Alger, mais, sachant par cette communication que leur vie était menacée, je décidai de faire informer le Comité d'Alger par le gouvernement espagnol de la communication que j'avais reçue et de la réponse négative que j'avais faite.

Je vis M. de Lequerica, ambassadeur d'Espagne, et je lui remis une note qu'il accepta de faire porter à la connaissance du Comité d'Alger. J'informai M. Abetz de ma démarche et de l'acceptation de M. de Lequerica de remplir la mission dont je l'avais chargé.
Je mis le Conseil des ministres au courant et lui communiquai le texte de ma note à M. de Lequerica, dont la copie doit se trouver dans les archives du Quai d'Orsay. J'appris plus tard par M. de Lequerica que le Comité d'Alger avait remercié le gouvernement espagnol de sa démarche.

J'espérais ainsi avoir trouvé une solution satisfaisante, en avoir terminé avec le gouvernement allemand, et avoir évité des consé­quences dramatiques. Ma réponse négative à l'odieuse proposition du gouvernement allemand, transmise par l'ambassadeur d'Allemagne, avait été claire et catégorique.
Or, à une date ultérieure que je ne saurais préciser, je reçus dès mon arrivée à Vichy un coup de téléphone de Brinon m'annonçant la mort de M. Mandel en France, sans pouvoir rien ajouter d'autre. Je lui demandai de convoquer aussitôt Knipping qui avait dû l'in­former. A mes questions pressantes, M. Knipping répondit ne savoir rien d'autre et promit de me donner les résultats de l'enquête qu'il faisait.
Darnand, aussitôt appelé par moi, vint me voir à mon bureau à Vichy, et il me confirma la mort de Georges Mandel. Croyant ce dernier en Allemagne, je demandai à Darnand comment il avait appris cette nouvelle. Il m'expliqua que la veille Georges Mandel avait été remis à ses services à Paris par la police allemande, et qu'il était donc décédé en France. Je le pressai de questions auxquelles il me dit être incapable de répondre. Il affirma qu'il avait reçu cette nouvelle, mais qu'il ignorait dans quelles circonstances était survenue la mort de Mandel, et qu'il n'avait aucune information concernant la remise de M. Mandel à ses services. "Knipping seul pourra vous mettre au courant", me dit-il. Je décrochai aussitôt l'appareil qui me mettait en communication directe avec M. de Brinon à Paris. Knipping se trouvait à ce moment près de lui et j'appris que M. Mandel avait été la veille remis à ses services, qu'ils l'avaient remis à M. Baillet qui l'avait fait écrouer à la Santé et que, le lendemain matin, il avait été dirigé au Château des Brosses, près de Vichy, où il devait être interné - qu'en cours de route la voiture qui le transportait avait été attaquée et que, lors de l'échauffourée, Mandel aurait été tué.
Je protestai avec indignation et avec véhémence. Je demandai pourquoi je n'avais pas été prévenu de la remise de M. Mandel, pour­quoi M. Baillet ne m'avait pas prévenu de son incarcération à la Santé - pourquoi M. Mandel devait être transféré au Château des Brosses - et je ne cachai pas mon sentiment sur la cause véritable de sa mort. L'explication provisoire que me donnait M. Knipping était la même que celle qui m'avait été donnée auparavant au sujet de l'attentat commis contre M. Jean Zay; j'en arrive ainsi à la deu­xième question.

M. Jean Zay était détenu à Riom. Les services de M. Darnand avaient décidé son transfert à la Maison centrale de Vaucluse. En cours de route, la voiture qui le transportait aurait été attaquée dans la direction de Sancoins par des hommes armés qui se trouvaient sur un camion. M. Jean Zay, qui serait descendu, aurait été blessé et probablement enlevé par les agresseurs. Un homme se trouvant dans la voiture qui avait conduit M. Jean Zay aurait été également blessé.
Je pus croire à ce moment à une opération du Maquis en faveur de M. Jean Zay, pour le libérer. Je priai M. Darnand de me tenir informé et je convoquai M. Buffet, vieux fonctionnaire, chef des services de Sûreté. Je le chargeai de suivre avec soin cette affaire et de me renseigner.
Mme Jean Zay vint me voir à Vichy. Je lui dis tout ce que je savais et je la priai de son côté de me dire ce qu'elle apprendrait, car je restais inquiet sur le sort de M. Jean Zay qu'on me disait avoir été blessé. Ne recevant aucune information, je demandai à M. Darnand ce qu'il était advenu du Milicien qui avait été blessé, si la blessure était grave et où il était soigné. M. Darnand me promit de me renseigner et, quelques jours après, il m'était apporté par un de ses colla­borateurs un certificat en trois lignes émanant d'un hôpital militaire allemand de Moulins. Il me fut affirmé que le certificat concernait bien l'un des hommes chargés d'accompagner M. Jean Zay.

Je ne sus rien d'autre jusqu'au jour où Mme Jean Zay vint me revoir à Vichy. Elle était inquiète parce qu'elle avait appris que M. Buffet aurait déclaré que son mari avait été assassiné.
Je convoquai aussitôt M. Buffet qui nia avoir tenu ce propos mais qui, après le départ de Mme Jean Zay, me dit sa conviction de l'assassinat. Mme Jean Zay me fit part d'une lettre qu'elle avait reçue, qui n'était pas de l'écriture de son mari, mais qui contenait des expressions que lui seul pouvait connaître et qui constituaient entre eux une sorte de code pour le renseignement que donnait la lettre. Elle avait enregistré la négation du propos prêté à M. Buffet et elle n'avait pas perdu tout espoir, en raison notamment de cette lettre reçue. Je lui montrai tous les papiers concernant l'enquête faite, parmi lesquels figurait le certificat allemand. Je ne voulais pas la décourager, mais j'avais le pressentiment que son mari avait été assassiné. Un assez long délai s'était écoulé et il me paraissait sur­prenant, voire impossible, que, par un moyen quelconque, M. Jean Zay ne lui ait pas fait donner de ses nouvelles. La Libération est venue. M. Jean Zay n'a jamais été retrouvé. Son assassinat ne fait donc malheureusement aucun doute.

J'étais lié d'amitié avec M. Georges Mandel depuis trente années. J'avais facilité sa première entrée dans les conseils du Gouvernement - comme il avait voulu lui-même, jadis, me faire entrer dans le cabinet Clemenceau, ce que je ne pus faire, le Parti socialiste auquel j'appartenais ayant refusé sa collaboration. Nous avions eu des relations très suivies et elles restèrent toujours très amicales, même lorsque nous étions séparés par des désaccords politiques. S'il était vivant, je suis sûr qu'il me défendrait, lui qui me connaissait bien, contre certaines attaques.
Je fus très affecté par sa mort, et je le fus d'autant plus qu'elle se produisit dans des circonstances tragiques que je n'avais pu empêcher, alors que je croyais lui avoir sauvé la vie.

J'avais toujours entretenu également de bons rapports avec Jean Zay.

Après l'assassinat de M. Mandel, je donnai l'ordre formel à Darnand et à Knipping de refuser de recevoir M. Léon Blum et M. Paul Reynaud ou telle autre personnalité française des mains des autorités allemandes - de me prévenir immédiatement de tout ce qui pourrait leur être transmis à leur sujet - et je renouvelai à l'ambassadeur d'Allemagne ma protestation contre de tels procédés inhumains et barbares.

Je fis part au Conseil des ministres de mon indignation et je priai le Garde des Sceaux d'ouvrir une information judiciaire pour déterminer les circonstances de la mort de M. Mandel et poursuivre les responsables. M. Gabolde avait déjà fait le nécessaire et il promit de suivre cette affaire.

Les événements militaires se précipitaient et l'enquête ne parais­sait pas close lorsque je fus contraint de partir pour l'Allemagne le 17 août 1944.
Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

lue 4255 fois et validée par LDG
 
décrypter

 



Pour contacter les modérateurs : cliquez !

 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes