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Zidou l'Gouddam ! / Jérôme Leygat

 

Zidou l'Goudam de Jean - Stéphane BETTON le mercredi 24 octobre 2007 à 16h57


« Zidou l’gouddam ! »

« Zidou l’gouddam… En colonne, en avant ! » Voici le récit palpitant et vécu d’un morceau d’Histoire française en même temps que le roman vrai de l’initiation d’un jeune homme engagé volontaire dans l’armée d’armistice au lendemain du désastre de 1940. L’auteur, Jérôme Leygat, un marin ami, fait ici œuvre de piété filiale puisque le jeune homme en question n’est autre que son propre père.

Fils d’un Garde Républicain très grièvement blessé en défendant l’Assemblée Nationale sur son cheval – le brave « Fulgurant » - pendant les émeutes de février 1934, Georges Leygat est l’enfant d’une stricte éducation protestante et républicaine. Il grandit sur le pavé des cours de casernes parisiennes au milieu des hommes et des chevaux des escadrons de la Garde. Très tôt, il est initié à l’art équestre par les meilleurs écuyers de son temps.

Né après l’hécatombe de la première guerre mondiale, n’ayant connu ni Verdun, ni personnellement subi la défaite du printemps 1940, notre jeune homme échappe naturellement « à la panade nationale » ambiante ainsi qu’au morne fascination qu’exerce sur presque tous à l’époque le Maréchal Pétain.

Il a 19 ans lorsqu’il s’engage à Grenoble dans un régiment d’Artillerie sans artillerie où il s’ennuie ferme. C’est un imaginatif qui rêve d’aventure et surtout de se réconcilier avec l’avenir… « Foutre le camp de ce pays endormi ! »
L’occasion ne tarde pas à se présenter et comme toujours c’est une rencontre… Maître de manège du régiment, sa fonction équestre lui vaut, malgré son absence de grade, l’estime et « une sorte d’amitié » de la part d’un officier, le capitaine Barral, qui ne se résigne pas à la défaite et organise l’échappée de son protégé vers l’Afrique du nord… Pour Georges, c’est une promesse d’aventure et de bonheur, un monde coloré et mystérieux s’ouvre devant lui.


En décembre 1940, sous le ciel de la Méditerranée, le « Sidi-bel-Abbès » file à quinze nœuds vers Oran, « alors que disparaissaient dans son sillage, le château d’If et les îles du Frioul (…) L’espoir ne pouvait venir que d’ailleurs… », Georges Leygat quitte Marseille sans billet de retour.

L’Afrique du Nord, c’est l’Empire encore intact où Weygand tente de réorganiser avec un « zèle biscornu » une armée sous le manteau, au nez et à la barbe de la commission d’armistice allemande. C’est donc au Maroc, dans un régiment d’Afrique, le 64° d’artillerie, que notre héros va découvrir le désert ainsi que beaucoup d’autres choses très intéressantes en attendant que des évènements décisifs ne viennent le cueillir…

Ceux-ci ne manquent pas de survenir en novembre 1942… Les anglo-américains débarquent en Afrique du nord, simultanément au Maroc et en Algérie… Les allemands se couvrent en Tunisie alors qu'en Lybie, Rommel commence à battre en retraite. En Russie, sur les bords de la Volga le piège mortel de Joukov se referme sur la VI° armée allemande de Paulus enfermée dans Stalingrad. Dans le Pacifique, les japonais depuis qu’ils ont tiré sur les moustaches du chat à Pearl Harbour ont enclenchés le mécanisme de leur désastre final. Ils n’ont pas mis six mois pour perdre à Midway la presque totalité de leurs porte-avions.

C’est donc bien le tournant de la guerre qui s’amorce en cette fin d’année 1942 en même temps que s’installe une période de grande confusion dans les esprits français marqués par la déchirure profonde qu’y a laissé l’horrible débâcle de l’été 1940… Spectacle écœurant d’une guerre civile franco française où notre héros, emprisonné à Mekhnès, failli bien être fusillé, il était moins une… Sauvé par la « Baraka » qui désormais ne le quittera plus et lui attirera la considération des « indigènes »!

Quel parti prendre, entre un vieux Maréchal – héros prestigieux d’une autre guerre - cloué à Vichy, un Général rebelle à Londres et un autre à peine évadé d’Allemagne et déjà instrument politique de Roosevelt ? Pétain, de Gaulle ou Giraud ? Où se trouve le devoir ? Alger bruit alors de mille intrigues…

Loin des complots algérois et des chemins tortueux de la politique, notre héros de 20 ans, pressé d’en découdre, se lance joyeusement avec ses compagnons d’armes dans les rudes combats de Tunisie aux côtés des américains contre les troupes aguerries de l’Afrika Korps du Maréchal Rommel et des italiens admirablement commandé par le général Messe. Premières victoires françaises… Joie !
Mai 1943, l’Armée d’Afrique défile dans Tunis en tête des armées alliées sur l’insistance du grand Eisenhower dont la vaste intelligence a saisi toute l’ampleur de la blessure d’honneur des français…
C’est une résurrection pour tout ces jeunes gens partis de France assoiffés de revanche et de victoire. Le spectre de 1940 s’efface un moment des esprits. « Nous en voulions tellement ! »

Tunis, 1943, c’est aussi l’ époque de l’amalgame difficile entre les 200 000 hommes de l’armée d’ armistice de Juin et les 15000 de la France Libre, de Koenig et de Leclerc qui de Bir Hakeim et du Tchad n’avaient jamais déposé les armes… Les dangereux ferments de la discorde divisent les français entre les purs et les moins purs… Sur ce point le livre apporte des observations sur le vif et un précieux témoignage vécu.

La campagne d’Italie peut commencer. L’Armée d’Afrique rééquipées de pieds en cap par le puissant allié américain va y jouer un rôle de premier plan. A défaut de reconnaissance politique immédiate, les « Africains » vont offrir à la France la reconnaissance militaire auprès des alliés.

L’auteur - dont le père est témoin et acteur en première ligne de ces évènements - ne nous dit jamais que la guerre est belle, oh non ! La gaité du récit traduit la jeunesse des hommes ou plus simplement une forme de courage et un état d’esprit fataliste propre à tous les soldats du monde… Il faut lire les durs combats à l’assaut de la ligne « Gustav » contre les troupes de Kesselring, imaginer ces figures guerrières anonymes et souvent cruelles, ces « indigènes » de l’Armée d’Afrique, arabes, berbères, bergers de l’Atlas poussant leurs mules sur les sentiers escarpés des Apennins, goumiers, tabors, spahis ou tirailleurs sénégalais, « nègres patriotes et batailleurs » venus des quatre coins de l’Empire se battre au côté des « européens ». Il y aussi les chefs, Juin, et Monsabert « Mon sabre », respectivement en radio Hannibal et Belphégor… belles figures en vérité.

Juin 1944, les « Africains » défilent dans Rome tout autant émerveillés par les splendeurs de la ville éternelle que par l’accueil délirant des belles romaines. Les trois couleurs de la France flottent de nouveau sur le Palais Farnèse et la Villa Médicis… Une foule pittoresque et guerrière se presse curieuse au Vatican pour apercevoir Sa Sainteté le Pape Pie XII ou parfois même pour recevoir une absolution… Aucune guerre ne se fait avec des saints !

Mais, au même moment, en Normandie, le débarquement relègue soudain au second plan le théâtre d’opération italien. La route de Vienne est définitivement barrée pour le Corps Expéditionnaire Français qui rêvait de mettre ses pas dans ceux de Bonaparte… Il est dissous à Sienne, en Toscane, le 22 juillet 1944. C’est à la 2° DB, que reviendra finalement l’honneur de libérer Paris et Strasbourg…à ceux que Malraux, le barde de la légende gaulliste, appellera bien plus tard les « clochards épiques de Leclerc » !
Non sans amertume après tant de sacrifices consentis, Juin quitte son commandement et s’envole pour Alger vers d'autres destinées.

Mais pour le Brigadier-Radio Leygat qui vient une fois de plus d’échapper à la mort - cette « baraka » toujours - et de gagner sa « Croix de Guerre », le combat continue. Il débarque à Sainte Maxime en Provence pour remonter victorieusement la vallée du Rhône avec l’Armée de Lattre de Tassigny. C’est bientôt Belfort et l’Alsace pendant le terrible hiver 1944/45 et les blindés de Rundstedt lancés une dernière fois contre Strasbourg. Au passage - et toujours dans la bonne humeur ! - Georges Leygat accroche étoiles et citations à sa Croix. La dernière lui est décernée par le Général Béthouard, héros de Narvik en 1940, et qui commande désormais face au Rhin le 1er Corps d’Armée français !
Le Reich assiégé est aux abois, mais les allemands ne lâchent rien et défendent furieusement contre la meute alliée. La suite pour les français, c’est la campagne d’Allemagne jusqu’à Berchtesgaden au nid d’Aigle d’Hitler… La traversée du Rhin, la Forêt Noire, le Danube, le lac Constance, Bregenz, le Vorarlberg, les Alpes autrichiennes… et puis le repos au bord d’un lac en Bavière en juillet 1945, l’été de la Victoire pour ceux qui sont encore vivants… Pour les amateurs de carte Michelin et de promenade en auto – j’en suis – quel voyage !

Je n’ai vu Georges Leygat que sur son lit de mort un jour du début de l’été 2004… Il y avait là quelques uns de ces compagnons d’armes. Je me tenais silencieux aux côtés de son fils Jérôme, intimidé par son chagrin, j’ai seulement fait le signe de croix en guise d’adieu pour un homme dont mon ami m’avait souvent conté les aventures lors de nos navigations au longs cours sur l’Atlantique…

Seule la victoire est jolie… Au moment de refermer la dernière page du livre de cette « jeunesse française » qui ne ressemble pas exactement à toutes les autres, il faut être reconnaissant à l’auteur d’avoir su mettre en ordre les notes de son père afin de nous livrer le témoignage vivant d’une épopée victorieuse et d’une certaine idée de la France à mille lieux de toute idéologie et de toute haine de soi. C’est la France du grand large, celle que nous portons dans nos cœurs sur tous les océans du monde. Son reflet brille parfois dans certains regards des peuples que nous visitons et face à tous les démons qui renaissent de siècles en siècles pour l’asservir, elle est l’éternelle jeunesse de Dieu qui entend se battre toujours afin de préserver pour elle et pour ses fils la libre créance humaine.




Moscou, Lycée Alexandre Dumas, ce 22 février 2007




Jean – Stéphane Betton
Professeur d’Histoire

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