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Chronique de la Résistance / Alain Guérin

En réponse à -3 -2
-1L'assassinat de Mandel de Francis Deleu

une mine ! de françois delpla le mardi 25 septembre 2007 à 07h06

merci beaucoup, Francis.

Les sources ne sont pas indiquées mais il semble s'agir d'une compilation de déclarations faites lors des procès d'après guerre. Il faut donc décrypter puisqu'en gros chacun des déclarants joue sa tête et son honneur. La tendance à refiler au voisin la responsabilité la plus lourde est générale. Le texte est donc non seulement utile pour éclairer la fin de Mandel, mais pour nourrir la discussion méthodologique que je propose, sur la possibilité de tirer une conclusion ferme sans un document qui la donne noir sur blanc.

Le clou, c'est ce Darnand qui s'énerve en disant que si les conneries continuent il va dissoudre la Milice ! Ici la preuve par la hiérarchie tient toute sa place. La Milice est une dépendance des SS, Darnand est un officier SS qui a prêté serment à Hitler et dans un contexte où la France reste occupée à un détail près, une armée anglo-canado-américaine sur un bout de la Normandie, on obéit sans hésiter, et on raconte n'importe quelle salade pour se justifier aux yeux du profane. En outre on s'inscrit dans la logique de toujours du crime nazi, qui consiste

1) à adresser des messages clairs à des destinataires qui se reconnaîtront sans peine

2) à faire comprendre au plus large public que l'heure n'est pas à la rigolade et que les maîtres du jour sont puissants et déterminés contre qui leur chercherait noise ou n'obéirait pas assez vite,

le tout en ne mettant pas clairement en cause le sommet de la pyramide.

En revanche, les SS ont le sens de la hiérarchie et ne ridiculiseraient pas leur valet en faisant exécuter un coup pareil par des miliciens subalternes sans du tout informer leur chef.

Donc Darnand est plus que probablement au courant de la finalité "finale" du voyage de Mandel -ce qui ne veut pas dire qu'on a arrêté avec lui le scénario précis (le temps aurait d'ailleurs manqué pour cela). En revanche, et contrairement à ce qu'affirment plus ou moins nettement presque tous les manuels, on le voit mal exiger des Boches un otage d'Allemagne pour venger son copain Henriot. C'est pas comme ça que ça se passe. Darnand a la tête dans le guidon, il est là pour traquer les résistants tout en empêchant Vichy et ses préfets de préparer le terrain aux Américains, Henriot tombe, merde, grosse perte, point final, ou plutôt beau prétexte pour redoubler de violence sur place, pas besoin d'une cible d'importation.

Il y a une certaine vraisemblance, au contraire, à ce que Knipping, le second de Darnand en zone nord, essaye de maintenir Mandel au frigo à la Santé et ne soit pas pressé de le voir prendre en charge par la Milice. Ils ont aussi leur dignité, ces braves gens, ils se veulent de bons Français et des Européens courageux, en lutte contre une marée de l'est et de l'ouest, et pas des assassins de gens désarmés et impuissants, eussent-ils prononcé leur nom avec dégoût depuis des années. D'autant plus si on retient l'hypothèse qu'il y a dans le paysage le lourd précédent de Jean Zay.

Car la Milice a, en fait, deux Führer. Darnand fait sa cuisine "française" à sa façon mais si, localement, il y a une action conjointe avec les Allemands, on ne lui téléphone pas à tout bout de champ, on obéit aux Boches et surtout aux SS.

Donc il est très possible que l'histoire du "transfert" ait été un leurre à l'usage non seulement de Mandel (sans effet aucun) et du directeur de la Santé (bien content d'être dédouané), mais, aussi, de Darnand et même peut-être de Knipping. L'officier allemand Schmidt, apparemment chargé par Oberg et Knochen de faire tuer Mandel au plus vite par la Milice, regarde partir le convoi sur le trottoir de la Santé aux côtés de Knipping : est-il concevable qu'il ait donné ses propres ordres à celui qui va simuler la panne et ouvrir le feu, Mansuy, en l'absence et à l'insu du Français ? Sans doute et même je dirai que c'est vraisemblable.

Ici il y a un élément documentaire sérieux, les propos de Mansuy juste après le meurtre : "- Des deux côtés, ils sont d'accord. Ce n'est pas toi qui commandes." Darnand et Knipping avaient pu accepter la mission en gros, et en se croyant maîtres du jeu, soit pour faire du nouveau venu une monnaie d'échange dans quelque épreuve de force avec Laval, soit au moins pour donner à l'assassinat quelque apparat judiciaire, quelque solennité qui montre le lien avec Henriot. Pas ça qui intéresse les nazis ! C'est la mort rapide et sans phrase avec menace de "livraison" dans la foulée de Blum et de Reynaud.

Mais évidemment ils n'ont rien contre le fait que la Milice sauve au maximum les apparences en laissant entendre (à côté de la fable cousue de fil blanc d'une attaque de la Résistance) qu'elle a patriotiquement vengé Henriot...

*** / ***

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