Après le débarquement du 15 août en Provence des forces américaines et françaises, Hitler donne l’ordre le 16 août d’évacuer le Sud-Ouest de la France pour se porter sur la rive droite de la Loire. Et c’est le 19 août seulement que le général Sachs répercute l’ordre N°1 « Herbstzeilose » ( « Colchique d’automne » ) :
- le groupement de tête « Von der Kammer » qui comprend 2 divisions, de la marine, le personnel féminins, la Luftwaffe, le service de santé et les hôpitaux soit 41 000 hommes, aura le temps de passer avant que fassent leur jonction l’Armée De Lattre et la Division Leclerc et malgré le harcèlement des résistants et le pilonnage des chasseurs-bombardiers.
-Le groupement centre « Wurmser » : 2 divisions, la kommandantur de Niort, de la marine, les douaniers soit 27 000 hommes, aura des retardataires qui traîneront en route. Le groupement « Taglishbeck » comprenant 6000 indiens de l’armée anglaise « retournés », incorporés aux SS, coiffés de turbans, habillés de façon hétéroclite, ( on en voit en culotte courte ) se livreront à des viols dans le Berry et tirant sur tout ce qui bougent.
Le groupement sud du général Elster (chef de la kommandantur de Mont de Marsan) soit 19 000 hommes, le dernier à partir, se retrouve bloquer dans le Berry. L’état-major allemand se trouve près d’Issoudin entre Châteauroux ( Indre) et Bourges (Cher).
Le Berry est la dernière province à ne pas être libérée pour les 4/5 Ouest de la France.
Encerclé par les maquisards du Berry, par les commandos SAS et pilonnés par les chasseurs-Bombardiers, la colonne Elster engage des pourparlers avec le sous-préfet d’Issoudun, monsieur De Monneron lui-même résistant et les chefs de la Résistance à Arçay.
Elster veut rendre les armes aux troupes américaines non par fierté mais parce qu’il n’a pas la conscience tranquille avec toutes les exactions commises dans le Berry et ailleurs. Certaines unités agissent comme des électrons libres et désobéiront au général qui avait demandé de ne pas prendre d’otages.
Le général Elster faisait l’amalgame des « Maquis Rouge » alors même que les FTP sont très minoritaires chez les maquisards du Berry. Ils étaient soit de L’AS (Armée secrète de Fresnay, avant 1942), soit de l’ORA (organisation de résistance de l’Armée apparue à la dissolution de l’Armée d’Armistice après 1942- Général Revers, Ély, Cogny). Ces derniers avaient reconstitué les unités dissoutes : 8ème Cuirassier (Villedieu), 14ème RCP (Chateauroux), 1er Reg. d’Infanterie (Saint-Amand ) et avaient ressorti leur uniforme. La « Brigade Charles Martel » constituait une armée régulière à opposer à la colonne Elster.
Les troupes américaines ne franchiront pas la Loire sauf quelques pelotons sur jeep pour prendre contact avec la résistance et recevoir les Allemands. C’est pourquoi la Wermacht encadré par les résistants, par les parachutistes du Colonel Bourgoin et finalement les Américains se dirigera sur la Loire vers Beaugency, Orléans et Mer ( L et C) pour déposer les armes... aux Américains.
-Michel Jouanneau. La capitulation de la colonne Elster. 1984
-Michel Jouanneau. L’organisation de la résistance dans l’Indre.
-Maurice Nicault.. Résistance et Libération de l’Indre.( Royer )
-Mme Guéguen-Dreyfus. Résistance Indre et vallée du Cher.( Éditions sociales)
PS. Le lendemain du pilonnage par les chasseurs-bombardier qui durera plusieurs heures, de la route de Châtellerault à Châteauroux, je me suis rendu à l’endroit où j’avais assisté dans le ciel au ballet des avions (j’avais 13 ans). Elle était vide d’Allemands. Des dizaines de camions éventrés perdant des tonnes de munitions, certain ayant flambés, s’étiraient jusqu’à l’entrée de Châteauroux. Nous marchions sur les balles de fusil, de mitrailleuses, les obus de 20 mm. Le long de la route des tombes très sommaires : des petits monticules et au-dessus des piquets où étaient suspendus les casques allemands.. |