Bonsoir,
Ce n'est pas l'âme légère que de Gaulle en est arrivé à considérer l'indépendance de l'Algérie comme inéluctable à plus ou moins court terme. Ses biographes le disent, sur la question algérienne, il a aussi pas mal tâtonné, espérant aboutir à une association authentique entre la France et l'ancienne colonie, avant de constater qu'il était trop tard et que la rupture était trop profonde entre les communautés. Certains de ses adversaires prétendent qu'il avait déjà choisi la voie vers l'indépendance en revenant au pouvoir en 1958; rien n'est moins sûr car, si en 1944 à Brazzaville il dit la nécessité de reconsidérer les rapports entre la France et les peuples de l'empire, il parlait alors d'union, d'associés et de respect mais pas d'indépendance(s) nationale(s). Jacques l'a redit, la majorité des Français d'Algérie n'avait pas voulu comprendre que la fin de la Seconde guerre mondiale marquait aussi la fin du bon vieux temps des colonies. Alors, pour un Massu, ardent gaulliste mais issu de la coloniale et marqué par une époque où un chef de poste était à la fois soldat, flic, juge, facteur, toubib et instit', la perte d'un morceau d'un territoire qu'il considérait comme partie intégrante du pays fut un déchirement et sa seule grande divergence avec de Gaulle.
Mais, la mort dans l'âme, le vieux grognard du Tchad a obéi au vieux chef et a envoyé promener les officiers factieux qui cherchaient à le rallier au putsch.
Cordialement,
René Claude |