Lucie Aubrac a fini par mourir à son poste. Elle avait en effet entrepris son ultime voyage ferroviaire, toujours seule malgré sa quasi-cécité, vers Mont-de-Marsan en octobre 2006 puis s’était couchée satisfaite sur un lit d’hôpital qu’elle ne devait plus quitter, en disant qu’elle avait abusé de ses forces mais qu’elle ne le regrettait pas. Le 16 octobre avait lieu en effet l’inauguration d’un monument à la mémoire des enfants juifs raflés dans les Landes et assassinés à Auschwitz. Une stèle portant les noms de ces enfants était dévoilée au Parc Jean Rameau de Mont de Marsan, à côté de celle commémorant les victimes du génocide. Les recherches avaient été menées par deux professeurs et leurs classes du Lycée Victor Duruy de Mont de Marsan, que Lucie avait visités plusieurs fois. Jusqu’au bout de ses forces, la résistante stimulait l’enseignante à moins que ce ne fût l’inverse.
Les sots, les lâches et les jaloux souriront à jamais d’une telle persévérance. C’est pour eux aussi que, pas sectaire, elle continuait. |