Drôle de Noël 1943 - 1940 - 1941 - 1942 -1943 -1944 -1945 - forum "Livres de guerre"
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1940 - 1941 - 1942 -1943 -1944 -1945 / Pierre Stephany

 

Drôle de Noël 1943 de Francis Deleu le samedi 23 décembre 2006 à 20h59

Le Noël 1943 raconté par Pierre Stephany

*** Bienheureux, déjà, étions-nous d'avoir en guise de cadeau de Noël une ration de pain portée à 300 grammes par jour et agrémentée d'une largesse supplémentaire sous la forme de 250 grammes de gruau d'avoine par personne et par mois. Cela consolait du cigare à 40 francs pièce et des spéculoos à 375 francs le kilo.

Il était utile d'avoir, en plus de l'argent, des relations. Moyennant la complicité d'un bureau d'achat allemand, des res­taurateurs pouvaient s'approvisionner, pour les dîners de réveillon, en huîtres débarquées toutes fraîches de Bretagne et en dindes importées de Hongrie. Ce sont des choses qu'il valait mieux ne pas dire au pauvre bougre en train de faire la file pour une botte de carottes.

Pour économiser le charbon, l'occupant prit une ordonnan­ce décrétant la suspension du travail et la fermeture des entre­prises (sauf les cokeries, les laiteries, les boulangeries, les banques, les transports, etc.) pendant la période du 24 décembre au 5 janvier. Le couvre-feu, pour les réveillons, fut reporté de 23 heures 30 à 1 heure 30.

Dans les cabarets, pour les fêtes, on annonçait Lucienne Delyle, Lys Gauty, Tohama, Vony May, Maurice Teynac, la danseuse Tamara, l'orchestre de Jean Omer. Les cinémas jouaient Le val d'enfer, avec Ginette Leclerc, La famille Duraton, avec Jean Tissier, Chèque au porteur avec Lucien Baroux, La romance de Paris, avec Charles Trenet, Le roi des galéjeurs, avec Alibert, et aussi, avec André Brûlé, L'étrange nuit de Noël.

Drôle de Noël, en effet !

(...) Dans les vitrines, qu'une couche de peinture blanche rédui­sait réglementairement à la dimension d'une lucarne, on voyait quelques marchandises postiches et, à défaut des produits eux­-mêmes, une ardoise indiquant le jour où tel timbre serait hono­ré.

(...) Dans les rues, circulaient, comme de coutume, les patrouilles en feldgrau, avec leurs manteaux trop longs, le bas du pantalon replié dans les bottes cloutées, le casque sur le nez et, sous le sac plat, la boîte du masque à gaz leur battant les fesses. Noël ou pas, ils aboyaient sous les fenêtres mal occul­tées.
On s'efforçait de ne pas prêter attention à la présence alle­mande. Mais comment ne pas voir les uniformes prédateurs que l'on croisait à longueur de journée sur les trottoirs, les verts déteints, les bleus marine, les souris grises, les infirmières dont le calot rappelait celui des nurses anglaises du début du siècle, les gretchen aux nattes pâles, aux joues rebondies et au sourire de génisse, que l'on s'interdisait de trouver appétissantes ­quoique parfois, quand on avait 18 ans...

Le général von Falkenhausen passa pour la quatrième fois les fêtes à Seneffe. "Elles furent des plus tristes, en raison de tous les événements qui venaient de se produire et de la situa­tion en général." Je ne pus m'empêcher de le dire dans une courte allocution que je fis sous l'arbre de Noël, après que les beaux chants se furent tus: jamais une année plus sombre ni plus pénible ne s'était ouverte devant nous."

La nuit du 24 au 25, des résistants abattirent le bourgmestre rexiste de Renaix. A l'Est du pays, on entendit passer les avions et les bombes tomber, au loin, sur Aix-la-Chapelle ; une fusée égarée mit le feu à une ferme, près de Herve, et les habitants du village passèrent la nuit la plus jolie de l'année à faire la chaîne avec des seaux d'eau. (...)

J .L. Libert, Liégeois et avocat, passa la nuit de Noël, avec ses camarades, dans un stalag de Poméranie, tous bouclés dans leur baraquement. Ils avaient composé un menu de fête calli­graphié sur des cartons: Velouté de tomates, croquettes de sau­mon, pommes rissolées, poireaux en asperges, corned beef, pain beurré, moka, bière, café, liqueurs, cigarettes. Ils chantè­rent O Tannenbaum et Nous irons pendre notre linge sur la ligne Siegfried. Chacun, au dos de son carton, écrivit la pensée de son choix. Libert nota ceci: "Un peuple est civilisé lorsque chez lui les conventions l'emportent sur la force". Tous croyaient qu'ils fêtaient Noël en captivité pour la dernière fois. (...)

L'impatience, cependant, nous gagnait. "Il vient le temps où la Noël sera la Noël de la victoire, s'écriait un chroniqueur lyrique. Pensez aux carillons des cloches, à la chanson des lèvres, à la prière des âmes. Ce jour-là apportera à tous consola­tion et récompense. Et ce sera un chant immense qui s'élèvera de la Terre pacifiée vers les étoiles retrouvées." Sans doute, mais, une fois de plus, on savait à présent que ce serait pour une autre année ! ***

Bien cordialement,
Francis.

*** / ***

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