Une critique Jean Planchais - Des hommes libres - forum "Livres de guerre"
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Des hommes libres / Daniet Rondeau et Roger Stéphane

 

Une critique Jean Planchais de Laurent Laloup le mercredi 25 octobre 2006 à 13h22

Bonjour,

Une critique du livre, par Jean Planchais :
(LE MONDE du 25 Avril 1997)


Soixante-douze irréductibles

Alger 1943. Le Comité national français. Siègent face à face Giraud et de Gaulle. Le général Georges, ex-numéro deux de l'armée française de 1939- 1940, joue les troisièmes consuls. Giraud propose de décorer de la Légion d'honneur, après le général américain Eisenhower, le général anglais Anderson. Diethelm, commissaire à la guerre, hésite : « Il y a la formule, n'est-ce pas : « Au nom du président de la République », alors... Georges, maladroit : En effet, à Vichy, après l'armistice, j'ai remis la Légion d'honneur à des officiers généraux et j'ai commencé la formule : Au nom... , en tirant mon épée... De Gaulle l'interrompt : Et puis vous avez remis votre épée au fourreau... »
L'anecdote est significative de la personnalité écrasante et des boutades féroces de l'homme de Londres. Elle l'est aussi du ton d'un ouvrage où le témoignage verbal, loin de la raideur de beaucoup de Mémoires, ressuscite les atmosphères et ne gomme ni la rudesse des oppositions ni celle des échecs.
Roger Stéphane, disparu volontairement en décembre 1994, avait entrepris de recueillir, quand il en était encore temps, les souvenirs de soixante-douze des hommes qui, parmi les premiers, rallièrent la France libre. Heureuse initiative. Beaucoup d'entre eux sont morts depuis, et leur voix eût manqué à l'histoire d'une époque et d'une aventure que l'on commence seulement, grâce notamment au livre récent de Jean-Louis Crémieux-Brilhac, à dégager des légendes, dorées ou non, qui lui sont accrochées depuis un demi-siècle.
Curieux conglomérat que les Français libres. « Il me plaît infiniment, écrit dans sa brillante introduction Daniel Rondeau, à qui Stéphane a légué leur entreprise commune, que les premiers citoyens de la petite République en exil de Seamore Grove soient un mécanicien, un directeur de bijouterie, un aristocrate désargenté et chasseur de fauves, deux journalistes dont un agitateur anticlérical du Front populaire, une sténo-dactylo et un avocat gauchiste né dans une famille juive du Caire. » L'inventaire va plus loin encore, depuis le grave juriste René Cassin jusqu'au pilotin belge Brasseur, devenu Kermadec par hasard et qui finira vice-amiral, bien qu'on ne se soit aperçu qu'en 1947 qu'il n'était pas encore naturalisé. Une légère déception : les récits des jours qui précédèrent et suivirent immédiatement le 18 juin 1940 apportent peu d'éléments nouveaux. Tout a été dit et redit sur le prodigieux culot d'un général de brigade sans troupes et promu à titre temporaire, qui se disait la France.
Stéphane, Rondeau et leurs interlocuteurs n'en restent heureusement pas là. Des lieutenants devenus ambassadeurs, des sous-officiers devenus chefs d'entreprise, des capitaines devenus ministres ou même, comme Pierre Messmer, premier ministre , oublient la réserve due à l'âge, aux honneurs. A la nécessité aussi de faire, la paix retrouvée, bon visage aux hommes de Vichy reconvertis dans la Résistance.
FUREUR ET EXALTATION
Ils ne cachent pas ce que fut la campagne de Syrie qui opposa, dans des circonstances souvent dramatiques et parfois rocambolesques, des officiers et des soldats français qui, peu de mois auparavant, partageaient les mêmes mess et les mêmes casernes. Des jours d'amertume, de fureur, d'insultes, de traîtrises tels qu'ils les ont vus et tels que, dans le camp d'en face, on les voyait aussi.
Les Français libres vivaient dans l'exaltation, dans l'angoisse d'une victoire qui ne paraissait pas aussi certaine qu'avec le recul du temps on a tendance à la présumer aujourd'hui. Jeunes pour la plupart, ils vivaient aussi dans l'humour sauf peut-être l'amiral- carme Thierry d'Argenlieu qui stupéfia l'équipage de la frégate qui l'amenait en Normandie en éclatant de rire. Ils vivaient surtout avec la certitude rageuse de la justesse de leur cause. S'y ajoutait pour les militaires fidèles à Pétain, baptisés les « moustachis », un mépris de fer qui provoqua en Afrique du Nord de rudes frictions.
Point de révélations, certes, mais beaucoup de confirmations. Giraud apparaît moins à travers ce qu'en disent les gaullistes que par le portrait sévère que trace, de ce rêveur mal éveillé aux ennuyeuses réalités politiques, celui qui fut son chef de cabinet, le futur général Beaufre.
« Des hommes libres » ne se peignent pas toujours en vainqueurs. Leur premier échec, à Dakar, l'affaire de Mers el Kébir, furent de dures épreuves. Tel avoue qu'il a craint parfois de ne pas revoir la France et d'être obligé, la guerre perdue, d'aller vivre dans un Québec alors résolument pétainiste. Même franchise dans les récits de la sortie pagailleuse de Bir Hakeim assiégé, de l'assaut manqué de la falaise d'El Alamein où périt, à la tête de ses légionnaires, le colonel-prince géorgien Amilakvari qui avait lui-même annoncé et dénoncé cette « connerie ».
Ces témoignages sans fard humanisent la grande symphonie gaullienne des Mémoires de guerre. Ils rappellent le temps où esprits aventureux, patriotes farouches, farfelus devenus héros, désobéissants et fiers de l'être, reconstruisirent leur France, comme le dit un jour de Gaulle, « avec des bouts d'allumettes ».


JEAN PLANCHAIS



Laurent

http://www.alapage.com

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