C'est par leur grand talent que ces gens ont été PLUS coupable. Un orateur comme Philippe Henriot a fait plus de mal que n'importe quel postillonneur véhément.
Brasillach, Clouzot, Guitry, ont eu certainement la circonstance aggravante de leur talent. Cette répression, somme toute modérée pour la plupart, a été aussi un hommage indirect à leur qualité.
Dans le cas de Brasillach, si la justice est allée jusqu'au bout, ce serait à cause d'une regrettable méprise. L'avocat de Brasillach étant venu pour le recours en grâce, de Gaulle avait examiné le dossier. Et était tombé sur une photo de groupe de plusieurs collabos, dont Doriot en uniforme allemand. Doriot et Brasillach se ressemblaient vaguement, même visage rond, mêmes grandes lunettes. De Gaulle a cru que c'était Brasillach qui avait porté l'uniforme allemand, et aurait refusé la grâce.
Ceci dit, et quel que soit son talent, Brasillach avait commis des appels au meurtre d'une grande abjection, dans ses écrits. Notamment un article qu'il concluait en explicitant sa pensée.
"Mort aux juifs! Mort M.O.R.T. Na!"
Il a été exaucé.
Pour ce qui est de Guitry, le dossier n'était pas si vide que ça. Outre sa participation au Tout Paris de la collaboration, on lui doit la parution d'un livre panégyrique "De Jeanne d'Arc à Philippe Pétain".
C'est vrai que la collaboration industrielle a été de toute autre gravité et de plus grande envergure, que ces prestations quasiment "horizontales". |