Des valeurs relatives ! Histoires d'un Belge ordinaire en Afrique ! - Le livre noir du colonialisme - forum "Livres de guerre"
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Le livre noir du colonialisme / Marc Ferro

 

Des valeurs relatives ! Histoires d'un Belge ordinaire en Afrique ! de Francis Deleu le mardi 02 mai 2006 à 21h25

*** Et que Platon, Socrate ... avait fait plus pour mon humanité que les constructeurs de buildings.

Mais peut être fait il attendre que le monde s'effondre sous sa boulimie énergétique pour rendre justice à ceux qui se contentaient de lianes.

Bref tout ça ce sont les valeurs très relatives de nos sociétés occidentales et de quel droit les déclarons nous supérieures
*** (Jacques)

Bonsoir à tou(te)s,

J'applaudis aux réflexions de Jacques ! Par ailleurs, force est de constater que les échanges de vues - où chacun non seulement reste campé sur ses positions mais ne cessent de les durcir - nous mènent tout droit à l'impasse.

Je n'ai pas participé à ce débat conscient de la difficulté que nous avons d'appréhender la colonisation avec nos valeurs occidentales. Plutôt que d'apporter ma pierre à un édifice qui s'écroule, j'opte pour la narration de deux ou trois anecdotes glanées dans mes souvenirs d'Afrique équatoriale où j'ai séjourné pendant plus de 5 ans au début des années 60. Tant mieux si mes petites histoires font sourire ! Et si elles suscitent un début de réflexion, ce serait mieux encore.

Décembre 1962 - Gabon.

Mes "occupations" m'appellent dans le nord du pays. Une seule route rejoint le nord et elle passe par Lambaréné. Une route ? A l'époque c'était une piste que seuls les audacieux osaient affronter. Et je suis audacieux comme chacun sait ou devrait le savoir ! Heu ! Pour être honnête, le seul avion disponible, un DC 3 (Dakota) était en panne. A la sortie de Libreville, deux jeunes filles, assises sur leurs valises semblent attendre un transport problématique. Quelle inconscience, pensais-je ! J'embarque les demoiselles, deux infirmières australiennes (ou canadiennes) qui ont décidé de se mettre au service du bon docteur Schweitzer à Lambaréné. Ouh la la ! pensais-je ! Que faire ? Les mettre en garde et les prévenir qu'elles vont au devant de l'horreur totale ! Je renonce pour ne pas briser l'élan de ces jeunes femmes qui ont quitté leur pays natal pour se consacrer corps et âme à soulager la misère du monde. Le voyage est des plus pittoresques, ponctués de cris et de hurlements à chaque fois que la Land-Roover risque de basculer dans le ravin ou lors des passages de pistes inondées sur des centaines de mètres. (Croyant les dérider, je suis assez con pour lancer, "Attention aux crocodiles"). Et puis ! Ah ! L'équateur ! Un arrêt s'impose pour revigorer les demoiselles ! Au bord de la route, il y a la case du vieux Constantin qui attend les rares touristes pour la photo traditionnelle ! Coup de klaxon ! Je lance par la fenêtre :"Constantin, grouille-toi ! J'ai des clients pour toi !" Et Constantin de se précipiter pour s'affubler de ses oripeaux de redoutable guerrier avec sagaie, machette, etc... Mal m'en prit ! Les demoiselles terrorisées croyaient déjà leur fin venue sous la forme de rondelles à saucisson. Heureusement, Constantin est un brave homme et il eut tôt fait de les rassurer et de leur expliquer que c'était pour la photo "couleur locale". Après quelques rasades de vin de palme (le champagne, faut pas rêver) et une douce ivresse aidant, la suite du voyage se déroula sans encombre jusqu'à Lambaréné. J'y laissai mes infirmières avant de poursuivre ma route.
Au retour, trois ou quatre jours plus tard, j'étais résolu de m'enquérir du "moral" de mes infirmières. Un désastre ! Les pauvres, totalement effondrées, ne souhaitaient qu'une chose: rentrer dare-dare au pays natal.

Constantin ? Des jours durant Constantin guette l'imporbable touriste pour la photo à côté de la borne O° (équateur). Le dollar qu'on lui glissera dans la main c'est une fortune pour Constantin... assez pour nourrir sa famille pendant plusieurs jours.

L'hôpital du docteur Schweitzer à Lambaréné ? Une véritable honte ! L'hôpital est en fait un village de cases, sans hygiène où les mamas cuisent les repas sur des feux de bois en plein air, où le linge est lavé au bord du fleuve, où les détritus s'écoulent entre les cases..... Un village délabré, mouroir, lazaret ... le même que celui que l'on voit dans le film "Il est minuit docteur Schweitzer" (en 1914). Il faudrait raser ce village.... docteur Schweitzer ou pas !
C'est ce que je pensais à l'époque ! D'autant plus qu'en face, sur l'autre rive du fleuve Ogooué, se dressait, comme un défi, un hôpital moderne.

Beaucoup plus tard, j'ai compris pourquoi les malades, entourés de leur famille, préféraient se faire soigner au village-hôpital [*] du docteur Schweitzer plutôt qu'à hôpital d'en face.

Si ma petite histoire vous inspire, j'en ai d'autres comme une "expédition" au Cameroun à la recherche d'une introuvable coopérative agricole. Ou encore ! Deleu, chargé de lancer un projet-pilote d'une école normale axée sur l'audio-visuel - le problème c'est qu'il n'y avait pas d'électricité, pas de pétrole... rien... sauf mon matériel sophistiqué.

Bien cordialement,
Francis.

[*] Après le décès du docteur Schweitzer, en 1965, le village-hôpital fut reconstruit en dur. Les cases furent remplacées par de petits pavillons pouvant accueillir les familles.

*** / ***

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 bidouillé par Jacques Ghémard le 1 1 1970  Hébergé par PHP-Net PHP-Net  Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes