Une critique d'époque : - La France de Vichy - forum "Livres de guerre"
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La description du livre

La France de Vichy / Robert Paxton

 

Une critique d'époque : de Laurent Laloup le samedi 15 avril 2006 à 21h17

Bonsoir,

J’ai retrouvé cette critique, datée de août 1973 , paruedans le magazine à très grand tirage : HISTORIA. Elle est signée Chr. MELCHIOR-BONNET, Directeur et fondateur de la revue et…ancien rédacteur en chef du Petit Journal, organe du parti social français (P.S.F.) du colonel de La Rocque.
Un témoignage de l’historiographie de Vichy en France, au moment de la publication du livre de Paxton. Instructif.

« Décidément il est bien difficile pour un étranger de décrire certaines périodes de notre Histoire ! Etudiées de l’extérieur, sans cette connaissance instinctive qu’en a un autochtone, elles apparaissent souvent déformées. R. Raymond l’avait déjà montré dans « Le Monde » à propos d’un livre de Shirer sur notre IIIe République. Aujourd’hui, un jeune universitaire américain, Robert O. Paxton, professeur de l’Université de Columbia, nous le prouve une nouvelle fois. Il semble épouser les querelles du siècle, au lieu de s’en dégager. Sa démarche n’est-elle pas le contraire de celle de l’historien soumis non à des passions mais à des règles scientifiques ?
Sa thèse, énoncée avec une tranchante assurance, pourrait se réduire à cette conclusion implacable : la collaboration n’est nullement une exigence allemande mais une avance de Vichy que les nazis, trop heureux de l’aide bénévole qui leur est apportée, acceptent avec joie. Ce n’est pas Berlin, en effet, mais Vichy qui a quémandé systématiquement la collaboration ! Pétain est une sorte de maquignon, de père de famille soucieux de protéger ses enfants, qui marchande avec les nazis. Il cède sans cesse, offre des gages qu ‘on ne lui demande pas, des matières premières, de la main-d’œuvre, il renonce à la flotte, à l’Empire, à l’armée d’Afrique. . Les épreuves purifieront la France pourrie d’avant-guerre et rétabliront avec la Révolution nationale un retour à l’ordre moral. La thèse du double jeu de Vichy est aussi une invention d’après la Libération et le flot des plaidoyers pro domo des ministres de vichy n’a pas de valeur. Vichy est un bloc dont tous les rouages jouent pour les nazis !
La preuve ? elle se trouve dans les archives militaires et diplomatiques allemandes. Certes, celles-ci sont trop souvent ignorées, mais un recours unilatéral et crédule à cas sources partiales montre une surprenante absence d’esprit critique (on se souvient ainsi du livre où Friedlander avait, l’après des sources allemandes, accusé Pie XII de n’avoir pas protesté contre l’extermination des juifs alors que de savants travaux ont montré, ces dernières années, exactement le contraire).
Pas un instant M. Paxton ne doute de la valeur des propos tenus aux Allemands par les gens de Vichy, tels que les rapportaient les Allemands, trop heureux de plaire à Berlin ! Comment peut-il croire qu’il y avait un échange normal et sincère de correspondance entre Vichy et l’occupant ! Les partenaires n’étaient pas égaux. L’auteur semble incapable d’interpréter sans passion un contexte historique et d’imaginer que l’Histoire ne se fait pas avec les seuls sources écrites. En outre, pour M. Paxton, avec Vichy, naissait la technocratie française qui a pu se perpétrer jusque sous la Ve République.
Cette thèse sans nuance appellerait des colonnes de discussions. Les dossiers réunis dans les numéros des 22 mars, 12 avril et 17 mai du « Monde » apportent de nombreuses rectifications dans le domaine des faits, par exemple sur les télégrammes de novembre 1942 à l’amiral Darlan (dont M. Paxton nie l’existence), sur le rapport de Schmidt sur Montoire revu par Ribbentrop et non approuvé par Pétain, etc. On pourrait citer d’autres erreurs sur Chiappe, sur les « ligueurs » (les pages sur le Rocque comportent d’incroyables erreurs que les thèses en cours de plusieurs universitaires souligneront),etc.
M. Paxton aurait dû mieux lire certains Mémoires des témoins ou des travaux comme le colloque de la Fondation des Sciences Politiques, le « Gouvernement de Vichy » (A. Colin). On peut tenir, si on veut, pour suspectes les plaidoiries des hommes de Vichy, mais elles aident à comprendre le jeu de ceux qui ne se jetaient pas dans les bras des nazis, finasser, céder le minimum pour obtenir quelque chose. Assez de textes de Hitler et des hauts dignitaires nazis montrent leur méfiance à l’égard des Français. Il ne s’agit pas, en contestant M. Paxton, de louer ou de blâmer le régime de Vichy, mais de juger une méthode historique.
Bref, on ne peut que regretter de voir ce travail se présenter comme celui d’un historien. Plaignions les étudiants américains qui prendront une idée de la France, leur alliée, dans un tel cours. Plaignons aussi les Français de se découvrir si viles et si lâches… Du haut de sa chaire professorale, M. Paxton paraît ignorer les misères morales et physiques des Français broyés dans une monstrueuse machine de guerre, les millions de prisonniers, les quarante-huit départements occupés, l’effort pour essayer de survivre avant que les effets de la résistance aient pu leur rendre leur fierté »


Cordialement
Laurent

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