Oui, certes. Et on ne dit plus patron mais entrepreneur, ni "rayage de parquet à grands coups de canines" mais "aspiration à un légitime épanouissement personnel au sein de l'entreprise", se faire virer mais "subir les effets d'une nécessaire restructuration de l'entreprise destinée à améliorer sa compétitivité dans le cadre d'un marché mondialisé". De même, on ne "rame" plus "pour gagner sa croûte" mais on "bénéficie de mesures d'accompagnement individualisées afin d'obtenir un premier passeport pour l'emploi" (Là je sens que je vais me faire disputer ! :) )
Comme toute tendance manifestement excessive, le politiquement correct peut sans doute être assimilé à une maladie sociétale. On peut toutefois je pense clairement distinguer ce qui relève du discours ou de l'écrit public de ce que tout un chacun pratique dans sa sphère privée. Et là, le glissement sémantique est certainement beaucoup moins perceptible ! (surtout si un 30 tonnes en provenance directe de Lisbonne ou de Bratislava klaxonne à qui mieux-mieux à six heures du matin, que j'aie oublié de préparer mon café à l'avance et que les trois derniers orteils de mon pied gauche s'apprêtent sans la moindre arrière-pensée à s'écraser contre le coin de la porte de la cuisine...)
Il n'en reste pas moins que, bien que détestant par essence le repli communautariste, je ne peux que constater que l'indispensable juxtaposition des contraires reste consubstantielle à la pratique sereine de la Démocratie; et par-là ne saurais se passer d'un certain degré de retenue circonlocutive en fonction du public visé (dont ma dernière phrase est vraisemblablement un écoeurant exemple ;-) )
Tout est question de proportions et de bons sens. C'est vrai qu'il y manifestement du boulot !
A ce sujet, je note le Forum LdG et ses excellents "webslaves" (encore du poliquement incorrect) constituent un très agréable et stimulant "entre-deux". La preuve, on peut échanger totalement hors du sujet sans que personne ne vienne nous rappeler à l'ordre ;-) |