En revanche, dans le camp allié, le sabordage a été présenté comme une héroïque reprise de combat de la flotte. Churchill en a parlé en termes trés élogieux, la presse américaine aussi.
Effectivement, dans un premier temps le sabordage apparaissait aux yeux des Alliés comme étant un héroïque sacrifice.
Voici ce que raconte dans ses souvenirs l’amiral François Flohic, Français Libre de la première heure :
"Le 28 au petit matin, la nouvelle brutale nous est officiellement communiquée : la Flotte s’est sabordée aux premières heures du 27.
A bord des bâtiments de la premières division des corvettes la stupeur attristée est tempérée par la nouvelle qu’il y aurait eu tentative de sortie et combat. En l’honneur des morts que l’on dit nombreux, le chef d’escorte, le commander Tait, ordonne la mise en berne des pavillons de 10h à 10h30. Une cérémonie est organisée à bord. Elle est gravée dans mon souvenir.
Dans la matinée lugubre, sur le pont arrière balayé par les paquets de mer entrant par les sabords, les hommes, dans un garde-à-vous qu’ils s’efforcent de raidir en dépit du fort roulis, communient par la pensée avec leurs camarades de Toulon.
Lorsque nous apprîmes qu’il n’y avait pas eu de combat, notre rage impuissante éclata. Seuls cinq sous-marins, les plus délicats des bâtiments car quelques trous dans la coque les empêchent de plonger, avaient réussi à sortir du port en contravention des ordres de sabordage. (...)
La flotte française avait cessé d’exister. Quelle fin lamentable pour la Marine qui se proclamait invaincue : à ce jour elle n’avait tiré que sur les Anglo-américains qui combattaient les envahisseurs de la patrie.
Sur Toulon flottait la fumée noire des incendies visibles des lieues à la ronde. Le goût amer de cendres imprégnait la bouche de sa population et de ses marins qui savaient bien avoir organisé de leurs propres mains le plus grand désastre naval de notre histoire." pages 160-161
Cordialement
Igor |