Bonsoir René, bonsoir à tou(te)s,
A propos des engagements "volontaires", on peut se demander si les officiers français et leurs relais algériens ont poussé dans les harkis ceux des jeunes gens qui étaient susceptibles de devenir de bons éléments FLN (militants des villes et combattants des maquis
Il est difficile sinon impossible de répondre avec précision à cette question.
Notons d'abord les incorporations dans l'armée régulière ! Selon Pierre Montagnon, - La Guerre d'Algérie, Editions Pygmalion (1984)- 70 % des membres musulmans d'une classe d'âge étaient exemptés, pour des raisons diverses. En 1957, 14.000 appelés algériens furent appelés sous les drapeaux, 16.500 en 1958. Les insoumis furent relativement moins nombreux : environ 5 %.
Par ailleurs, l'armée s'était entourée de multiples supplétifs comme les harkis ou les groupes d'autodéfense aux motivations diverses: soit qu'ils étaient attachés à la France, soit attirés par la solde confortable, soit séduits par la personnalité d'un officier recruteur. Enfin, on ne peut nier que certains jeunes musulmans aient été "engagés" d'autorité sous la menace voilée de mesures de rétorsion à l'égard de leurs familles.
De son côté, le FLN agissait de la même manière. Les jeunes musulmans en âge de porter les armes s'engageaient dans le maquis pour épargner à leurs proches les terribles représailles du FLN.
Imaginons le dilemme de ces jeunes Algériens ! Une sale guerre, décidément !
Quelques chiffres encore ! Jacques Duquesne, Pour comprendre la guerre d'Algérie, retient le chiffre de 200.000 supplétifs si on prend en compte toutes les années de guerre et si on y inclut tous les villageois formant des groupes d'autodéfense, ou associés sous diverses formes aux troupes françaises. En fait, il n'y eut jamais, en même temps, 200.000 harkis ou moghasnis recensés comme tel par l'armée. En 1958, on en comptait officiellement 57.000 (24.000 harkis, 25.000 moghaznis et autres supplétifs, 8.000 membres des groupes d'autodéfense) auxquels il faut ajouter 31.000 soldats musulmans servant dans l'armée. En mai 1960, au plus fort de la guerre, les supplétifs, toutes catégories confondues, atteignaient le chiffre de 140.000 hommes.
Bien cordialement,
Francis. |