(l'auteur cite un "grognard", Eric Ollivier, fin styliste qui sévit heureusement toujours) :
Au début des années cinquante, les éditions Gallimard retrouvent leur splendeur de jadis. Aux cocktails du jeudi, on rencontre des fascistes proscrits par le Comité National des écrivains et des communistes élégants. Roger Nimier dut jouer des coudes pour s'y imposer. "Il faut dire que sa carrure aurait suffi à inspirer le goût de la neutralité à la plupart des invités. Puis, bien délivré de sa provision de nasardes et de brocards, le jeune homme repartait jusqu'au bar du trottoir d'en face, et là, avec les nouveaux amis qu'il s'était fait, commençait d'ingurgiter une série de side-cars* qui vous laissaient au matin un goût de moto dans la tête."(...)
Ambitieux, Nimier déploie, à ses débuts, une stratégie de conquête du milieu littéraire. (...) il collabore à la revue La Table ronde". Créée en janvier 1948, dirigée par François Mauriac, elle n'affiche aucun slogan politique. Elle se révèle farouchement antiexistentialiste, voire antilibérale. Des signatures prestigieuses s'y retrouvent : Chardonne, Camus, Jouhandeau, Montherlant, Morand... Parmi les jeunes, des noms émergent : Michel Déon, Jacques Laurent, Roger Nimier. Conscient que l'épuration a coupé le général de Gaulle de l'intelligentsia de droite, Mauriac voit dans "La Table ronde" un moyen de contrer la puissance sartrienne et le progressisime.
Plutôt bien vu... et bien tourné !
C'est l'un des premiers textes publiés de Olivier Frébour, Roger Nimier, trafiquant d'insolence, coll. Les Infréquentables, éd. du Rocher.
(Cette collection défunte une bonne sélection des courtes bios subjectives.)
A+
RC
* Le "side-car" était un cocktail. Est-ce que l'un(e) d'entre vous connait ses ingrédients ? Merci !
*** / ***
lue 1241 fois et validée par LDG |
| | |
 |
| Pour contacter les modérateurs : cliquez !
contribution.php bidouillé par Jacques Ghémard le 8 9 2010 Hébergé par PHP-Net Temps entre début et fin du script : 0.01 s  5 requêtes |