Historiens, philosophes, humoristes, où sont les poètes ? - Le livre noir du colonialisme - forum "Livres de guerre"
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Le livre noir du colonialisme / Marc Ferro

En réponse à -5 -4 -3 -2
-1Certes de Thiriel

Historiens, philosophes, humoristes, où sont les poètes ? de Laurent Laloup le jeudi 22 décembre 2005 à 13h59

Bonjour,

Y-a-t-il une place pour les poètes de nos jours ? En tous cas, leurs paroles ne portent plus . Et pourtant :

Prière de paix (extrait de Hosties Noires)

Seigneur Dieu, pardonne à l'Europe blanche !
Et il est vrai, Seigneur, que pendant quatre siècles de lumières elle a jeté la bave et les abois de ses molosses sur mes terres
Et les chrétiens, abjurant Ta lumière et la mansuétude de Ton cœur
Ont éclairé leurs bivouac avec mes parchemins, torturé mes talbés, déporté mes docteurs et mes maîtres-de-science.
Leur poudre a croulé dans l'éclair la fierté des tatas et des collines
Et leurs boulets ont traversé les reins d'empires vastes comme le jour clair, de la Corne de l'Occident jusqu'à l'Horizon oriental
Et comme des terrains de chasse, ils ont incendiés les bois intangibles, tirant Ancêtres et génies par leur barbe paisible.
Et ils ont fait de leur mystère la distraction dominicale de bourgeois somnambules.
Seigneur, pardonne à ceux qui ont fait des Askia des maquisards, de mes princes des adjudants
De mes domestiques de boys et de mes paysans des salariés, de mon peuple un peuple de prolétaires.
Car il faut bien que Tu pardonnes à ceux qui ont donné la chasse à mes enfants comme à des éléphants sauvages.
Et ils les ont dressés à coup de chicotte, et ils ont fait d'eux les mains noires de ceux dont les mains étaient blanches.
Car il faut bien que tu oublies ceux qui ont exporté dix millions de mes fils dans les maladreries de leurs navires
Qui en ont supprimé deux cent millions.
Et ils m'ont fait une vieillesse solitaire parmi la forêt de mes nuits et la savane de mes jours.
Seigneur la glace de mes yeux s'embue
Et voilà que le serpent de la haine lève la tête dans mon cœur, ce serpent que j'avais cru mort…
Tue-le Seigneur, car il me faut poursuivre mon chemin, et je veux prier singulièrement pour la France.
(---)
Car j'ai une grande faiblesse pour la France.
Bénis ce peuple garrotté qui par deux fois sut libérer ses mains et osa proclamer l'avènement des pauvres à la royauté
Qui fit des esclaves du jour des hommes libres égaux fraternels
Bénis ce peuple qui m'a apporté Ta Bonne Nouvelle, Seigneur, et ouvert mes paupières lourdes à la lumière de la foi.
Il a ouvert mon cœur à la connaissance du monde, me montrant l'arc-en-ciel des visages neufs de mes frères
Je vous salue mes frères : toi Mohamed Ben Abdallah, toi Razafymahatratra, et puis toi là-bas Pham-Manh-Tuong, vous mes mers pacifiques et vous mes forêts enchantées…
(---)
O bénis ce peuple qui rompt ses liens, bénis ce peuple aux abois qui fait front à la meute boulimique des puissants et des tortionnaires.
Et avec lui tous les peuples d'Europe, tous les peuples d'Asie, tous les peuples d'Afrique et tous les peuples d'Amérique
Qui suent sang et souffrances. Et au milieu de ces millions de vagues, vois les têtes houleuses de mon peuple.
Et donne à leurs mains chaudes qu'elles enlacent la terre d'une ceinture de mains fraternelle
Dessous l'arc-en-ciel de ta Paix.


Léopold Sédar Senghor
Paris, Seuil, 1964.

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